Assistance technique : témoignage de deux bénéficiaires de la Facilité Africaine

En 2013, aux côtés de l’Agence Française de Développement (AFD), la Fondation a lancé son premier programme d’assistance technique : la Facilité Africaine. L’objectif de ce dispositif est d’accompagner des institutions de microfinance rurales de petite et moyenne taille, mais à fort impact social, en Afrique subsaharienne. Plus de huit ans après son lancement, le bilan de la Facilité témoigne de l’importance d’apporter un soutien non seulement financier mais aussi technique aux institutions de microfinance partenaires.

Via la Facilité Africaine, la Fondation et l’AFD ont accompagné 26 institutions de microfinance qui ont elles-mêmes financé les activités génératrices de revenus de plus de 500 000 emprunteurs avec des prêts moyens d’environ 200 euros. Avec 328 missions d’assistance technique réalisées, le programme a couvert de nombreux domaines d’expertise, de l’élaboration de stratégies environnementales à la digitalisation du processus d’octroi de crédit, en passant par le renforcement de la gouvernance.

Dans ce cadre BIMAS et MicroLoan Fondation Malawi, deux institutions de microfinance Africaine, ont reçu plusieurs missions d’assistance technique. Coup de projecteur sur leur bilan avec la Facilité Africaine. Découvrez l’interview d’Elizabeth Karinga, Directrice Financière de BIMAS et Randall Williams, ancien Directeur de MicroLoan Malawi qui reviennent sur ce dispositif.

Quel bilan faites-vous de la Facilité Africaine?

Elizabeth : La Facilité Africaine a été une aventure extraordinaire pour BIMAS. Les progrès réalisés par notre institution sont clairs. Par exemple, lorsque nous avons commencé à être accompagnés par la Facilité Africaine, nos processus de gestion des opérations étaient encore manuels alors que, via le soutien du programme, nous avons pu entamer un processus de digitalisation. Grâce à la Facilité Africaine, nous avons aussi amélioré notre gestion de la performance sociale et notre communication auprès des clients.

Randall : MLF Malawi a rejoint la Facilité Africaine en 2018 et a bénéficié de plusieurs missions, notamment en matière de digitalisation. Par exemple, avec l’aide de la Facilité, nous avons mis en place une nouvelle plateforme RH qui a permis d’automatiser certaines procédures RH et d’assurer une gestion du personnel plus efficace comme la gestion des congés du personnel. Avant la mise en œuvre de la plateforme, il fallait deux jours et quatre feuilles de papier au personnel de l’agence pour pouvoir valider leurs demandes de congé. Cela prend maintenant moins de cinq minutes et aucun papier pour cette même validation. Nous avons également pu mettre en place une nouvelle plateforme comptable basée sur le cloud pour remplacer l’ancien système que nous avions. Cela est arrivé au bon moment car cela a permis à notre équipe financière de travailler à distance pendant la crise COVID-19, ce qui n’était pas possible auparavant. Je dois également souligner que les deux plateformes disposent de capacités d’archivage de fichiers centralisées qui permettent aux équipes d’accéder aux fichiers numériques en toute sécurité et à distance. Ainsi, outre des gains de productivité significatifs, nous sommes également devenus une organisation plus agile puisque la Direction est désormais en mesure d’avoir accès en temps réel aux informations sur les plateformes pour prendre plus rapidement des décisions stratégiques.

Elizabeth : La Facilité Africaine nous a vraiment aidés en termes de développement de nos activités. Une des choses primordiales en microfinance est d’arriver à évaluer combien de personnes on touche, quel type de déboursement on fait et comment accroître l’inclusion financière du plus grand nombre. Au début du programme, BIMAS comptait à peu près 18 000 clients, aujourd’hui on en sert 42 000, grâce aux nouveaux processus que l’on a mis en place dans le cadre de la Facilité Africaine. Nous sommes passés de 21 à 40 agences et cela a permis de créer des emplois dans nos nouveaux terrains d’intervention, notamment en zone rurale. Cette croissance démontre l’impact positif du programme et du partenariat avec la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Randall : Nous sommes vraiment reconnaissants du soutien que nous avons reçu dans le cadre de la Facilité Africaine pour mettre en œuvre ces initiatives de renforcement des capacités. Ces missions d’assistance technique ont vraiment contribué à renforcer nos opérations en améliorant la structure de gouvernance et en augmentant la résilience globale de notre organisation. Plus important encore, cela nous a aidés à minimiser les perturbations liées à la pandémie de la COVID-19 et nous a également permis d’étendre notre portée à un rythme beaucoup plus rapide qu’auparavant. Concernant le contexte, nous avons pu développer notre réseau d’agences en passant de 15 à 22 au cours des deux dernières années (malgré la pandémie) et cela est en grande partie dû aux améliorations de la productivité qui ont permis à notre personnel de mieux se concentrer sur le développement, l’amélioration de la satisfaction client, ainsi que sur l’atteinte d’autres objectifs clés de gestion de la performance sociale. J’espère que la Fondation Grameen Crédit Agricole pourra poursuivre cette initiative très importante car, comme vous pouvez le voir, il y a des avantages évidents non seulement pour l’institution elle-même, mais aussi pour la base de clients pyramidaux que nous servons.

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Plus d’informations sur notre programme d’assistance technique ici.

Newsletter #41 : La Fondation consolide son action en faveur de l’inclusion financière

La Fondation Grameen Crédit Agricole publie sa Newsletter N. 41 qui met en avant l’action de la Fondation et l’utilité de son action.

En 2021, La Fondation a encore démontré l’utilité de son activité : elle a soutenu 81 institutions de microfinance et entreprises à impact qui servent plus de 9 millions de bénéficiaires, notamment des femmes et des populations rurales, dans 37 pays. Ce sont quelques chiffres clés que nous vous présentons dans le Rapport intégré 2021.

Dans cette édition de la Newsletter, vous découvrirez également le témoignage d’un Banquier Solidaire de Crédit Agricole CIB parti au Kirghizstan et l’interview croisée de deux dirigeants d’institutions de microfinance bénéficiaires de la Facilité Africaine, le premier programme d’assistance technique lancé par la Fondation en partenariat avec l’Agence Française de Développement.

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Publication du Rapport annuel du Fonds FIR du Crédit Agricole

Le FIR (Finance Inclusive en milieu Rural), exclusivement réservé aux entités du groupe Crédit Agricole, permet d’investir dans le financement des institutions de microfinance rurales qui servent des populations traditionnellement exclues du secteur bancaire dans les pays émergents.

À ce jour, le FIR a enregistré les souscriptions de 21 Caisses régionales*, d’Amundi et de CA Assurances. Le FIR a soutenu de nouvelles institutions en 2021. Il a octroyé 1 million d’euros de prêt à ACF au Kazakhstan, 800 000 euros à Lazika en Géorgie, 1 million d’euros à Montecredit au Monténégro et 500 000 euros à Furuz au Tadjikistan.

À fin décembre 2021, le FIR soutient 6 institutions de microfinance dans 6 pays : Géorgie, Kazakhstan, Kirghizstan, Kosovo, Monténégro et Tadjikistan. Malgré la crise sanitaire, qui a augmenté le risque de crédit et obéré leur rentabilité, ces institutions ont su faire preuve de résilience. Elles continuent de contribuer au développement d’activités génératrices de revenus et notamment les productions agricoles villageoises (71% des bénéficiaires vivent en zones rurales).

Télécharger le rapport

*Alpes Provence, Alsace-Vosges, Brie Picardie, Centre-est, Centre-France, Centre Loire, Centre-Ouest, Champagne-Bourgogne, Charente-Périgord, Finistère, Franche-Comté, Ille-et-Vilaine, Languedoc, Loire-Haute Loire, Martinique-Guyane, Normandie-Seine, Provence Côte-d’Azur, Réunion, Savoie, Sud Rhône Alpes et Touraine Poitou

Carnet de voyage d’un Banquier Solidaire au Kirghizstan

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance et d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Découvrez la tribune de Marc Diakhaté, Chargé d’affaires dans l’équipe de Distribution de Financements Structurés chez CACIB, qui est parti au Kirghizstan en septembre 2021 en tant que Banquier Solidaire afin d’accompagner Salym, institution de microfinance soutenue par la Fondation.

La découverte du programme et la préparation

J’ai toujours eu un vif intérêt pour la lutte contre la pauvreté. En effet, j’avais participé à des projets associatifs s’appuyant sur le microcrédit au Vietnam en 2008 puis au Sénégal en 2016, et j’avais suivi un cours de microfinance lors mon échange universitaire à Manille en 2011, mais je n’avais pas encore eu l’opportunité de travailler dans une véritable institution financière proposant ce type de produits. Postuler au programme Banquiers Solidaires et en particulier à la mission auprès de Salym au Kirghizstan était une évidence pour moi.

Salym est une institution de microfinance qui fournit des services financiers à des populations à faible revenu au Kirghizstan et la mission consistait à lancer la démarche de gestion des risques environnementaux et sociaux (E&S) dans le processus de prêt.

Pour le cadrage de la mission, j’ai pu m’appuyer sur mes compétences en contrôle interne et en gestion des risques –ayant été auditeur interne puis analyste crédit– et j’ai bénéficié d’une formation de la Fondation Grameen Crédit Agricole sur Salym et le Kirghizstan. Dès mi-juillet, nous avons initié la préparation de la mission avec Salym afin que je prenne connaissance de leur organisation et de leurs procédures. En outre, j’ai recherché des ressources diverses sur le microcrédit et j’ai pris quelques cours particuliers de russe –qui était ma troisième langue pendant mes études– afin d’être en mesure d’avoir des conversations simples sur place en l’absence d’interprète.

La mission au Kirghizstan
Je me suis rendu sur place dans les locaux de Salym à Bichkek pendant deux semaines en septembre 2021.
Je suis arrivé à Bichkek le premier dimanche de septembre et dès le lundi matin, j’ai présenté la mission au cours d’une réunion de lancement avec l’ensemble du Comité de Direction. Au cours de la première semaine j’ai rencontré les principaux managers mais également quelques emprunteurs, dans le but de prendre connaissance des conditions d’exercice l’activité de Salym et de cartographier les principaux risques E&S inhérents aux activités de prêt.

Au cours de la seconde semaine, j’ai échangé avec la direction sur une première version de la cartographie des risques, puis sur les évolutions possibles du processus de crédit afin d’y intégrer la gestion des risques E&S. A la fin de la deuxième semaine, j’ai conduit une formation sur la gestion des risques E&S auprès du Comité de Direction de Salym et présenté la feuille de route pour déployer le dispositif de gestion des risques E&S. Le rythme au cours de la mission était soutenu. Ainsi, j’ai pu finaliser les livrables initialement prévus (matrice de risques E&S, proposition d’un nouveau processus de crédit, formation, feuille de route) pendant mon séjour sur place.

Le retour à la maison
De retour à Paris, à la demande du Directeur général de Salym, j’ai proposé une nouvelle version plus exhaustive de la politique E&S de l’institution de microfinance kirghize. Mi-octobre, nous avons effectué une dernière réunion en vidéoconférence afin d’échanger sur ma proposition, en vue du déploiement du dispositif de gestion des risques E&S courant 2022.

J’ai été ravi de pouvoir mettre mes compétences au service d’une entreprise à impact, dans un environnement culturel méconnu (l’Asie centrale demeurant une zone enclavée et peu touristique) et particulièrement dépaysant. Je suis revenu avec l’image d’un pays dynamique, riche de nombreuses opportunités entrepreneuriales.

Je remercie sincèrement Carolina Viguet, Maxime Borgogno, Gabrielle Ferhat de la Fondation mais également ma hiérarchie chez RPC (Natacha Gallou, Hubert Frédéric, Michael Beucher) et les Ressources Humaines de CACIB (Virginie Halipré, Nawel Frioui), qui m’ont permis de participer à cette mission en tant que Banquier Solidaire.

SFA : une Banquière Solidaire au Sénégal

La Sénégalaise des Filières Alimentaires (SFA) est une entreprise sociale qui encourage la production de riz de qualité par les petits exploitants de la Vallée du fleuve Sénégal, dans le cadre d’un partenariat de longue durée. La SFA leur donne accès à des financements et à un appui technique, puis transforme le paddy en riz blanc et le commercialise sur le marché sénégalais.

L’ORGANISATION ET LA FONDATION

Depuis 2013, la Fondation Grameen Crédit Agricole est actionnaire de la Sénégalaise des Filières Alimentaires. La SFA a bénéficié du programme Banquiers Solidaires : une experte de haut niveau, Responsable du pôle Maîtrise d’Ouvrage du Système d’Information Achats Groupe chez Crédit Agricole S.A, est ainsi partie pendant deux semaines sur le terrain afin d’accompagner la SFA dans l’optimisation de son système d’information.

LE CONTEXTE DE LA MISSION

Dans une volonté de développement de ses activités, la SFA souhaitait bénéficier d’un regard extérieur et de l’appui d’un expert en système d’information pour développer une application technologique destinée aux équipes locales afin de mieux gérer et d’optimiser leurs opérations et le suivi des producteurs. Notre experte du Crédit Agricole a pu se rendre dans les usines de la SFA à Saint Louis et à Dakar et a réalisé un état des lieux du système d’information via des entretiens avec les différentes parties prenantes de la SFA. Elle a également travaillé avec eux sur la digitalisation de la chaîne de collecte de riz afin d’optimiser la productivité et les rendements.

LES RÉSULTATS

En se rendant sur le terrain, elle a pu comprendre les différentes étapes de collecte et transformation du riz et proposer ses recommandations. Grâce à la mise en place du système d’information de gestion en développement et une application pour le pesage intégré dans le logiciel Sage, la Banquière Solidaire a permis à SFA d’améliorer son activité industrielle, les conditions de production, le suivi technique et financier des producteurs. Depuis l’amélioration de son système de production, l’ambition de la SFA est de doubler son volume d’activité d’ici 2022, tout en soutenant la filière locale du riz au Sénégal.

Cette article a été publié dans « Notre dispositif d’assistance technique », accessible ici

Découvrez la mission en vidéo ici