Carnet de voyage d’une Banquière solidaire au Kenya

Par Eva Hoglund, Directrice financière chez EFL (Pologne)

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Découvrez la tribune de Eva Höglund, Banquière solidaire de Crédit Agricole qui est partie en 2019 au Kenya accompagner Musoni, institution de microfinance financée par la Fondation.

Début de l’aventure

Quand j’ai découvert la mission Banquiers solidaires en faveur de l’institution de microfinance Musoni au Kenya, cela a tout de suite été une évidence pour moi : cette mission était faite pour moi. L’objectif de la mission était d’accompagner Musoni dans la mise en place d’un système de planification et suivi stratégique. Non seulement il s’agissait d’une très belle mission de solidarité et de partage, dans un pays que je ne connaissais pas, mais j’avais également l’impression que les qualités recherchées et l’expérience souhaitée étaient une description de mon propre parcours professionnel. Aussitôt, j’ai récolté le maximum d’informations sur Musoni et sur la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Rapidement après avoir postulé, j’ai eu la confirmation que ma candidature avait été retenue et j’ai toute de suite commencé à préparer ma mission. L’équipe de la Fondation Grameen Crédit Agricole a été d’un vrai soutien durant cette première phase : nous avons établi ensemble les objectifs et l’agenda de la mission. S’en est suivi une lecture des documents de présentation de Musoni et de son plan stratégique.

Durant l’été précédant la mission, j’ai également eu de nombreux échanges et conférences téléphoniques avec Musoni afin que l’on s’assure un bon partage des objectifs et une vision commune sur la méthode de travail à suivre. De mon point de vue, une très bonne préparation est essentielle et cette phase a été la clé du succès de ma mission.

Direction le Kenya

Le 26 octobre 2019, départ pour le Kenya pour 15 jours de mission sur le terrain. Je partais pour une mission en ligne avec mes compétences et connaissances du secteur de la microfinance, mais dans une structure et un contexte culturel différents de mon quotidien. Ce ne fut donc pas sans un peu d’appréhension que j’atterrissais à Nairobi. L’accueil de David Camara, conseillé en investissement à la Fondation, précédemment rencontré à Montrouge, a été rassurant.

Dès le lundi matin nous avons débuté par la réunion de lancement de mission terrain avec la participation de tous les employés de Musoni qui allaient contribuer à établir le dispositif de planification et suivi stratégique. La présence de Stanley Munyao, Directeur général de Musoni et de David, représentant la Fondation, a été importante pour souligner l’importance du projet. Musoni s’est donné tous les moyens pour réussir en missionnant Amina Jaberney, une consultante qui allait m’accompagner pendant mon séjour sur le terrain afin d’ assurer l’implémentation opérationnelle une fois ma mission terminée.

Durant la première semaine Amina et moi avons conduit des interviews avec la Direction de Musoni, ainsi qu’avec des employés d’agences. Nous avons compilé les points clés à retenir et les avons traduits en vecteurs cohérents avec la mission et la vision de Musoni. La deuxième semaine consistait à valider et s’assurer de l’adhérence de Musoni au système de gestion stratégique proposé. Afin d’être certains que la mission se déroulait conformément aux attentes, nous tenions, tous les deux jours, des Comités de pilotage avec le Directeur général. Lors de mon dernier jour sur le terrain, nous avons pu présenter un jeu complet du dispositif validé par la Direction de Musoni.

De retour à Paris

Une fois ma mission achevée, Amina a pris le relai avec Judy Ndungu, Directrice des Ressources Humaines de Musoni. La réunion d’implémentation finale, réunissant tous les employés, s’est tenue le 13 juillet 2020. L’évaluation de performance du 1er semestre sera exécutée sur la base de notre travail. Quelle satisfaction !

Je suis très heureuse d’avoir saisi cette opportunité offerte par le Crédit Agricole et la Fondation Grameen Crédit Agricole. Cette mission restera une expérience inoubliable. Elle m’a permis de vivre de l’intérieur le fonctionnement d’une entreprise de microfinance sur un marché en pleine évolution. J’ai fait de très belles rencontres et je suis fière du résultat que nous avons pu obtenir, ensemble, en si peu de temps.

Lettre #36 à télécharger ici

La Fondation publie La Lettre N.36

La Fondation Grameen Credit Agricole publie sa Lettre N.36. Cette fin de mois de juillet marque le 5e mois de crise sanitaire et économique mondiale. Tous les pays ont été touchés mais pour autant, à l’instar de l’impact des phénomènes climatiques extrêmes, la crise sanitaire est profondément inégalitaire dans la mesure où elle affecte plus lourdement les populations les plus fragiles.

Dès la fin du mois de février dernier, les équipes de la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont mobilisées autour de plusieurs actions majeures. D’abord et avant tout, nous avons établi un dialogue rapide et permanent avec les organisations soutenues pour pouvoir comprendre les effets de la crise, les mesures prises et leurs besoins en conséquence. Ensuite, nous avons adapté nos outils de suivi et d’analyse et nos demandes d’information s’agissant notamment des plans de continuation d’activité et des plans de trésorerie à court terme. En parallèle, nous avons animé une coordination internationale de prêteurs et d’acteurs de la finance inclusive pour agir ensemble, en concertation, afin de prévenir tout choc de liquidité qui aurait déstabilisé le secteur. Enfin, nous avons régulièrement publié des articles sur l’Observatoire Covid-19 et sur les réseaux sociaux afin de partager nos analyses et d’informer les parties prenantes.

Cinq mois après le début de la crise, nous avons le sentiment que cette première vague a été bien gérée par les institutions de microfinance qui ont toutes fait preuve d’un grand professionnalisme. Nous tenons également à souligner l’accompagnement et l’écoute remarquable de nos propres financeurs : l’Agence Française de Développement, Proparco, la Banque européenne d’investissement, le Crédit Agricole et ses entités Crédit Agricole CIB et Amundi. La résilience du secteur, remarquable, a été sans aucun doute renforcée grâce à ces actions concertées et convergentes entre bailleurs de fonds et institutions de microfinance intervenant sur tous les terrains du globe.

Dans cette édition de la Lettre, vous découvrirez, entre autres, les détails de la Coalition internationale coordonnée par la Fondation face à la crise du Covid-19 et deux projets que nous avons lancés pendant cette période complexe : le nouveau site internet et le 1er Rapport d’impact de la Fondation.

Nous continuons à suivre les effets de la crise sanitaire avec la plus grande attention et notre mobilisation, sur laquelle vous savez pouvoir compter, est de tous les instants.

Téléchargez la Lettre N.36 ici.

L’entreprise à capital coopératif, un modèle pour le « monde d’après »

Par Éric Campos, DG, Fondation Grameen Crédit Agricole & Bagoré Bathily, PDG, Laiterie du Berger

Le choc planétaire de 2020 montre l’absolue nécessité de repenser notre système économique. Les urgences sanitaires et climatiques ne laissent plus le choix. Sans changement structurant, les risques de tensions sociales, politiques ou environnementales deviendront chaque jour plus importants.

Nous soumettons au débat collectif l’idée d’un modèle d’entreprise socialement différent : l’entreprise à capital coopératif, une entreprise dont la rémunération du capital se partage entre l’actionnariat et le salariat grâce à un montage permettant aux salariés de percevoir directement une partie des dividendes, en cas de distribution. La détention du capital est un facteur d’exclusion des populations, notamment vis-à-vis des jeunes générations, force de travail. Si l’on souhaite construire un avenir durable et harmonieux, il est crucial de résoudre la question d’une redistribution équitable de la valeur créée par la croissance et donc par l’entreprise.

Aujourd’hui, l’actionnariat possède la propriété du capital, le salariat en fournit l’exploitation. Leurs destins sont intimement corrélés, pourtant aucun lien direct n’existe vraiment entre eux. Nous pensons possible de les réunir en instaurant une convergence de leurs intérêts, grâce à des règles nouvelles où les salariés deviennent usufruitiers d’une partie du capital de l’entreprise. Les actionnaires apportent les fonds, les travailleurs délivrent la valeur ajoutée. Et finalement, chacun mérite sa part.

L’idée est là, elle peut paraître iconoclaste mais elle est au fond réaliste : celle d’une entreprise dont les dividendes sont désormais partagés entre actionnaires et salariés de manière fondamentale par l’attribution aux salariés d’une part d’usage du capital.

C’est ce que nous appelons l’entreprise à capital coopératif. Pour le devenir, l’entreprise intègre dans ses statuts une disposition particulière qui permet aux salariés de percevoir une part sur les bénéfices en cas de déclenchement de dividendes. Elle leur accorde ainsi une place d’actionnaire usufruitier. Quant à eux, les actionnaires restent porteurs des capitaux et sont propriétaires des titres, à la différence près qu’ils décident de se placer en nu-propriétaires pour une partie spécifique du capital dont ils cèdent la valeur de rendement au collectif salarial. Pour ce faire, ils acceptent une diminution de la valeur nominale de leur part – par exemple par l’effet d’une augmentation de capital en émission de titres – et en cèdent la différence à ceux qui « fabriquent la croissance », les salariés. Idéaliste ? Étonnant ? Bizarre ? Non, loin de là.

Certes, l’actionnaire-investisseur doit supporter un « coût ». Il lui est demandé de payer une sorte de « ticket d’accès » au capital productif. Mais cela n’a rien de confiscatoire. Sans perte de propriété, il fait le choix d’investir dans une autre forme de valeur : l’humain. Son pari est que, portée par une cohésion renforcée, l’entreprise pourra mieux croître et mieux se valoriser à terme. C’est un raisonnement entrepreneurial de réconciliation dynamique.

Un tel système présente bien des avantages. Pour les salariés, il y a là de toute évidence l’accès direct à un nouveau canal de valeur redistribuée dans un esprit de coopération socialement juste. C’est essentiel dans un contexte mondial où l’écart entre les plus riches et les classes moyennes n’a cessé de s’aggraver ces dernières décennies.

Pour les actionnaires, il y a là un rôle innovant à préempter, celui de rendre possible l’inclusion de la valeur travail dans la création de richesse capitalistique, procurant ainsi à l’investissement une dimension entrepreneuriale et sociétale par-delà sa finalité financière. Il est démontré que des investissements pilotés en termes environnementaux, sociétaux et de gouvernance (critères ESG) ont un potentiel de performance. Et surtout un avenir.

Pour les entreprises enfin, et notamment celles dont le projet s’inscrit en mission de responsabilité sociétale, il y a là un vecteur de résilience. Elles se mettent en position de ne plus considérer l’emploi comme une variable d’ajustement mais l’instituent comme un gène légitime et structurant. En acceptant de placer au même rang l’actionnaire et le salarié, c’est un nouvel équilibre, un dialogue prometteur qui va s’instaurer. C’est, en quelque sorte, la Cité qui entre dans l’Entreprise.

L’économie coopérative représente depuis longtemps une réponse aux excès des époques qu’elle traverse. Sa longévité s’explique par ses capacités d’adaptation et d’hybridation. Elle a développé de nombreuses branches. Notre proposition en est une traduction actuelle, un pas de côté, un bourgeon sur l’arbre.

L’entreprise à capital coopératif va bien au-delà des mécanismes d’intéressement et de participations salariales qui consistent à verser une prime liée à la performance de l’entreprise ou représentant une quote-part de ses bénéfices. Le capitalisme coopératif agit sur la pierre angulaire de l’entreprise, son capital, par une co-responsabilisation des parties prenantes. Le collectif salarial accède au rang de l’actionnaire qui lui, sans perdre ses prérogatives, inscrit sa gouvernance dans une démarche d’ouverture et de convergence d’intérêts. La transparence, en matière d’impact social et environnemental constitue un impératif pour l’entreprise à capital coopératif : la mesure et le contrôle des performances dites extra-financières ainsi que leur publication en seront l’instrument.

Dans les entreprises sociales ou les entreprises à mission dans lesquelles nous intervenons en tant que dirigeants ou administrateurs, nous observons à quel point le souci de l’inclusion économique pousse l’entreprise à conjuguer ses intérêts et ceux de son écosystème. Cela se vérifie dans de nombreux endroits de la planète où nous sommes engagés, notamment en Afrique subsaharienne au contact d’éleveurs et de filières agroalimentaires. L’inclusion économique est sans conteste une voie à poursuivre pour redonner aux sociétés humaines les chemins éclairés, l’espoir dont elles ont besoin. Il n’y a pas d’utopie à concevoir cela, mais la conviction libérale et citoyenne que le monde ne peut se construire autrement que les uns avec et pour les autres.

Tribune complète ici

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Éric Campos est Délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole, fondation spécialisée dans la microfinance et l’entrepreneuriat social, et Directeur de la RSE de Crédit Agricole SA. Bagoré Bathily est Président-Directeur général fondateur de la Laiterie du Berger, entreprise sociale de valorisation de la filière lait, au Sénégal.
(Co-rédaction : Julien Foulc)

La crise Covid-19 : des impacts variés selon la taille des institutions de microfinance


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ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont associés pour suivre et analyser les effets de la crise liée au Covid-19 chez leurs institutions de microfinance partenaires dans le monde. Ce suivi est réalisé périodiquement et le sera tout au long de l’année 2020 afin d’avoir une meilleure vision de l’évolution de la situation. Avec cette analyse régulière et approfondie, nous espérons contribuer, à notre niveau, à la construction de stratégies et de solutions adaptées aux besoins de nos partenaires, ainsi qu’à la diffusion et à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur.

Les résultats présentés dans cet article sont issus d’une deuxième vague d’enquête (1) commune à ADA et la Fondation Grameen Crédit Agricole, Inpulse ayant choisi de se joindre à l’initiative une fois sur deux. Les réponses ont été collectées entre le 18 juin et le 1er juillet auprès de 108 institutions de microfinance (IMF) principalement issues des régions Amérique latine et Caraïbes (LAC-46%), Afrique subsaharienne (SSA-29%), Asie (14%) et Europe de l’est et Asie centrale (EAC-10%), une seule IMF de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA) étant représentée. Ce panel d’IMF répondantes est relativement diversifié en termes de taille, avec 49% d’IMF Tier 2 (2), 35% d’IMF Tier 3 et 16% d’IMF Tier 1, réparties par région comme représenté dans la Figure 1.

Figure 1. Répartition des IMF répondantes par région et par Tier

MENA Tier 2

En résumé :

Cette nouvelle vague d’enquête montre que la crise à laquelle sont actuellement confrontées les IMF révèle leurs forces et faiblesses structurelles spécifiques à leur taille : les plus grandes IMF (les Tier 1) apparaissent mieux armées pour résister aux difficultés financières provoquées par la crise sanitaire et les mesures d’endiguement de l’épidémie, pour prendre des mesures de gestion de crise et pour avoir recours aux mesures spécifiques mises en place par leurs autorités locales. En revanche, les IMF de taille plus modeste (Tier 2 & 3) sont plus à même d’offrir par elles-mêmes des services autres que financiers à leurs clients pour les aider à faire face à la situation, et sont désireuses de développer encore davantage les services non financiers à l’avenir. Plus généralement, si elles envisagent de lancer de nouveaux produits ou services, c’est avant tout pour répondre aux besoins de leurs clients plus que pour rester conformes à leur stratégie ou réduire les risques. Ainsi, si les plus grandes IMF semblent plus résilientes en temps de crise, les plus petites ne sont pas en reste et demeurent fidèles à leur forte mission sociale. C’est aussi une véritable force pour ces institutions, qu’il ne faudra pas oublier au profit de structures plus autonomes en cette période de crise.

Les plus grandes IMF sont moins sujettes aux difficultés financières…

Depuis le mois de juin, les mesures d’endiguement de l’épidémie s’assouplissent dans certaines régions, notamment en Europe de l’est, Asie centrale et en Afrique subsaharienne. Par conséquent, les difficultés opérationnelles auxquelles font face les institutions de microfinance diminuent dans ces régions par rapport à mai (3), alors qu’elles continuent de se faire sentir dans la région d’Amérique latine et Caraïbes où les mesures d’endiguement sont toujours en place, et où une proportion plus importante d’IMF a donc toujours des difficultés pour se déplacer, rencontrer les clients dans les agences, et donc à débourser les prêts et collecter les remboursements, comme représenté dans la Figure 2. Par exemple, 76% des IMF de la région Amérique latine et Caraïbes déclarent que leur personnel rencontre des difficultés pour se déplacer, contre 23% des IMF d’Afrique subsaharienne.

Figure 2. Difficultés opérationnelles rencontrées par les IMF par région

Comme expliqué dans notre précédent article, ces difficultés opérationnelles se répercutent sur le portefeuille et sa qualité pour toutes les IMF. Néanmoins, les difficultés financières qu’elles impliquent ne se font pas ressentir de la même manière en fonction de la taille des IMF. En effet, les plus grandes IMF apparaissent globalement moins confrontées à ce type de problématique, avec des proportions moins importantes d’IMF Tier 1 qui déclarent avoir des difficultés à rembourser leurs financeurs (12% contre 22,5% des IMF Tier 2 et 3), avoir des fonds propres insuffisants pour faire face à crise (6% contre 29% des IMF Tier 2 et 3) ou faire face à un manque de liquidités (12% contre 29% en moyenne pour les IMF Tier 2 et 3), comme représenté dans la Figure 3. Les IMF Tier 1 semblent ainsi mieux armées que les autres pour résister aux conséquences de la crise sur leur situation financière.

Figure 3. Difficultés financières rencontrées par les IMF selon leur taille

Si l’augmentation du portefeuille à risque reste la première difficulté rencontrée pour toutes les IMF, cette augmentation se matérialise différemment en fonction de leur taille. Ainsi, elle semble moins forte pour les IMF Tier 1 que pour les autres, comme représenté dans la figure 4 : seules 12% des IMF Tier 1 déclarent que leur portefeuille à risque à 30 jours a doublé ou plus que doublé par rapport à fin 2019, contre 44% des IMF Tier 2 et 57% des IMF Tier 3. A l’inverse, 35% des IMF Tier 1 déclarent que cet indicateur est resté stable ou a diminué, contre 17% des IMF Tier 2 et 8% des IMF Tier 3.

Figure 4. Evolution du PAR30 des IMF par rapport à fin 2019 selon leur taille

… et plus à même de mettre en place des solutions de gestion de crise…

Dans la plupart des pays, des mesures gouvernementales ont été mises en place afin de permettre aux institutions de microfinance de mieux faire face à la crise. Néanmoins, toutes les IMF ne déclarent pas en bénéficier. Si le recours à ces mesures varie en fonction de la région, très probablement en raison d’une communication et d’une mise en place variables selon les pays (les IMF de la région Asie sont par exemple relativement plus nombreuses à déclarer bénéficier d’un certain nombre de mesures), la localisation géographique ne semble pas être le seul facteur déterminant du bénéfice de certaines mesures gouvernementales : les IMF de plus grande taille sont aussi plus susceptibles d’en bénéficier, comme représenté dans la figure 5.

Figure 5. Mesures gouvernementales dont les IMF déclarent bénéficier, selon leur taille

Cet effet « taille » est réel dans la mesure où il ne s’explique pas par une répartition spécifique des IMF par région. Par exemple, concernant le report ou l’annulation de paiement de taxes et la non-provision des prêts affectés par le Covid-19, l’analyse par région montre que les IMF d’Asie sont relativement plus nombreuses à déclarer en bénéficier alors que les IMF Tier 1 sont minoritaires dans la région. De la même manière, concernant la fourniture de lignes de liquidités, les IMF d’Afrique subsaharienne sont parmi les plus nombreuses à déclarer en bénéficier alors que les IMF Tier 1 y sont très peu représentées.

En ce qui concerne les mesures opérationnelles et de gestion de crise mises en place, là encore le type de mesure prise varie en fonction de la taille des IMF (Figure 6) : 100% des IMF Tier 1 de l’échantillon déclarent par exemple restructurer les prêts des clients, contre 69% en moyenne des autres IMF. Elles sont aussi relativement plus nombreuses à discuter avec l’autorité de contrôle pour éventuellement déroger aux règles prudentielles pendant la crise. A l’inverse, les IMF Tier 3 sont moins susceptibles d’avoir actualisé leur plan de liquidité ou d’avoir mis en place de nouvelles solutions digitales.

Figure 6. Mesures opérationnelles et de gestion de crise prises par les IMF selon leur taille

…mais les petites IMF restent à l’écoute des besoins de leurs clients

En revanche, malgré les difficultés qui se posent à elles, les IMF de plus petite taille restent à l’écoute des besoins de leurs clients : elles sont par exemple aussi nombreuses que les IMF Tier 1 à avoir lancé des enquêtes auprès des clients pour mieux comprendre l’impact de la crise (Figure 7). D’autre part, si elles ont été moins à même de décaisser des prêts d’urgence à leurs clients, elles ont en revanche davantage mis en place de mesures allant au-delà de leur activité principale pour mieux répondre aux besoins de leurs clients face à la crise sanitaire. Elles sont par exemple relativement plus nombreuses à avoir lancé des campagnes de sensibilisation sur les questions d’hygiène ou avoir mis à disposition des kits d’urgence pour les clients. Les IMF de grande taille semblent avoir été moins enclines à instaurer elles-mêmes ce type de services directs aux clients et se sont davantage reposées sur des partenariats avec des structures spécialisées.

Figure 7. Mesures de réponse à la crise pour les clients selon la taille des IMF

Les IMF Tier 1 sont globalement plus nombreuses à déclarer envisager lancer de nouveaux produits ou services à moyen terme ; avec des contraintes financières plus réduites comme montré précédemment, ces IMF ont probablement plus de marge de manœuvre pour travailler dans ce sens (Figure 8). En particulier, si globalement peu d’IMF envisagent de lancer des produits de micro-assurance à l’avenir, ce sont les IMF Tier 1 qui sont les plus susceptibles de le faire. Elles sont également plus nombreuses à souhaiter cibler davantage l’agriculture ou lancer de nouveaux produits et services digitaux. En revanche, les IMF de plus petite taille envisagent tout autant mettre en place des services non-financiers, qu’il s’agisse d’éducation financière ou de « Business Development Services ».

Figure 8. Nouveaux produits, services ou marchés vers lesquels les IMF envisagent de s’orienter à moyen terme, selon leur taille

Des variations entre IMF de différentes tailles ressortent à nouveau lorsque l’on s’intéresse aux motivations des IMF à s’orienter vers de nouveaux marchés ou développer de nouveaux produits ou services (Figure 9). Ainsi, parmi celles qui ont déclaré vouloir lancer au moins un nouveau produit ou service et précisé leurs motivations (76 IMF parmi les 108 répondantes à l’enquête), la volonté de répondre aux nouveaux besoins des clients et/ou de suivre les nouvelles tendances du marché est citée relativement plus souvent par les IMF Tier 3 que par les autres ; à l’inverse, elles sont moins à nombreuses à justifier ce choix par le fait que cela soit conforme à leur plan stratégique ou par la volonté de réduire les risques. L’attention portée par les IMF de plus petite taille aux besoins de leurs clients sera probablement l’une de leurs forces en cette période de crise.

Figure 9. Principales motivations des IMF pour s’orienter vers de nouveaux marchés, produits ou services, selon leur taille

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(1) Les résultats de la première vague d’enquête auprès des partenaires de ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Agricole sont accessibles ici : //www.findevgateway.org/paper/2020/06/beyond-difficulties-posed-covid-19-crisis-new-opportunities-are-emerging-microfinance
(2) Les Tiers sont définis en fonction de la valeur des actifs totaux, avec une valeur des actifs totaux supérieure à 50 millions USD pour les IMF Tier 1, comprise entre 5 et 50 millions USD pour les Tier 2, et inférieure à 5 millions USD pour les Tier 3.
(3) Voir les résultats de la première vague d’enquête accessibles via le lien cité ci-dessus.

La Fondation finance des institutions de microfinance au Mali et en Roumanie

© Philippe Lissac

La Fondation Grameen Crédit Agricole a financé deux nouveaux partenaires, dont un dans un nouveau pays. Avec ces deux nouveaux partenaires, la Fondation compte à ce jour 83 organisations soutenues dans 40 pays.

Elle a ainsi accordé un premier prêt d’un montant en FCFA équivalent à 1,5 millions d’euros à Cofina Mali, une filiale de Cofina SA qui procure des services financiers inclusifs. L’institution propose des services de prêt, d’épargne et de transfert d’argent aux micro et petites entreprises mais aussi aux particuliers. Elle dispense également des formations en éducation financière et en développement commercial. Cofina Mali compte plus de 2 500 clients actifs dont 28% de femmes.

La Fondation a également investi pour la première fois en Roumanie, sous la forme d’une garantie d’un montant en monnaie locale équivalente à 1,5 millions d’euros accordée à l’institution de microfinance VITAS. VITAS accorde des prêts pour l’amélioration de l’habitat à près de 2 000 clients, en majorité des petites et très petites entreprises ou encore des particuliers. Connue jusqu’en 2012 sous le nom d’Express Finance, elle est aujourd’hui l’un des principaux acteurs du marché de la microfinance roumaine. Sa clientèle cible est constituée de personnes n’ayant aucun accès aux services bancaires classiques ainsi que de personnes à faibles revenus. Ce financement se fait dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation et Crédit Agricole Roumanie pour soutenir des institutions de microfinance roumaines qui servent les personnes exclues du système bancaire classique.

Voir toutes les organisations soutenues, ici.

Impact de la Covid-19 sur les groupes d’épargne des réfugiés en Ouganda

VisionFund Uganda travaille dans le district d’Obongi depuis mai 2019 et a déboursé 92 000 $ US à 100 groupes d’épargne, ce qui représente 2 264 personnes. VisionFund a commencé à former des groupes d’épargne dans le district de Yumbe fin 2019, mais n’a encore financé aucun groupe. Les groupes d’épargne opèrent dans les deux districts depuis un certain temps et tous les groupes existent depuis au moins deux cycles (ou deux ans). VisionFund Uganda est la première institution de microfinance à offrir des prêts à ces groupes. Entre avril et mai, une étude a été menée pour comprendre l’effet de la crise de la Covid-19 sur les groupes d’épargne, aussi bien au niveau des communautés d’accueil que des réfugiés.

Réunions des groupes d’épargne

La majorité (81%) des groupes continuent de se réunir; seuls 19% des groupes ont cessé de se réunir. La principale stratégie a été de continuer à se réunir (65%), mais en petits groupes, conformément aux exigences gouvernementales en matière de distanciation sociale. Une explication de la plus grande résilience des groupes de réfugiés peut être que ces groupes ont reçu plus de soutien dans leur formation que les groupes des communautés d’accueil. Presque tous les groupes de réfugiés épargnent toujours (certains épargnent moins) tandis que 24% des groupes dans les communautés d’accueil ont cessé d’épargner. La conclusion est que les groupes de réfugiés se sont non seulement adaptés aux nouvelles directives entourant l’organisation des réunions, mais ont également trouvé des moyens de continuer à se réunir, montrant des niveaux de résilience plus élevés.

Lorsqu’on les interroge sur l’avenir du groupe, sur les 417 personnes interrogée, 65% prévoient de continuer à épargner. Cependant, il est inquiétant de constater que 28% des répondants s’attendent à arrêter d’épargner, chiffre qui monte à 39% des répondants pour les communautés d’accueil. Il est donc important de mieux comprendre ce que cela signifie à long terme.

Impact sur les ménages

Au niveau des ménages, les difficultés apparaissent sur deux fronts. 88% des répondants ont signalé une augmentation des prix des aliments de base, ce qui exerce une pression sur les budgets des ménages. Presque tous les réfugiés (96%) ont signalé une hausse, ce qui reflète probablement la réduction de leurs rations du PAM. Dans le même temps, 92% des répondants ont signalé un certain niveau de stress financier dû à la baisse de l’activité commerciale (34%), à la baisse des revenus (23%), aux difficultés à épargner (25%) et à l’insécurité alimentaire (11%). Il est pertinent de conclure que tous les ménages sont affectés par la pandémie de la Covid-19, mais même si les réfugiés sont plus impactés, ils semblent être plus résilients.

Malgré ces tensions, les ménages ne recourent pas à une demande accrue au fonds social des groupes d’épargne ou ne vendent pas leurs actifs (87% n’ont pas eu à vendre d’actifs). En termes de requêtes au fonds social du groupe d’épargne, 58% des groupes n’ont signalé aucun changement dans le nombre de demandes (avec peu de différence entre les communautés hôtes et les réfugiés), mais on note que parmi ceux ui ont eu recours au fonds social, les montants demandés sont plus importants.

Impact commercial

Les membres du groupe d’épargne se livrent à de multiples activités économiques. À l’instar d’autres études sur l’impact de la Covid-19, 93% des répondants ont signalé une baisse de leurs revenus. Plus de la moitié des groupes ont signalé soit une forte baisse des revenus (47%), soit un arrêt complet des revenus (11%). Fait intéressant, 6% ont signalé une augmentation de leurs revenus, reflétant qu’il existe des opportunités commerciales même en cas de crise.

En conclusion, les trois points suivants peuvent être soulignés :

  • Les groupes d’épargne des réfugiés sont résilients: la résilience dont font preuve ces groupes d’épargne de réfugiés (par rapport aux groupes des communautés d’accueil) continue de soutenir la pensée que la formation et le soutien des groupes d’épargne de réfugiés est une réponse essentielle pour le développement de moyens de subsistance sur le long terme à destination des réfugiés.
  • La Covid-19 a un impact dramatique sur les moyens de subsistance des ruraux pauvres: cette enquête a été réalisée dans une partie reculée de l’Ouganda, ce qui confirme que les communautés rurales sont tout aussi touchées que les autres par la crise de la Covid-19.
  • Les enquêtes peuvent être effectuées en toute sécurité en situation de confinement: Enfin, ce rapport montre que même en situation de confinement, l’utilisation d’un outil numérique simple et la mise en pratique de directives de distanciation sociale peuvent être rapidement mises en place.

Pour plus d’informations, cliquez ici.

La Fondation Grameen Agricole devient membre du CSAF

© In Venture

Le Council on Smallholder Agricultural Finance (CSAF) est une alliance de financeurs sociaux, également appelés prêteurs agricoles à impact prioritaire, ciblant les entreprises agricoles du « secteur intermédiaire » dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et axée sur la création d’un marché financier prospère, durable et transparent pour répondre aux besoins de financement des petites entreprises agricoles qui se développent dans les pays ciblés. Les membres de la CSAF incluent AgDevCo, Alterfin, Global Partnerships, Impact Finance, Incofin Investment Management, Oikocredit, Rabo Rural Fund, responsAbility Investments AG, Root Capital, Shared Interest Society, SME Impact Fund et Triodos Investment Management.

Sa mission est de faciliter l’entrée sur le marché et d’augmenter les prêts aux entreprises agricoles du secteur intermédiaire, d’orienter le secteur du financement agricole sur l’atteinte et le soutien des moyens de subsistance des 450 millions de petits agriculteurs dans le monde et de promouvoir des principes de prêt responsables, notamment des normes sociales, environnementales et de gouvernement d’entreprise, au sein de l’ensemble des institutions financières desservant ce marché.

En juin, la Fondation Grameen Credit Agricole a été acceptée à l’unanimité par les membres internationaux de la CSAF en tant que nouvel affilié international. La Fondation et le Conseil travailleront ensemble dans les années à venir pour renforcer la CSAF et ses efforts pour bâtir un marché financier en croissance et à fort impact, au service des entreprises agricoles à l’échelle mondiale.

Plus d’informations sur la mission de la Fondation ici
Plus d’informations sur le CSAF ici

Le Groupe AFD accorde un prêt de 10 M€ à la Fondation pour favoriser la microfinance

© Philippe Lissac

Un prêt de 10 millions d’euros vient d’être accordé par le Groupe Agence française de développement (AFD), représenté par sa filiale Proparco, à la Fondation Grameen Crédit Agricole. Ce prêt permettra à la Fondation de développer son soutien aux institutions de microfinance, qui accompagnent, principalement en Afrique, les populations exclues du système bancaire classique. Le Groupe AFD s’est également engagé à accompagner la Fondation au travers d’une subvention de 900 000 euros qui permettra la mise en place d’un programme d’assistance technique en microassurance.

Près de 4 adultes sur 10 dans le monde ne possèdent pas de compte bancaire. Ce sont 1,7 milliard de personnes exclues du système bancaire traditionnel. Cette problématique est au cœur de l’action de la Fondation Grameen Crédit Agricole. Depuis près de 12 ans, elle finance et soutient des institutions de microfinance qui servent des populations exclues du système bancaire traditionnel, principalement des femmes (85%) et des populations rurales (82%), dans une quarantaine des pays.

Soutien de la Fondation depuis 2013, le Groupe Agence française de développement accorde un prêt de 10 millions d’euros à la Fondation afin de renforcer son action en faveur des institutions de microfinance de taille petite et intermédiaire basées principalement en Afrique Subsaharienne.

Une subvention de 900 000€ pour soutenir la microassurance

En Afrique, le taux de pénétration de l’assurance est largement inférieur au taux mondial. Or, l’assurance est un levier de développement économique et humain. Elle a un impact important sur l’amélioration de la qualité de vie et protège le capital humain de certains risques, évitant le recours à des stratégies d’adaptation d’urgence.

Depuis 2011, la Fondation Grameen Crédit Agricole soutient la microassurance à travers notamment des activités de recherche et des projets d’assistance technique aux institutions qu’elle accompagne.

Grâce à la subvention de 900 000 euros accordée par le Groupe Agence française de développement, la Fondation pourra développer son offre d’assistance technique en microassurance auprès des organisations soutenues.

« Nous partageons avec l’AFD l’ambition de contribuer à la lutte contre la pauvreté et les inégalités partout dans le monde. Nous sommes très fiers de la confiance que nous porte le Groupe AFD depuis de nombreuses années. Grâce à ces nouveaux financements, nous pourrons renforcer notre action en faveur des institutions de microfinance notamment en Afrique. Nous allons pouvoir également renforcer notre capacité d’accompagnement dans le développement des produits et services d’assurance, y compris des assurances agricoles. Ce partenariat permettra aux clients des institutions –les ménages à faible revenu, les femmes, les petits exploitants agricoles et les micro, petites et moyennes entreprises– de mieux se protéger, d’être plus résilients. », affirme Eric Campos, Délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole et Directeur de la RSE de Crédit Agricole SA.

« Alors que la crise du coronavirus pourrait mettre en péril l’activité de nombreux entrepreneurs africains, l’accès aux services financiers est, plus que jamais, un levier essentiel de soutien au secteur privé et de réduction des inégalités. Dans ce contexte, je suis fier de la mobilisation de l’Agence française de développement aux côtés des entreprises africaines les plus vulnérables, notamment dans le secteur informel. C’est le sens du partenariat avec la Fondation Grameen Crédit Agricole dans le cadre duquel le Groupe AFD poursuit ses engagements en faveur de l’inclusion financière. En permettant à la Fondation d’augmenter son portefeuille d’octroi de prêts, de capital, de garanties et d’assistance technique aux institutions de microfinance, l’AFD agit en renfort de la population africaine, la plus entreprenante au monde », déclare Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement.

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Un Consortium pour soutenir la microfinance en Afrique face à la crise du Covid-19

© In Venture

Dans la crise économique liée au Covid-19, la survenance d’une crise de liquidité et/ou de solvabilité s’avère être l’un des principaux risques auquel les institutions de microfinance font face. Pour y faire face, la Fondation Grameen Crédit Agricole, le Microfinance African Institutions Network (MAIN), la Solidarité internationale pour le Développement et l’investissement (SIDI) et la Fondation ACTES créent un consortium pour mieux accompagner les organisations soutenues en Afrique.

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En avril 2020, le MAIN a adressé un questionnaire à tous ses membres afin de recueillir leurs besoins et savoir quel type d’accompagnement le réseau pourrait leur proposer. Les résultats de cette enquête montrent que la plupart des institutions interrogées rencontrent des difficultés pour la gestion de leur liquidité et se demandent comment continuer à servir de manière pérenne leurs clients dans un tel contexte.

C’est dans ce cadre que s’est constitué le Consortium qui regroupe la Fondation Grameen Crédit Agricole, le MAIN, la SIDI et la Fondation ACTES. L’objectif du Consortium est d’offrir aux organisations soutenues des outils d’analyse et de gestion de risques afin d’anticiper et de gérer au mieux les impacts de la crise sur leur liquidité et leur solvabilité.

Le Consortium proposera ainsi à 50 institutions de microfinance, dont 31 partenaires de la Fondation Grameen Crédit Agricole, principalement en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, un accompagnement sur le thème de la gestion du risque de liquidité et du risque de solvabilité. Les organisations ciblées sont majoritairement des petites institutions (Tiers 3 : portefeuille de prêt < 10 millions de dollars), très présentes en milieu rural.

L’accompagnement prendra la forme d’un cycle de trois formations en ligne pour chaque institution, d’ateliers de travail et d’un coaching personnalisé qui sera assuré par le Cabinet Senbumo. En plus de la gestion de la liquidité et de la solvabilité, les institutions seront formées sur la thématique de la reprise des activités suite à la crise du Covid-19. Le programme débutera le 06 juillet 2020 et s’étendra sur une durée de 6 semaines.

La Fondation Grameen Crédit Agricole publie son 1er Rapport d’impact

Afin de mieux comprendre et de partager les résultats de son action, la Fondation Grameen Crédit Agricole publie son premier Rapport d’impact, une évaluation financière et extra-financière, établie sur la base de données d’activité de 2019. L’évaluation d’impact a été réalisée avec CERISE, cabinet indépendant expert en mesure d’impact et de performance sociale. Ce rapport vise à apporter un éclairage objectif et synthétique de la contribution de la Fondation et de ses modalités d’action en faveur de l’entrepreneuriat à impact et l’accès aux services essentiels.

L’humanité fait face à une période que l’histoire qu’elle n’a jamais connue. La crise générée par le Covid-19 a bouleversé nos sociétés, nos économies, nos activités. Dans un monde où les inégalités se creusent et où les populations à faible revenu sont touchées de manière disproportionnée, l’inclusion financière et l’entrepreneuriat sont des facteurs d’amélioration de la résilience de ces populations vulnérables. Ce sont les leviers d’action de la Fondation Grameen Crédit Agricole qui depuis près de 12 ans contribue à la réduction des inégalités et de la pauvreté via l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact.

Aujourd’hui, la Fondation publie son 1er Rapport d’impact, réalisé avec l’aide méthodologique de CERISE, organisme pionnier spécialisé dans la promotion de la finance responsable. Il vise à apporter un éclairage objectif et synthétique de la contribution de la Fondation et de ses modalités d’action. Définir son modèle d’impact, ses objectifs, ses bénéficiaires et ses leviers d’actions, constitue le premier pas d’une gestion plus active de l’impact et de l’utilité sociale de la Fondation.

Impact direct de la Fondation

La Fondation vise à créer de la valeur durable en conciliant impacts social, économique et environnemental. Son modèle de création de valeur repose sur le soutien à long terme des institutions de microfinance socialement performantes et des entreprises à impact social qui agissent en faveur de l’accès aux services essentiels. La Fondation favorise l’émancipation des femmes par la promotion de l’entrepreneuriat féminin (85% de femmes bénéficiaires de microcrédit via les organisations soutenues) essentiellement en zones rurales (78% des emprunteurs de microcrédits y vivent). L’Afrique Subsaharienne (37% de son encours) et l’Asie du Sud et du Sud-est (29%) sont ses deux zones géographiques de référence.

L’impact des organisations soutenues

La Fondation accompagne également avec de l’assistance technique les organisations financées pour renforcer leurs performances sociales et environnementales. Sur le volet social, le portefeuille de la Fondation est évalué via ALINUS, outil de gestion de la performance social de la microfinance. Dans l’ensemble des domaines évalués, les institutions de microfinance soutenues ont des résultats supérieurs au benchmark du secteur (avec un score de 65% vs. 53% du secteur). En termes de performance environnementale, le suivi est plus récent, mais progresse. A titre d’exemple, 84% des institutions soutenues ont établi une liste d’exclusion d’activités dangereuses pour l’environnement et 42% proposent des produits verts qui financent des pratiques écologiques.

Enfin, la Fondation démultiplie son impact grâce à ses coopérations avec le Crédit Agricole et d’autres acteurs majeurs de l’aide au développement. La Fondation a travaillé en 2019 avec 51 acteurs, privés, publics et solidaires dans une quarantaine des pays.

En 2020, la Fondation poursuivra son travail de mesure d’impact avec un déploiement opérationnel d’outils et d’une étude sur le terrain pour vérifier la solidité de son modèle d’impact. Elle continuera d’écrire les chapitres de son histoire de façon plus collective, plus engagée, plus durable.

Téléchargez le Rapport d’impact ici