29 mai 2019

Par Chloé Chevrand & Evelyne Offroy, Fondation Grameen Crédit Agricole

© Philippe Lissac

Après une mission Banquier solidaire en faveur de la Laiterie du Berger, Jonathan Michaud est aujourd’hui Directeur de Kossam SDE, un projet porté par la Laiterie qui vise à structurer la filière lait au Nord du Sénégal. Coup de projecteur sur nos échanges avec cet ingénieur agronome issu de Crédit Agricole Franche-Comté, qui a été détaché pour 2 ans afin de soutenir le développement de ce projet à fort impact social.

Structurer la filière lait au Sénégal

Etre des moteurs du développement territorial du bassin laitier de Richard Toll au Nord du Sénégal : c’est l’ambition partagée de la Laiterie du Berger et de sa filiale Kossam SDE. Dès sa création en 2005, la Laiterie du Berger s’est affirmée comme une entreprise sociale pionnière dans le pays.

Aujourd’hui, La Laiterie est devenue le second acteur du marché sénégalais des yaourts et la principale entreprise nationale de transformation du lait local. Elle travaille avec la Coopérative des éleveurs de Dagana qui regroupe 800 éleveurs Peuls, emploie 300 salariés et produit chaque année 6000 tonnes de yaourt. Début 2019, afin de consolider l’activité et la filière laitière, la Laiterie du Berger et la Coopérative des éleveurs de Dagana ont cofondé l’entreprise sociale Kossam – Société de Développement de l’Elevage (Kossam SDE).

Kossam SDE vise à structurer et renforcer la filière laitière en fournissant de services de proximité (aliments du bétail, fourrages,…) et de la formation et du conseil aux éleveurs locaux. L’entreprise développe un modèle de « mini-fermes » actuellement en phase pilote (15 unités en fonctionnement) et ambitionne la mise en place de 100 mini-fermes à horizon 2022 (plus d’information sur le projet ici).

Les jeunes, acteurs du développement

Au coeur de ce plan de développement, la jeunesse occupe une place importante. Dans un contexte où l’emploi des jeunes est un vrai défi au Sénégal, Kossam met en place un dispositif ambitieux pour accompagner les jeunes dans une trajectoire de professionnalisation en production laitière.

Ainsi, les formations offertes aux éleveurs sont également ouvertes à leurs familles. En effet, les éleveurs de la Laiterie sont principalement des familles, ou plutôt des organisations familiales, constituées d’un ‘responsable de bidon’, homme ou femme, derrière lequel travaille toute une structure familiale. « Il y une vraie volonté des éleveurs formés par Kossam d’impliquer et de responsabiliser leurs enfants dans le travail de la ferme, Kossam SDE a prévu d’intensifier les formations et l’accompagnement des éleveurs et les jeunes locaux, sur les aspects techniques et la gestion économique de la ferme et de la famille », affirme le Directeur général de Kossam SDE, Jonathan Michaud, ingénieur agronome de Crédit Agricole Franche Comté, détaché pour 2 ans pour développer le projet.

Par ailleurs, les jeunes ne sont pas uniquement impliqués pour le métier d’éleveur, mais dans d’autres maillons de la filière laitière. De nombreux jeunes sont élus en tant que responsables des pôles laitiers (qui sont des sections locales de la coopérative). Alors que ces postes étaient jadis réservés à des responsables senior, aujourd’hui l’implication des jeunes dans des fonctions de responsabilités agricoles et locales est une des bases du modèle de la filière en structuration.

Enfin, l’emploi des jeunes est favorisé au niveau de la collecte du lait. Kossam SDE a ainsi permis la création du métier de « collecteur », exercé aujourd’hui par des jeunes locaux. Jonathan Michaud affirme que le développement de la collecte du lait et la génération de revenus croissants par l’activité laitière contribuent grandement à la stabilisation des populations jeunes du bassin laitier de Richard Toll. En outre, le projet a permis un changement d’image de l’industrie laitière vis-à-vis de jeunes : la production laitière est devenue pour les populations locales une activité valorisante, rémunératrice et attractive pour les nouvelles générations.

Avec l’augmentation de la productivité des exploitations, la création de nouveaux métiers autour de l’élevage va devenir primordiale (par exemple la création de métiers de conseillers en élevage, technicien d’élevage). Comme le souligne Jonathan Michaud, c’est la suite logique du mouvement déjà engagé par la Laiterie du Berger depuis plus de 10 ans autour de la professionnalisation laitière, qui demande de l’accompagnement, de l’encadrement, des structures et donc crée de l’emploi par et autour de la production laitière.

Avec Kossam le mouvement se renforce, en s’appuyant sur les formations, l’entrepreneuriat et l’implication des jeunes, porteurs d’innovations et acteurs clés du développement au Sénégal.