19 décembre 2019

Par Sarah Belbachir, Crédit Agricole S.A

© DG

Banquier Solidaire est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole. Découvrez la tribune de Sarah Belbachir, Banquière solidaire de Crédit Agricole SA. partie en mission au Maroc.

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en juin 2018, Banquier solidaire est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Découvrez la tribune de Sarah Belbachir, Banquière solidaire de Crédit Agricole SA.

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Banquier solidaire… mais pourquoi ?

La première fois que j’ai parlé du programme Banquiers solidaires à mon entourage, on m’a répondu « banquier et solidaire… ce n’est pas un peu antinomique ? » Pour beaucoup, ces deux mots ont du mal à résonner à l’unisson. Pourtant, quand j’ai découvert Banquiers solidaires, j’ai rencontré des gens passionnées, des ambitions sincères et des actions concrètes. Loin d’être de belles paroles, le programme m’a conquise par les valeurs qu’il inspire et sa volonté d’œuvrer directement sur le terrain.

J’ai donc tout de suite postulé à une mission pour renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT) d’Al Karama, une institution financée par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit du Maroc qui propose des microcrédits à des personnes exclues du système bancaire classique, notamment des femmes.

Très vite après avoir postulé, j’ai eu la confirmation que ma candidature avait été retenue. Ma mission a donc débuté à Montrouge, dans les locaux de la Fondation Grameen Crédit Agricole pour la phase de préparation. Avec l’aide d’Edouard, de Violette et de Carolina (1), nous avons défini le planning et les objectifs. Ils m’ont présenté les grands concepts de la microfinance, et donné des éléments de contexte précis sur Al Karama, sur l’économie marocaine et le monde de la microfinance au Maroc.

Top départ pour Rabat !

Le 13 juillet, je m’envolais enfin pour Rabat. Pendant 10 jours, j’allais me consacrer à un sujet qui faisait partie de mon domaine de compétences, mais dans un secteur différent, dans une structure de taille différente et dans un contexte culturel différent de mon quotidien.

Les deux premiers jours furent consacrés à sensibiliser le top management aux risques liés à la LCB-FT et à la manière de les prévenir. Une formation LCB-FT a été organisée par les équipes du Crédit du Maroc en mécénat de compétences. Ce fût l’occasion d’échanger sur les pratiques de financement TPE/PME de Crédit du Maroc et de comprendre le marché sur lequel les institutions de microfinance marocaines vont se diversifier.

Les échanges qui ont suivi avec l’équipe d’Al Karama m’ont permis de me familiariser avec le fonctionnement de l’institution, d’identifier les points forts en termes de LCB-FT et les éléments nécessitant d’être renforcés.

La suite consistait à rédiger plus finement un plan d’actions, afin qu’Al Karama intègre de manière progressive et priorisée ses obligations en matière de LCB-FT. En collaboration avec Edouard Sers de la Fondation Grameen Crédit Agricole qui m’a rejointe sur cette partie de la mission, nous avons ainsi défini des préconisations précises, avec un responsable par action et un planning de mise en œuvre sur trois ans. L’enjeu était de réaliser un plan d’actions réaliste et réalisable pour Al Karama, au regard de ses moyens et de ses effectifs.

Le plan d’actions a été très bien accueilli par le Comité de direction d’Al Karama auquel nous l’avons présenté le dernier jour de mission. La prochaine étape est désormais entre les mains d’Al Karama, qui mettra en œuvre cette feuille de route.

Des rencontres inoubliables

Ma mission fût ponctuée par deux visites qui ont marqué mon expérience. Al Karama a organisé deux visites d’agence et de clients, l’une en milieu urbain et l’autre en milieu rural. La première a eu lieu dans la ville de Temara, dans la banlieue de Rabat. Après quelques échanges avec le responsable d’agence et des agents de crédit, nous avons rendu visite à un client dans sa boutique de vêtements traditionnels marocains, qui a bénéficié d’un microcrédit pour son activité. Cette première visite m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement d’une agence de microcrédit et de voir comment sont concrètement appliquées les procédures sur le terrain.

La deuxième visite a eu lieu à Larache, au nord du Maroc. Nous avons d’abord visité une agence rurale qui propose des services spécifiquement agricoles aux habitants de la région. Nous nous sommes rendus dans un champ de pastèques et de cacahuètes pour rencontrer un client agriculteur ayant bénéficié d’un microcrédit pour agrandir son terrain. J’ai pu confirmer l’impact du microcrédit sur le développement de la petite agriculture et le renforcement des économies rurales.

Ces rencontres m’ont permis d’appréhender la microfinance au plus près et de voir ce que peut concrètement accomplir la finance inclusive. Mais elles furent avant tout une expérience humaine inoubliable.

Ce n’était qu’un avant-goût… je suis rentrée à Paris avec l’envie de m’engager davantage.

Lettre #34 à télécharger ici