Une nouvelle mission d’appui logistique/achats est à pourvoir en faveur de Oshun Sénégal. Celle-ci sera d’une durée de 10 jours, à partir de juin 2021, d’abord à distance depuis la France puis sur le terrain au Sénégal si les conditions sanitaires le permettent.
Banquiers Solidaires est un programme de mécénat de compétences lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A., ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole. L’objectif est double : d’une part, accompagner avec de l’assistance technique les institutions de microfinance et les entreprises à impact social financées par la Fondation, et d’autre part, mettre à disposition les compétences des collaborateurs du Groupe désireux de s’investir dans de projets à fort impact social. Les missions peuvent se dérouler pendant le temps de travail du Banquier Solidaire (parrainage par l’employeur du Banquier Solidaire) ET/OU pendant les vacances (volontariat).
Créé en mars 2018, Oshun est une entreprise sociale qui propose des solutions inclusives, notamment sous forme de kiosques à eau fonctionnant à l’énergie solaire, permettant aux populations les plus sensibles un accès à l’eau saine tout en favorisant la mise en place d’un écosystème local communautaire et vertueux. Oshun Sénégal achève un processus de structuration administratif et RH et souhaite renforcer ses fonctions supports, en premier lieu le suivi de la logistique et des achats.
L’expert du Crédit Agricole sélectionné soutiendra Oshun à partir de juin 2021 dans la mise en place des procédures visant à simplifier et sécuriser la logistique, la gestion des achats et de l’approvisionnement, et renforcer les collaborateurs concernés. Le Banquier Solidaire doit avoir une solide expérience en logistique et gestion des achats et, idéalement, une expérience de formation et coaching dans le domaine des achats.
_____________________________________________
Comment y postuler ?
Pour découvrir les offres détaillées des missions :
Par Jean-Marie Sander, Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole jusqu’en mars 2021 et
Raphaël Appert, Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis mars 2021 &
Vice-Président de Crédit Agricole SA et Fédération Nationale du Crédit Agricole
Il y a un peu plus de 30 ans, Michel Serres partageait avec nous la nécessité d’un « Contrat naturel » analogue au « Contrat social » qui appelait à une réconciliation entre l’homme, la nature et le vivant. L’année 2020 fut terrible pour les économies fragiles.
La bonne santé de la Fondation, qui s’est adaptée tout au long de l’année aux effets économiques de cette crise, n’est pas le miroir des drames qui se sont joués et qui se jouent encore dans les territoires de nos partenaires où les amortisseurs sociaux sont quasi inexistants. Face à la pandémie et à son impact sur la vie au quotidien, la solidarité familiale fut souvent le rare soulagement trouvé par les populations à très faibles revenus.
Bien que son origine anthropocentrique reste encore à démontrer, cette crise sanitaire nous invite à la prise de conscience de notre inclusion dans la nature, nous rappelle à notre humilité face à l’ordre naturel et nous confie le soin non seulement de développer l’humanité mais aussi de la maintenir.
Les effets économiques de la pandémie ont affecté le monde entier mais plus particulièrement les populations vulnérables : selon les chiffres de la Banque Mondiale, ils pourront rapidement entraîner 150 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. En ce qui nous concerne, nous éviterons de nous auto-satisfaire d’une capacité probable à retrouver un semblant de croissance économique, dont nous savons tous qu’elle n’atteindra pas rapidement et équitablement les populations les plus fragiles.
Dans cette reprise économique, la Fondation se mobilisera toute entière en 2021 car beaucoup d’efforts restent encore à faire pour essayer de modifier la machine à créer des inégalités face aux drames. Pour cela, nous devrons compter sur notre professionnalisme, notre détermination et sur les valeurs qui guident notre action au quotidien.
C’est avec cette ambition que nous avons créé la Fondation avec le Professeur Yunus en 2008. C’est toujours avec cette même ambition que nous continuerons à nous engager dans les mois qui viennent.
La Fondation Grameen Crédit Agricole publie son Rapport intégré 2020 qui retrace les moments forts et les chiffres clés de cette année marquée par la crise sanitaire et économique liée à la Covid-19. Grâce à un suivi rapproché et à une étroite collaboration avec ses partenaires et d’autres acteurs du secteur de la finance inclusive, la Fondation clôture l’année avec un bilan solide.
Au 31 décembre 2020, la Fondation gérait 81,2 millions d’euros d’encours en faveur de 75 institutions de microfinance et 12 entreprises sociales dans 39 pays. L’entrepreneuriat des femmes et le développement des économies rurales restent au cœur de l’action de la Fondation : 73% des 7,3 millions de bénéficiaires des institutions soutenues sont des femmes et 85% vivent en zones rurales.
Depuis le début de la crise, la Fondation a réalisé des enquêtes auprès des organisations soutenues pour comprendre l’impact de la crise et mieux répondre à leurs besoins[1]. La Fondation a également initié une coordination globale avec d’autres acteurs autour des principes clés pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients face à la crise. A ce jour, 30 bailleurs de fonds, investisseurs et plateformes ont signé de l’engagement de la Coalition.
Grace à ce dialogue permanent avec ses partenaires et ses paires, la Fondation a mis en place plusieurs mesures adaptées pour soutenir le secteur. Elle a ainsi accordé des reports d’échéance à 29 partenaires, principalement des institutions de microfinance pour un montant total de 9,4 millions d’euros. En 2020, la Fondation a aussi accompagné les organisations avec 93 missions d’assistance technique[2], sur des sujets prioritaires comme les plans de continuité mais aussi sur des thématiques comme la digitalisation, indispensable pour la reprise de leurs activités.
La Fondation a pu compter sur l’appui de ses bailleurs de fonds pour renforcer son action en 2020. Elle a obtenu des financements de Proparco, de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de Crédit Agricole CIB pour constituer une enveloppe Covid-19 et accompagner la reprise économique de ses partenaires.
En 2020, la Fondation a aussi travaillé aux côtés du groupe Crédit Agricole. Via un nouveau schéma de coopération avec Crédit Agricole Roumanie, de nouveaux financements octroyés via le FIR –Fonds en microfinance du Groupe– et le programme de volontariat de compétences Banquiers solidaires, la Fondation et le Crédit Agricole ont renforcé leurs actions pour l’inclusion financière des populations les plus fragiles. Une mission qui restera prioritaire dans cette année de reprise que constitue 2021.
Soukeyna Ndiaye Bâ est membre du Conseil d’administration de la Fondation depuis sa création. Engagée dans la promotion des femmes entrepreneures depuis plus de 20 ans, elle est également directrice exécutive d’INAFI (International Network of Alternative Financial Institutions), un réseau mondial d’organisations qui soutiennent des programmes de microfinance. Abdul Hai Khan est membre du Conseil d’administration et Directeur général de Grameen Trust. Il est également membre du Conseil d’administration de différentes organisations de microfinance et d’entreprises sociales en Australie, au Bangladesh, en Chine, en France, en Inde, au Kosovo, en Italie, aux États-Unis et au Yémen.
1/ Administrateurs de la Fondation, vous êtes aussi tous les deux des experts internationaux et des praticiens de la microfinance. Pouvez-vous partagez avec nous votre analyse de la crise et plus particulièrement sur les territoires que vous connaissez bien ?
Soukeyna Ndiaye Bâ : En Afrique, le bilan aujourd’hui est de près de 100 000 décès et plus de 3,7 millions de personnes infectées, chiffres qui ne révèlent pas la réalité dans le continent parce qu’il n’y a pas un dépistage massif faute de moyens. En raison des restrictions et des fermetures de frontières pour contenir la pandémie, le continent africain n’a pas échappé à la crise. Dans ce contexte, les petits entrepreneurs, les agriculteurs et les acteurs du secteur informel sont évidemment directement affectés. En première ligne : les femmes, en milieu rural comme en milieu urbain, qui sont très actives dans le secteur informel. Au Sénégal, par exemple, 94% des femmes entrepreneures opèrent dans le secteur informel. En milieu rural, en plus de la gravité de la situation économique, la précarité sanitaire et la difficulté d’accès aux soins déjà alarmantes risquent d’empirer.
Abdul Hai Khan : On estime actuellement le nombre de décès en Asie à environ 417 000, tandis que le nombre de cas d’infection s’élève à plus de 26 millions. Les écoles en Asie de l’Est et dans le Pacifique ont été complètement fermées pour plus de 25 millions d’enfants pendant presque une année entière. Le Covid-19 a freiné la croissance en Asie de l’Est et dans le Pacifique (AEP) en réduisant considérablement l’activité économique, notamment le tourisme et le commerce. Selon les prévisions, la croissance de la région AEP, hormis la Chine, devrait ralentir à 1,3% en 2020, contre 4,7% en 2019. Des millions de ménages ont été touchés par la perte d’emplois et de revenus (y compris les envois de fonds), alors qu’ils doivent encore couvrir leurs dépenses de première nécessité ou assurer le remboursement de leurs dettes. De ce fait, le pourcentage de personnes pauvres a augmenté.
2/ Comment la microfinance et l’entrepreneuriat social atténuent-ils les effets de la crise économique ?
A.H.K. : En facilitant l’accès aux services essentiels, les institutions de microfinance et les entreprises sociales renforcent la résilience des populations à faibles revenus, notamment les petits entrepreneurs travaillant dans les secteurs formels et informels et les petits exploitants agricoles. Elles sont donc essentielles pour protéger les populations les plus vulnérables, sévèrement touchées par les effets de la crise économique et sanitaire lors de la pandémie Covid-19. Pour faire face à cette pandémie, de nombreuses institutions de microfinance ont innové et renforcé leur soutien à leurs clients. Elles ont par exemple fait une restructuration des prêts pour mieux accompagner les clients les plus affectés et ont accéléré leur transformation numérique, en introduisant ou en améliorant les transactions sans espèces via les canaux bancaires mobiles et en créant des agences en ligne.
3/ À quoi peut-on s’attendre dans les années à venir ?
A.H.K. : L’ampleur des dégâts engendrés par la pandémie Covid-19 dans le monde est considérable. Cependant, elle nous o¯re une opportunité unique d’améliorer, voire de redéfinir, nos structures économiques en nous appuyant sur une conscience sociale et environnementale. Nous ne devrions pas parler d’un programme de “redressement”, mais d’un programme de “reconstruction”. Dans ce plan de reconstruction global, l’entrepreneuriat social peut jouer un rôle essentiel, car il peut être un levier pour transformer les personnes sans emploi en entrepreneurs. L’inclusion financière peut contribuer à ce que la reprise économique s’accompagne d’un développement social.
S.B. : Le monde est menacé de récession et de crises alimentaires et sociales. La construction du monde « après Covid » doit donc être aussi multisectorielle et centrée sur l’innovation. Il faut tirer des leçons des problèmes rencontrés lors de cette crise : mieux évaluer et anticiper les risques, renforcer nos modèles socioéconomiques et repenser nos politiques publiques pour protéger davantage les populations les plus vulnérables. Les femmes entrepreneures auront un rôle primordial à jouer dans la dynamisation de l’économie. Soutenir l’entrepreneuriat féminin sera un levier pour renforcer l’autonomisation des femmes et le développement des économies rurales et urbaines. Le digital sera un outil majeur pour promouvoir l’entrepreneuriat, moderniser, développer et innover.