Le Fonds FIR de Crédit Agricole investit au Kazakhstan et au Kosovo

©Philippe Lissac/GODONG

La Fondation Grameen Crédit Agricole a lancé en 2018 un fonds d’investissement à impact social en partenariat avec CA Indosuez Wealth (Asset Management) et CACEIS Bank, Luxembourg Branch. Ce fonds offre la possibilité aux Caisses Régionales et aux entités du groupe Crédit Agricole SA d’investir dans le financement des institutions de microfinance qui opèrent en milieu rural dans les pays émergeants.

La Fondation renforce ainsi son soutien aux institutions qui interviennent dans les pays émergents au profit des populations traditionnellement exclues du secteur bancaire et plus spécialement au profit des femmes, qui constituent l’essentiel de la clientèle de ces institutions. Le bénéfice est double : un objectif de rentabilité positive et un impact en termes de financements d’activités génératrices de revenus.

Deux nouvelles institutions de microfinance ont ainsi récemment été financées par ce Fonds. Un prêt de 1,5 millions d’euros a été accordé en monnaie locale à l’institution Asian Credit Fund (ACF) au Kazakhstan. ACF propose des services financiers conçus pour promouvoir le développement des ménages ruraux, la croissance des petites entreprises et l’accession à la propriété. A ce jour l’institution compte 27 000 clients dont 79,5% de femmes et 95,9% de clients en zone rurale. Elle gère un portefeuille de prêts d’un montant global de 13,2 millions d’euros.

Le fonds a également financé l’institution kosovare KRK avec un prêt de 1,5 millions d’euros. KRK a pour mission de fournir un accès aux services financiers dans les zones rurales du Kosovo. Partenaire historique de la Fondation Grameen Crédit Agricole, l’institution compte à ce jour 16 000 clients dont 15,2% de femmes et 60,5% de clients en zone rurale, pour un portefeuille de 38,4 millions d’euros.

Avec ces deux nouveaux investissements, le fonds compte 4 projets soutenus pour un montant total de 5 millions d’euros. Au 30 septembre 2019, avec la confirmation de la participation de Centre Loire, ce sont 21 Caisses régionales qui investissent dans les Fonds. L’encours du FIR s’élève à plus de 9,7 millions d’euros grâce aux investissements de Crédit Agricole Assurance, Amundi et 21 Caisses régionales (Alpes Provence, Alsace-Vosges, Brie Picardie, Centre-est, Centre-France, Centre Loire, Centre-Ouest, Champagne-Bourgogne, Charente-Périgord, Finistère, Franche-Comté, Ille-et-Vilaine, Languedoc, Loire-Haute Loire, Martinique-Guyane, Normandie-Seine, Provence Côte-d’Azur, Réunion, Savoie, Sud Rhône Alpes et Touraine Poitou).

La Lettre N.33 de la Fondation est maintenant disponible

© Philippe Lissac

La Fondation publie sa Lettre N.33. Dans ce numéro, nous vous parlons de nos coopérations avec les entités du groupe Crédit Agricole : le Crédit du Maroc et CACIB en Inde. Ensemble, nous avons mis en place un dispositif permettant d’accompagner et de financer des Institutions de microfinance locales. Nous y travaillons depuis plusieurs mois et c’est avec une véritable fierté que nous vous le présentons.

Vous y découvrirez également un article rédigé par Céline Hyon-Naudin, Chargée d’investissement de la Fondation, qui fait une analyse des similitudes et enjeux communs entre la banque de détail et la microfinance.

Dans cette édition, nous lançons une nouvelle rubrique : Carnets solidaires. Elle présentera des retours d’expérience de Banquiers solidaires partis soutenir les organisations financées par la Fondation. Le premier Carnet est écrit par Haoly Basse, Banquière solidaire de CACIB partie en juillet au Sénégal accompagner Kossam. Cette entreprise sociale vise à développer une filière lait inclusive au Nord du pays. Une belle histoire à ajouter : Kossam est dirigée par Jonathan Michaud, un des premiers Banquiers solidaires, issu de Crédit Agricole Franche Comté.

Bonne lecture !

Cliquez ici pour télécharger la Lettre N. 33

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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole SA est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans près de 40 pays.

 

La Fondation Grameen Crédit Agricole investit à nouveau en Asie Centrale

© Didier Gentilhomme

Au cours des six premiers mois de l’année, la Fondation Grameen Crédit Agricole a réalisé de nouveaux investissements en Asie Centrale. Elle a ainsi accordé un nouveau prêt en USD équivalent à 895 000 euros à l’institution de microfinance Tadjik Humo. Humo est une institution de microcrédit et de dépôt dont l’activité principale est d’offrir des services financiers de qualité et abordables aux populations rurales. A ce jour, cette institution compte près de 57 000 clients dont 42% de femmes et 80,5% de clients en zone rurale.

La Fondation a également accordé un nouveau prêt à OXUS Kyrgyzstan pour un montant en monnaie locale équivalent à 708 000 euros. OXUS Kyrgyzstan est une institution de microfinance qui offre des financements individuels et des prêts de groupe. Les clients d’OXUS travaillent majoritairement dans les secteurs agriculture et élevage. L’institution compte actuellement 7 600 clients dont 55% de femmes et 57,2% de clienst en zone rurale.

La Fondation Grameen Crédit Agricole soutien aujourd’hui 20 institutions de microfinance en Europe de l’Est et Asie Centrale pour un montant total d’engagements de 20,1 millions d’euros, soit 21% des engagements de la Fondation à fin août 2019.

Pour plus d’informations : Organisations soutenues

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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole SA est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans près de 40 pays.

La Fondation accorde sept nouveaux financements en Afrique subsaharienne

Durant le premier semestre de l’année, la Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé sept nouveaux financements en Afrique subsaharienne à des partenaires historiques. Avec ces nouveaux investissements, la Fondation porte le montant de ses engagements en Afrique subsaharienne à près de 41 millions d’euros, soit 41% du montant total des engagements de la Fondation à fin août 2019.

Au Bénin, l’institution de microfinance RENACA a reçu un prêt d’un montant en monnaie locale équivalent à 762 000 euros. RENACA est une institution mutualiste dont la mission est de renforcer de manière significative la base économique des populations rurales. A ce jour l’institution compte 27 000 clients situés à 80% en zone rurale et 59,5% de femmes.

Au Kenya, la Fondation a accordé un nouveau prêt en monnaie locale équivalent à 2 millions d’euros à l’institution de microfinance Musoni. L’institution exploite fortement les technologies de l’information et de la communication afin de gérer ses activités de manière efficace et s’adapter rapidement. A ce jour l’institution compte 44 000 clients dont 66,3% de femmes et 63,3% de clients en zone rurale.

En Ouganda, ENCOT a reçu un nouveau prêt en monnaie locale équivalent à 296 000 euros. Ce prêt a été réalisé dans le cadre de la Facilité Africaine, programme développé par la Fondation Grameen Crédit Agricole en partenariat avec l’Agence Française de Développement pour soutenir les institutions de microfinance de petite taille en Afrique subsaharienne. ENCOT est une institution qui offre des services financiers et de développement entrepreneurial. A ce jour l’institution compte 6 200 clients dont 56% de femmes et 88,4% de clients en zone rurale.

En République Démocratique du Congo, la Fondation a accordé un prêt de 540 000 euros dans le cadre de la Facilité Africaine à l’institution de microfinance Paidek, dont le rôle est de financer le développement de petites activités de commerce ou d’élevage. A ce jour, Paidek compte 15 500 clients dont 51% de femmes et 31,2% de clients en zone rurale.

En Zambie, la Fondation a accordé, également dans le cadre de la Facilité Africaine, un nouveau prêt en monnaie locale équivalent à 300 000 euros à l’institution de microfinance Agora Microfinance Zambia (AMZ). AMZ est une institution de microfinance qui s’adresse tout particulièrement aux personnes ayant de faibles revenus, avec des produits financiers appropriés. A ce jour elle compte 37 100 clients dont 58% de femmes et 85% de clients en zone rurale.

Enfin, au Sénégal, la Fondation a accordé un prêt à CAURIE Microfinance en monnaie locale équivalent à 1,14 millions d’euros. CAURIE a pour mission de contribuer durablement à la promotion économique et sociale des microentrepreneurs. L’institution compte aujourd’hui 72 200 clients dont 99% de femmes et 55% en zone rurale. Un second investissement a été réalisé au Sénégal sous forme de prise de participation au capital de la Laiterie du Berger pour un montant équivalent à 99 700 euros. La Laiterie du Berger, dont la Fondation est actionnaire depuis 2010, est une entreprise sociale qui valorise le lait collecté auprès des éleveurs peuls, au Nord du pays, en le transformant en yaourts et autres produits laitiers vendus sous la marque Dolima.

La Fondation apporte son soutien à trois nouveaux partenaires

© Didier Gentilhomme

Au cours du premier semestre 2019, la Fondation Grameen Crédit Agricole a financé trois nouveaux partenaires en Afrique et en Asie Centrale. Avec ces trois nouveaux partenaires, la Fondation compte à fin août 81 organisations soutenues dans 38 pays.

Elle a ainsi accordé un premier prêt d’un montant en FCFA équivalent à 1,5 millions d’euros à Vital Finance au Bénin, une institution de microfinance fondée en 1998 au Bénin. Née d’un projet de microfinance financé par USAID, Vital Finance a acquis une solide expérience dans le domaine de la microfinance et est aujourd’hui l’une des plus grandes institutions du pays. Vital Finance est principalement active dans les zones périurbaines et compte 29 000 clients actifs dont 66% de femmes.

La Fondation a également accordé un prêt en monnaie locale équivalent à 1,5 millions d’euros à l’institution de microfinance Entrepreneur Financial Centre Zambia (EFC) en Zambie. C’est la plus grande institution de microfinance de dépôts réglementée du pays. L’institution, créée par CARE Zambia en 1996 en tant que projet de microfinance, a pour but de proposer des solutions en matière de fonds de roulement aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME), en mettant l’accent sur l’innovation de produits adaptés aux besoins du client. A ce jour elle compte près de 4 000 clients dont 44% de femmes et 6% de clients ruraux.

Enfin, la Fondation a également accordé un premier prêt d’un montant de 890 000 euros à l’institution e microfinance Salym Finance au Kirghizistan.Cette institution, créée en 2007 par quatre entrepreneurs kirghizes, a pour mission de soutenir la création et le développement d’activités génératrices de revenus et d’offrir l’accès à des services financiers aux populations exclues du système bancaire classique. Actuellement, l’institution compte près de 12 500 emprunteurs actifs dont 53% de femmes et 74% de clients en zone rurale et gère un portefeuille de 16,5 millions d’euros.

Pour plus d’informations.

Carnets solidaires : une Banquière solidaire au Sénégal

Par Haoly Basse, Crédit Agricole CIB

© FGCA

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Découvrez la tribune d’Haoly Basse, Banquière solidaire de CACIB qui est partie en juillet au Sénégal accompagner KOSSAM, entreprise sociale soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Quand j’ai découvert le programme Banquiers solidaires, je me suis sentie en connexion avec les valeurs d’engagement, de solidarité, de partage portées par les missions proposées. J’ai pris conscience que les valeurs véhiculées par Crédit Agricole n’étaient pas que « de beaux mots » affichés et qu’elles se traduisaient aussi par des actions inspirantes, visibles et concrètes.

J’ai donc choisi de postuler à une mission « numérique » en faveur de KOSSAM Société de développement de l’élevage (KSDE) au Sénégal, une mission qui me tenait davantage au cœur étant originaire du Nord du Sénégal. KOSSAM est une entreprise sociale, filaire de la Laiterie du Berger, qui travaille avec près de 450 éleveurs locaux et vise à développer une filière laitière durable au Nord du pays. L’objectif de la mission était d’accompagner l’entreprise dans le déploiement de l’application digitale « Com care » qui permettra d’améliorer les conditions de collecte et la connaissance de l’entreprise sur ses éleveurs-fournisseurs.

Après une série d’entretiens avec l’équipe de la Fondation, j’étais confirmée en tant que Banquière solidaire avec en plus le soutien de mon employeur Crédit Agricole CIB, qui a pris en charge 50% du temps de mission en mécénat de compétences. L’aventure commençait.

Visites matinales, rencontres et apprentissage

Les échanges en amont de la mission avec l’équipe de la Fondation et de KOSSAM m’ont permis de bien me préparer pour la mission intense qui s’annonçait. Je suis arrivée le samedi 29 juin à Dakar, accueillie à l’aéroport par Jonathan Michaud, un des premiers Banquiers solidaires issu de Crédit Agricole Franche Comté, parti en mission deux ans comme Directeur général de KOSSAM.

Le lendemain j’ai participé à la Convention annuelle des éleveurs fournisseurs organisée à Saly par la Laiterie du Berger. Une belle occasion pour moi de participer à un temps fort pendant lequel j’ai observé une forte cohésion des éleveurs et des équipes de La Laiterie du Berger et de KOSSAM autour de défis de la filière lait.

Le lundi suivant fût ma première journée de travail à Richard Toll. Comme c’était le jour de paie, j’ai pu rencontrer la plupart des éleveurs qui travaillent avec KOSSAM. Les jours suivants, j’ai fait plusieurs visites de terrain qui commençaient à 5h du matin pour aider les équipes de KOSSAM au déploiement de l’application digitale « Com Care », destinée à collecter les volumes de lait auprès des éleveurs et à alimenter la base de données de l’entreprise. Les besoins des utilisateurs sont divers : gagner du temps dans leurs travaux, disposer des données fiables et partagées en temps réel, automatiser des tâches répétitives, mettre en place des procédures et disposer d’un système d’information fiable. Les échanges avec les éleveurs ont été riches et instructifs, notamment concernant la mise en place des mini-fermes, un des piliers de développement de KOSSAM.

En plus de visiter plusieurs fermes, j’ai également visité l’usine de la Laiterie du Berger. La description par le chef d’atelier des procédés industriels de conception des produits laitiers m’a captivé ; j’ai été marquée par son professionnalisme et sa technicité. J’ai aussi participé à l’inauguration de fontaines à eau dans un des magasins de vente d’aliments en brousse. Un beau moment de partage et de fête.

10 jours après, les prochaines étapes

Grâce à toutes les données collectées, j’ai pu alimenter mon analyse de l’existant et produire des recommandations pour accélérer la digitalisation de l’entreprise. Les prochaines étapes consisteront à mettre en place un système d’information fiable pour KOSSAM qui permettra de s’appuyer sur des données en temps réel et partagées pour piloter l’activité au quotidien et développer l’activité de l’entreprise.

Cette mission a été révélatrice pour moi, car je n’aurais jamais imaginé qu’être près du monde agricole m’aurait autant plu. J’ai apprécié d’être proche des éleveurs et des équipes locales, de partager leur quotidien, de les écouter et de voir l’impact de leurs actions et leur travail collectif sur le terrain. Une expression africaine dit « on est fauché mais pas fâché », je la trouve très révélatrice de l’entraide, de la solidarité, que j’ai pu observer tout au long de ma mission. Ces valeurs sont très ancrées au Sénégal et c’est revigorant de les partager.

Je reviens sur Paris transformée avec le désir de retourner au Sénégal car il y a un potentiel énorme de développement. Je retiens une riche expérience professionnelle ainsi qu’une belle aventure humaine qui a renforcé mes attaches au sein du groupe Crédit Agricole.

Lettre #33 à télécharger ici

Microfinance et Banque de détail : regards croisés

Par Céline Hyon-Naudin, Fondation Grameen Crédit Agricole

© Didier Gentilhomme

La microfinance est l’ensemble des services et produits financiers accessibles aux personnes exclues du système bancaire classique. Aujourd’hui, le secteur de la microfinance compte 139 millions de bénéficiaires pour un encours total de prêts estimé à 114 milliards de dollars (1). Au-delà de l’objectif de favoriser l’inclusion financière, la microfinance s’adapte et innove constamment pour être un levier de développement économique via l’entrepreneuriat.

Ce financement de l’entrepreneuriat est un point commun clé entre la microfinance et la banque de détail. Tout comme la microfinance, la banque de détail offre de solutions financières pour promouvoir des activités génératrices de revenus. Dans le Livret des 10 ans de la Fondation publié l’année dernière, nous avons comparé les chiffres des institutions soutenues par la Fondation et d’une banque régionale « moyenne » (2) de petite taille et avons identifié plusieurs analogies. Cet article est un coup de projecteur des enjeux communs identifiés.

Quelques éléments de comparaison

Banques de détail et institutions de microfinance (IMF) partagent certains objectifs et modes opératoires. Par exemple, l’organisation commerciale d’une IMF est semblable à celle d’un réseau bancaire classique avec un chargé de clientèle qui suit un portefeuille. Toutes deux s’exercent au cœur des territoires, à proximité de leurs clients. La microfinance a évolué pour diversifier son offre financière, se rapprochant de celle d’une banque de détail : prêt, épargne, transferts d’argent, assurance, paiement mobile, placements, reflétant la variété des besoins des clients et des entreprises.

Par ailleurs, les IMF et les banques de détail exercent leur métier en cherchant à maîtriser leurs coûts et leur risque, tout en visant à générer un résultat économique positif et résilient, capable d’assurer la pérennité de leur mission.

Pour autant, la structure des revenus et des coûts diffère grandement entre les deux modèles. Le coût d’exploitation (par exemple les charges liées aux déplacements des agents de crédit, qui ont au minimum entre 250 à 300 clients) est élevé chez une IMF : il représente 50 à 60% des charges.

La composition des revenus présente également des différences structurelles. Les montants et la durée moyenne des prêts sont plus modestes en microfinance : les microcrédits sont en général inférieurs à un an et le prêt moyen (de nos partenaires) est de 765€ contre 16 000€ pour une banque régionale moyenne. Une IMF a des revenus presqu’exclusivement liés à l’activité de financement, contrairement à une banque de détail, aux produits plus étendus et moins soumise à l’activité de financement. En conséquence, les revenus des IMF sont essentiellement tirés par la marge nette de financement : les revenus d’intérêts sur les crédits représentent 88 à 99% des revenus des IMF, très loin des 51% de la banque régionale moyenne.

Les taux d’intérêt du secteur de la microfinance sont plus élevés que ceux de la banque de détail, notamment en raison des coûts opérationnels. Toutefois, l’éthique et l’exigence d’impact conduisent le secteur à optimiser ses coûts d’exploitation. Le tableau ci-dessous présente une comparaison des coûts, revenus et marges par client d’une IMF partenaire et d’une banque de détail. Bien que les écarts soient importants entre régions, la marge par client est positive pour les IMF. La microfinance reste un secteur économique viable, même si les IMF doivent faire face à des défis importants, communs d’ailleurs à la banque de détail.

Des enjeux communs pour la microfinance et la banque

Avec 1,7 milliards d’adultes non bancarisés (3), la microfinance et la banque doivent continuer à innover pour les atteindre. Deux pistes s’offrent à elles : la finance digitale et la résilience face au changement climatique.

La finance digitale transforme le monde de la finance, en le rendant plus agile : Les nouvelles technologies offrent des services financiers numériques qui améliorent à la fois l’efficacité opérationnelle des institutions financières et augmentent la portée de leurs services. L’amélioration des processus opérationnels doit permettre de diminuer les coûts d’exploitation, développer de nouveaux canaux de distribution et toucher de nouveaux marchés. La diffusion de services financiers par ces nouvelles technologies est un pilier de l’accélération financière actuelle. Le potentiel est significatif : sur les 1,7 milliard d’adultes non bancarisés, un milliard possède un téléphone portable et 480 millions ont accès à internet (4).

Le financement de la transition écologique est un autre enjeu commun. Au contact direct avec les petits producteurs, les IMF renforcent le développement des économies rurales. Les petits agriculteurs sont déjà fragilisés par la petite taille de leur exploitation (80% ont une exploitation inférieure à 2 ha) et leur faible insertion dans des filières agricoles (seuls 7% sont formellement insérés dans des chaînes de valeur commerciales). Le changement climatique fait peser un risque supplémentaire et tant les IMF comme la banque de détail doivent innover pour octroyer des financements mieux adaptés aux cycles et aux risques agricoles et favoriser de nouvelles pratiques culturales encourageant la résilience et l’adaptation au changement climatique. La microfinance et la banque de détail se positionnent aussi autour de solutions financières comme celles favorisant l’accès à l’énergie verte destinées à promouvoir la transition écologique.

Ces défis communs rapprochent ces deux branches du système financier qui jouent un rôle puissamment inclusif dans le développement économique et le progrès social et environnemental. Nombreuses sont les synergies à exploiter entre la microfinance et la banque classique. A son échelle et aux côtés du groupe Crédit Agricole et ses IMF partenaires, la Fondation continuera à contribuer à faire progresser la finance responsable et inclusive.

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(1) Le Baromètre de la Microfinance 2018 : //www.convergences.org/barometre-de-la-microfinance/
(2) La banque régionale moyenne est le fruit de calculs basés sur les chiffres fournis par des établissement régionaux français qui ont permis d’établir un profil moyen.
(3) Global Findex 2017
(4) Ibid

La Fondation Grameen Crédit Agricole investit dans trois nouveaux pays

© Philippe Lissac

Au cours du premier semestre 2019, la Fondation Grameen Crédit Agricole a réalisé de nouveaux investissements dont trois dans de nouveaux pays. Elle a ainsi financé pour la première fois l’institution de microfinance LAPO en Sierra Leone, pour un montant équivalent de 385 000 euros. La mission de LAPO est d’offrir des services financiers qui répondent aux besoins des personnes économiquement actives, de manière rentable et innovante. C’est une IMF qui s’engage à développer le secteur de la microfinance en Sierra Leone sur la base des meilleures pratiques en matière de microfinance et à renforcer le secteur en vue de développer une culture du crédit. A ce jour, l’institution compte près de 22 000 clients, dont 97,3% de femmes. Cette clientèle se situe à 74% en zone rurale.

La Fondation a également réalisé un premier financement d’un montant équivalent à 500 000 euros auprès de l’institution de microfinance nigérienne ACEP Niger. ACEP Niger est une IMF spécialisée dans le financement des très petites entreprises en milieu urbain. Elle gère des prêts et des produits d’épargne destinés aux petites et micro-entreprises urbaines et périurbaines rejetées par le système bancaire traditionnel. Conformément à sa priorité en matière de responsabilité sociale d’entreprise, l’ACEP Niger a adopté les principes de protection du client de la SMART Campaign. Elle veille ainsi à protéger ses emprunteurs contre le surendettement. A ce jour l’institution compte près de 4 000 clients dont environ 25% de femmes. La totalité de la clientèle d’ACEP Niger se trouve en zone urbaine.

Enfin, la Fondation a également accordé un premier prêt d’un montant équivalent à 493 000 euros à VisionFund Rwanda, une institution de microfinance filiale de VisionFund International dont la mission est de fournir des services financiers et non financiers aux communautés rurales défavorisées. VisionFund Rwanda sert principalement les femmes vulnérables ayant des enfants et lesjeunes dans les zones rurales et leur offre des opportunités d’autonomisation économique. Les produits proposés et la stratégie sont axés sur le renforcement et l’offre de services financiers aux associations villageoises d’épargne et de crédit ett aux groupes. A ce jour l’IMF compte près de 12 000 clients dont 62% de femmes et 85% de clients en zone rurale.

Au premier trimestre, la Fondation réalise trois nouveaux investissements en Asie

© Didier Gentilhomme

Au cours du premier semestre 2019, la Fondation Grameen Crédit Agricole a réalisé trois nouveaux investissements en Asie, dont une garantie en Inde en partenariat avec CA-CIB Inde.

Au Cambodge, Phare Performing Social Enterprise (PPSE) s’est vue accorder un prêt d’un montant équivalent à 332 000 euros. Ce partenaire, dont la Fondation détient 15,5% du capital depuis 2013, est une entreprise sociale qui crée, produit et diffuse des spectacles vivants et qui emploi des jeunes artistes issus de milieux défavorisés.

Au Myanmar, la Fondation a également accordé un nouveau prêt de 1,8 millions d’euros à Vision Fund Myanmar, une institution de microfinance qui prête de petites sommes d’argent à des personnes qui n’ont pas d’antécédents de crédit mesurables, des actifs pour sécuriser les prêts ou l’accès aux sources de financement classiques. A ce jour l’institution compte 183 000 clients actifs dont plus de 85% de femmes et près de 52% de clients ruraux.

Enfin en Inde, la Fondation, en partenariat avec Crédit Agricole CIB Inde, a mis en place une garantie d’un montant en monnaie locale équivalent à 5,5 millions d’euros pour le compte de Fusion Microfinance Private Ltd. Fondée en 1994 dans le nord de l’Inde, l’institution offre des produits et services financiers à des personnes à faibles revenues. A ce jour, elle compte 1,4 millions de clients, exclusivement des femmes, situées à 90% en zone rurale.

La Fondation et CACIB ensemble pour soutenir la microfinance en Inde

© FGCA

La Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (Crédit Agricole CIB) s’associent pour accompagner et financer des institutions indiennes de microfinance qui soutiennent les projets des populations exclues du système bancaire classique. Au travers de ce partenariat, le groupe Crédit Agricole mobilise ses compétences pour la finance inclusive en Inde et engage une enveloppe de financements à hauteur de 12 millions d’euros.

Des prêts pour un montant global de 12 millions d’euros équivalents en monnaie locale pourront être accordés par Crédit Agricole CIB à des institutions de microfinance indiennes sous la garantie et le suivi de la Fondation Grameen Crédit Agricole. La Fondation s’occupera de l’origination et de l’instruction des dossiers de financements et de leur suivi. Les prêts octroyés aux institutions permettront de favoriser l’accès du plus grand nombre à des services financiers pour encourager le développement d’activités créatrices de revenus. Les populations rurales et les femmes entrepreneures en seront les principales bénéficiaires.

Au travers de ce partenariat, Crédit Agricole CIB se positionne comme un acteur engagé pour la finance inclusive en Inde. « La complémentarité des savoir-faire a joué ici de manière optimale, la Fondation apportant sa profonde compréhension des enjeux de la microfinance et les succursales indiennes de Crédit Agricole CIB leur connaissance éprouvée de la réglementation bancaire locale, complexe et évolutive » déclare Emmanuel Bouvier d’Yvoire, Senior Country Officer de Crédit Agricole CIB pour l’Inde. Présent en Inde depuis 1981, Crédit Agricole CIB est implanté à Bangalore, Chennai, Delhi, Mumbai et Pune.

« Aux côtés de Crédit Agricole CIB nous soutenons les institutions qui favorisent le développement des économies rurales en Inde. Cette coopération démontre l’engagement du Groupe à agir chaque jour dans l’intérêt de la société » affirme Eric Campos, Délégué général de la Fondation et Directeur de la RSE de Crédit Agricole S.A.. Pour la Fondation, c’est une grande opportunité de travailler en Inde où la microfinance est très développée mais où l’exclusion financière reste un défi à relever.

Le premier financement est l’octroi d’un prêt de 5 millions INR, garanti à hauteur de 100 % par la Fondation, à la société indienne Fusion Microfinance. Cette société offre des produits et services financiers à plus de 1 254 007 femmes, principalement en zones rurales (86 %), qui composent la totalité de sa clientèle. L’institution a un portefeuille de 237 millions d’euros. Elle est présente dans 17 Etats indiens, avec un réseau de 440 agences et 3 695 employés.