Les démarches responsables des institutions face aux effets du Covid-19

Par Fondation Grameen Crédit Agricole

En avril dernier, l’étude d’Africa’s Pulse, revue du groupe de la Banque Mondiale, estimait que la croissance économique en Afrique subsaharienne passerait de +2,4% à une fourchette comprise entre -2,1% et -5,1% ce qui constituerait la première récession dans la région depuis 25 ans. Cette récession devrait frapper les pays dépendants des exportations minière et pétrolières tandis que les pays ne disposant pas de ressources naturelles devraient afficher une croissance ralentie mais positive.

La Fondation Grameen Crédit Agricole, en lien permanent avec son réseau de 80 institutions de microfinance (IMF) et entreprises sociales partenaires présentes dans 40 pays, continue son travail de collecte d’informations, d’analyse et de partage de ses observations. Les témoignages privilégiés de nos partenaires nous permettent de continuer notre suivi de la crise et de ses conséquences. Sur ce dernier questionnaire nous nous sommes concentrés sur deux aspects particuliers : les adaptations opérationnelles des IMF et le rôle des agents de crédit pendant cette crise.

En synthèse

La crise économique est devenue une réalité pour la grande majorité des institutions de microfinance accompagnée par la Fondation Grameen Crédit Agricole. Elles ont quasiment toutes mis en place des programmes massifs de reports d’échéance pour faciliter la reprise économique de leurs emprunteurs.

Les agents de crédits de ces Institutions constituent le point de contact privilégié entre les clients et les institutions de microfinance. Ils passent près de la moitié de leur temps de travail à étudier les demandes de reports des échéances de crédits et à les mettre en place.

Les institutions ont rapidement adopté des programmes d’allègement de leurs charges, en veillant à la protection sociale de leurs employés et à la sauvegarde des emplois. Seules 12% d’entre elles ont procédé à des licenciements économiques de collaborateurs ce qui est relativement faible comparativement aux moyennes nationales. En revanche, les institutions reportent leurs programmes de recrutements et une grande partie de leurs investissements. Elles semblent également chercher à orienter leurs financements vers des secteurs considérés aujourd’hui comme moins risqués. C’est notamment le cas de l’agriculture. Cette observation est récente. Elle reste à confirmer et sera suivi attentivement dans nos prochains points d’actualité.

En cherchant pro activement des remparts à la crise, en assurant des démarches responsables, les IMF sont dans la bonne voie : les solutions innovantes d’aujourd’hui pourront également être leurs succès de demain.

Les institutions se concentrent désormais sur le traitement des risques

Alors que la crise sanitaire semble marquer le pas dans les pays ayant adopté les mesures les plus efficaces, les plans de sortie du confinement permettent d’entrevoir une reprise très progressive de l’activité économique. Nos derniers résultats confirment ce que nous observons depuis plusieurs semaines : la capacité d’adaptation remarquable des institutions de microfinance face à une crise sans précédent.

Près de 90% des institutions ont mis en place un comité de crise, présidé par le Directeur général et réunissant le comité de direction, pour piloter les différentes décisions et affronter les effets de la crise. Ce comité se tient généralement toutes les semaines.

« Nous avons créé une “équipe de gestion de crise” composée des membres du comité exécutif et soutenue par le président du conseil d’administration chaque fois que cela est nécessaire. Nous avons une réunion hebdomadaire avec le conseil d’administration pour faire le point sur la situation et valider les principales décisions » – Partenaire au Myanmar

Les effets de la crise se font désormais sentir sur 81% des partenaires sondés qui font état d’une montée des risques sur leur portefeuille de clientèle. Y répondre concentre l’essentiel des efforts des institutions de microfinance, désormais, au détriment d’autres activités considérées aujourd’hui comme moins essentielles (elles étaient près d’une sur deux à fournir ce type de prestations début avril contre une sur trois aujourd’hui). Cette diminution de l’activité destinée à la fourniture de services non financiers (campagne de sensibilisation, d’information, fourniture d’équipements…) permet une croissance forte des activités dédiées à la restructuration des crédits.

« Pour soutenir nos clients au cours des prochains mois, nous proposons la suspension des versements du principal et des intérêts à tous les clients qui n’étaient pas dans le portefeuille à risque au 1er mars. A ce jour, 75% des clients contactés ont accepté. La procédure va se poursuivre » – Partenaire en Côte d’Ivoire

Les institutions s’adaptent sur les plans financier et de l’activité

Le tableau ci-après montre la progression des difficultés rencontrées et les moyens d’atténuation mis en œuvre pour y faire face.

Sur le plan financier

La volatilité des monnaies dans ce contexte pèse sur les trésoreries des institutions : 64% des répondants hors zone Franc CFA font ainsi face à une forte dévaluation de leur monnaie locale face au dollar. Cette dévaluation impacte directement les institutions qui se sont endettées dans cette monnaie puisqu’elles-mêmes perçoivent très majoritairement les intérêts de microcrédit en monnaie locales.

« La situation s’aggrave encore avec la dévaluation importante du KGS au cours des derniers mois, ce qui contribue à augmenter le coût de couverture de change » – Partenaire au Kirghizstan

Les informations fournies par nos partenaires lors de ce sondage confirment aussi les dispositions quasi-obligatoires prises par les IMF pendant la crise : 67% des IMF interrogées ont réduit ou arrêté les décaissements de microcrédits. Dans une même proportion les institutions ont commencé à restructurer massivement les prêts accordés aux petits emprunteurs en accordant des reports d’échéances de 3 mois, en moyenne. Ces périodes de moratoires constituent un élément véritablement essentiel de la gestion de crise, à tous les niveaux. Qu’ils soient mandatés par les régulateurs locaux, ou proposés spontanément par les IMF, ils permettent aux emprunteurs de bénéficier d’un allègement des charges avant une reprise de leurs activités. De la même façon, les nombreux processus de reports des échéances des investisseurs permettent aux IMF de conserver de précieuses liquidités dans une période d’incertitude. La Fondation Grameen Crédit Agricole a ainsi accordé de nombreux reports d’échéance en avril, en parfaite concertation avec les autres prêteurs.

La crise n’entame pas pour autant la proactivité des IMF et les incite à s’adapter. Pour cela, certaines cherchent des secteurs plus résilients dans ce contexte de crise économique. C’est ainsi que nous avons constaté que 40% des institutions envisagent de s’orienter vers le secteur agricole alors que ce secteur était plutôt délaissé car considéré comme plus risqué avant la crise. Ce point sera particulièrement suivi lors des prochains questionnaires tant ce pourcentage nous semble marquer un changement d’attitude notable. Cette nouvelle orientation est envisagée par plus de la moitié d’IMF dont le montant des prêts agricoles ne dépasse pas un tiers de leur portefeuille, mais également par des IMF très rurales et agricoles. Il est encore trop tôt pour le dire mais la crise actuelle pourrait encourager les institutions à découvrir des secteurs traditionnellement délaissés.

« Nous allons de l’avant avec des plans sur le financement rural et agricole » – Partenaire en Sierra Leone

Sur le plan de l’activité

Concernant l’activité, les difficultés de déplacement des équipes tendent à se résorber quelque peu : 55% éprouvent des difficultés en mai contre près de 80% en avril. En revanche, les réunions de groupe sont toujours prohibées, l’interdiction est d’ailleurs en croissance, ce qui pénalise les processus relationnels des institutions, en premier lieu avec les clients qui n’ont pas d’alternative aux prêts solidaires.

« Les réunions de groupe étaient hebdomadaires ou bihebdomadaires pour les remboursements et les rencontres sociales. Sans réunion de groupe, vous ne pouvez plus exiger le remboursement » – Partenaire au Kenya

Sur le plan social, seulement 12% des sondés ont dû se séparer d’employés depuis le début de la crise ce qui est cependant assez peu en comparaison des moyennes nationales de croissance des chiffres du chômage. Nos partenaires semblent suivre le premier principe érigé par SPTF (1)  « Keep staff employed » selon lequel « les employés d’aujourd’hui seront les atouts demain ». Pour un grand nombre de nos partenaires, se séparer de salariés en période critique semble une perte plus importante qu’un léger gain économique conjoncturel. En revanche, les anticipations pèsent déjà sur les projets de croissance et de développement de nos partenaires puisque près d’une institution sur deux a mis en attente ces projets de recrutement en cours. Cette incertitude pèse également sur les projets organisationnels avec 41% des IMF interrogées qui ont décidé de reporter ce type de projets internes.

La protection du personnel est toujours un point de vigilance avec 90% des IMF qui continuent à lui fournir des moyens importants et à lui rappeler les gestes barrières. Dès le début de la crise, nos partenaires ont pris des décisions rapides pour diminuer le poids de leurs charges fixes et limiter le risque d’exposition à la crise sanitaire : congés payés obligatoires (52%), télétravail (62%), rotation des équipes réduction du temps de travail (57%) ou encore réduction des horaires d’ouverture des agences (52%). Le niveau d’avancement de digitalisation interne de certaines institutions a favorisé ces mutations organisationnelles. C’est le cas notamment pour nos partenaires en Europe et en Asie Centrale, qui bénéficient de nombreux outils électroniques et en ligne.

« La plupart d’entre nous, au siège, travaillons à distance, grâce à notre propre système informatique à distance qui permet à tous les départements de continuer à travailler sans problème » – Partenaire en Géorgie

La crise actuelle qui, nous l’avons vu, limite les capacités de « business as usual » des IMF, nous a amené à étudier l’adaptation du métier d’agent de crédit, au cœur du métier de la microfinance. Certaines missions restent les mêmes, notamment pour les IMF dans les pays les moins affectés : déboursements de prêts (43%), suivi des remboursements (38%) ou analyse des dossiers clients (43%).

La restructuration de prêts en cours prend une place de plus en plus importante dans le quotidien des agents de crédit (43%), avec l’encouragement à utiliser des paiements mobiles (36%) et la rédaction des avenants liés aux reports d’échéances (31%).

Tout comme dans le secteur de la banque de détail, où le chargé de clientèle a démontré toute son importance en période de crise, les agents de crédits des institutions de microfinance sont le lien privilégié des clients. 81% des sondés affirment que le rôle essentiel des agents de crédits est de maintenir le contact avec les clients et/ou les leaders de groupes de crédit.

Nous maintenons le contact avec tous les clients individuels, les chefs de groupe et les présidents de banque de village par le biais de canaux digitaux et téléphoniques. – Partenaire en Zambie

Renforcer l’interaction avec les clients par téléphone (intelligent) ou autres appareils numériques et réaliser le recouvrement par l’intermédiaire du chef de groupe si possible – Réseau international d’IMF

Cette démarche essentielle et massive est d’autant plus à privilégier qu’elle est reconnue par la Social Performance Task Force (SPTF) dans ses principes responsables de crise ,  comme étant essentielle en période de fragilité de la clientèle. Remarquons également que 33% des IMF ont initié des sondages auprès de leurs clients pour mieux comprendre leurs besoins et proposer des offres et services adaptés. Pour près de la moitié des IMF (43%) les conseillers ont également le rôle de « conseiller sanitaire » en rappelant les bonnes mesures d’hygiène, c’est le cas notamment en Afrique de l’Ouest et en Europe.

“L’un des meilleurs investissements que vous puissiez faire en ce moment est de maintenir un contact rapproché avec vos clients. Beaucoup ne peuvent pas effectuer de paiements, mais ils représentent malgré tout des atouts précieux”. – SPTF

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(1) SPTF est une organisation à but non lucratif qui s’engage avec des parties prenantes de la finance inclusive pour développer et promouvoir des normes et bonnes pratiques de gestion de la performance sociale.

Crédit Agricole et Dai-ichi Life s’associent pour la microfinance en faveur des femmes

©Philippe Lissac

14 mai 2020. Parmi les 1,7 milliard d’adultes non bancarisés à travers le monde, les femmes sont surreprésentées : environ 980 millions d’entre elles ne possèdent pas de compte bancaire, ce qui correspond à 56 % des personnes non bancarisées dans le monde (Banque mondiale). Elles font donc partie de la population cible de la microfinance, qui fournit une gamme de produits et de services financiers aux personnes exclues du système bancaire.

Afin de soutenir le développement de la microfinance en faveur des femmes, Dai-ichi Life Insurance Company Limited, la succursale de Crédit Agricole CIB à Tokyo et la Fondation Grameen Crédit Agricole ont mis en place un dispositif innovant. Dai-ichi Life Insurance Company a investi 2 milliards de yens dans un schéma de prêt sur 10 ans, structuré par Crédit Agricole CIB, pour favoriser la microfinance en faveur des femmes. Ce dispositif permettra à la Fondation Grameen Crédit Agricole de soutenir les institutions de microfinance qui accompagnent les femmes et les entreprises sociales dans les économies rurales des pays en développement.

Il s’agit du tout premier programme de prêt de ce type mis en place par le groupe Crédit Agricole. « Cette opération hors du commun illustre parfaitement les Ambitions du Projet Groupe 2022. Elle réaffirme notre modèle orienté vers les clients et nos efforts visant à leurs proposer des solutions innovantes en Asie, tout en renforçant notre engagement en faveur de l’investissement responsable », déclare Michel Roy, Senior Regional Officer de Crédit Agricole CIB pour l’Asie-Pacifique.

Avec ce partenariat, Dai-ichi Life Insurance Company renforce son engagement en faveur des investissements à fort impact social. « Nous sommes honorés de soutenir financièrement la Fondation Grameen Crédit Agricole et son action en faveur de l’inclusion financière et entrepreneuriale des femmes dans les pays en développement. En tant qu’investisseur institutionnel responsable, Dai-ichi Life continuera à s’engager activement dans les investissements ESG et contribuer à la mise en place d’un cadre social durable dans le monde », a affirmé Tetsuya Kikuta, Directeur et cadre exécutif de la société.

Pour la Fondation, il s’agit d’une formidable opportunité de renforcer son action dans les pays en développement. « Aux côtés de Crédit Agricole CIB et de Dai-ichi Life, nous allons accroître notre soutien en faveur de l’autonomisation des femmes par le biais de la microfinance et de l’entrepreneuriat féminin. Nous sommes très fiers de faire partie de ce partenariat innovant et unique dans l’histoire du groupe Crédit Agricole », a commenté Eric Campos, Directeur général de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Une coalition internationale pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients dans la crise du Covid-19

©Philippe Lissac

A l’initiative de la Fondation Grameen Crédit Agricole, un groupe de bailleurs de fonds et de plateformes de la microfinance a travaillé sur un ensemble de principes pour mieux soutenir le secteur de la microfinance dans la crise sanitaire et économique provoquée par le Covid-19. Fondation Grameen Crédit Agricole, ADA, Alterfin, Cerise, CIDR Pamiga, Cordaid Investment Management, Crédit Agricole CIB Inde, CA Indosuez Wealth (Asset Management), European Microfinance Network, FS Impact Finance, InFiNe.lu, Inpulse, Luxembourg Microfinance And Development Fund, MCE Social Capital, Microfinance Center, Rabo Foundation, SIDISIMA et Social Performance Task Force sont les premiers signataires d’un engagement commun qui vise à soutenir les institutions de microfinance et les clientèles fragiles pendant cette crise.

A l’échelle mondiale, les institutions de microfinance fournissent des produits et des services financiers et non financiers à plus de 140 millions de clients à faible revenu [1]. La microfinance joue un rôle essentiel dans le financement d’activités génératrices de revenus dans le secteur formel mais également dans le secteur informel. Dans le contexte de la crise du Covid-19, les microentreprises de l’économie informelle et les petites entreprises forment une pièce maîtresse dans la reprise économique et sociale.  Soutenir les institutions de microfinance dans ce contexte revêt dès lors une importance capitale pour protéger leurs emprunteurs les plus vulnérables.

Face à ces enjeux, un groupe de bailleurs et plateformes de la microfinance ont relevé le défi et établi un engagement commun : « Principes clés pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients dans la crise du Covid-19 ». Il vise à guider les bailleurs et les autres parties prenantes afin de mieux soutenir les institutions de microfinance et les clientèles fragiles pendant cette crise. Il s’inspire des meilleures pratiques et des outils du secteur de la microfinance, tels que les travaux effectués par le Social Performance Task Force [2] et les principes d’IAMFI sur le rééchelonnement de la dette en microfinance [3].

Les principes fondamentaux de cet engagement sont la mise en commun des informations, analyses et anticipations disponibles ainsi que la mise en œuvre concertée des décisions partagées. Les signataires conviennent de coordonner les politiques, l’assistance technique et les ressources afin d’aider les institutions de microfinance à faire face à la crise. L’objectif est de protéger aussi bien les institutions de microfinance que leurs clients pour garantir un accès continu au financement dans les meilleures conditions possibles et veiller au bien-être des clients et du personnel.

Étant donné que les obligations et mandats individuels peuvent influer sur la manière dont les dispositions de l’engagement sont mises en œuvre, il ne s’agit pas d’un accord juridiquement contraignant. Ce n’est pas un document figé ; il pourrait être amélioré si besoin pour mieux répondre à l’évolution de la crise. Les signataires de l’engagement maintiendront une communication ouverte avec leurs pairs, pour partager leurs décisions et pour se conformer à ces principes.

Les signataires invitent d’autres parties prenantes à se joindre à cette initiative commune et engagée. L’implication des acteurs privés, publics et solidaires est au cœur du suivi et du soutien aux actions des institutions de microfinance au niveau mondial. Il est essentiel de renforcer l’impact de l’inclusion financière pour lutter contre la pauvreté dans ce contexte sans précédent.

Télécharger l’engagement

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[1] Baromètre de la microfinance 2019
[2] //sptf.info/resources/covid19
[3] Charting the Course: Best Practices and Tools for Voluntary Debt Restructurings in Microfinance, IAMFI, Morgan Stanley, 2011. The document is available on Findev Gateway  

[Interview] CA Centre-est renforce son soutien à l’opération Centimes solidaires

Interview d’Aurélie Bellemin, Directrice, Fondation Solidarités by CA Centre-Est

©FGCA

Au sein de groupe Crédit Agricole, Centimes solidaires prend son envol. Après une première édition réussie en 2018 sur les Campus de Montrouge et Saint-Quentin, la nouvelle édition s’est déroulée du 18 au 22 novembre 2019. Organisée par la Fondation Grameen Crédit Agricole, Crédit Agricole S.A. et CA Centre-est, l’opération a changé d’échelle et s’est étendue aux trois restaurants d’entreprise du CA Centre-est Lyon-Champagne-au-Mont-d’Or, Bourg-en-Bresse et Mâcon).

Avec plus de 8 600 € collectés sur l’ensemble des sites, les fonds financeront le programme ICI d’Entrepreneurs du Monde qui accompagne des projets d’entrepreneuriat portés par des réfugiés, des parents isolés et des personnes sans domicile fixe.

— Qu’est-ce que l’opération Centimes solidaires ?

Aurélie Bellemin, Déléguée générale : C’est une belle aventure collective au sein du Crédit Agricole pour financer des projets à impact social. Sur 5 sites du Groupe, les collaborateurs peuvent, s’ils le souhaitent, effectuer un don de 50 centimes (ou plus !) lorsqu’ils passent en caisse au moment de payer leurs repas dans les restaurants collectifs. Le bel accueil reçu par l’initiative en 2018 à Montrouge et Saint-Quentin a incité CA Centre-est à s’associer à l’opération et à l’organiser sur nos trois sites  en 2019.

— Quel bilan tirez-vous de cette édition ?

La générosité des collaborateurs, de notre prestataire et de la Caisse régionale a permis de collecter 1360 €, complétés par un abondement de la caisse régionale. Centimes solidaires est une action qui diffuse l’esprit mutualiste propre au Crédit Agricole. Les collaborateurs participent et se sentent concernés par les effets concrets de l’opération.

— Justement, à quoi sont employés les fonds collectés ?

Pour la seconde année, nous reversons la collecte à l’ONG Entrepreneurs du Monde pour financer son projet Incubation, Création, Inclusion (ICI), un programme qui vise à aider l’insertion des personnes fragilisées grâce à la création de microentreprises. Les bénéficiaires sont formés et accompagnés par des bénévoles et des experts pour concrétiser des projets professionnels, avec un accent mis sur le numérique d’une part et sur la restauration durable d’autre part. Grâce aux dons de 2018, une quarantaine de formations ont déjà été financées.

— Avez-vous des exemples de bénéficiaires ?

Oui, lors du lancement de l’opération en novembre, les collaborateurs du Crédit Agricole de Montrouge et de Lyon ont rencontré Rania, soutenue via Centimes solidaires, venue nous présenter le projet entrepreneurial qu’elle a créé. Rania est une réfugiée syrienne qui a réussi grâce à l’accompagnement d’Entrepreneurs du Monde, à lancer son activité de traiteur à base de spécialités syriennes. Ce type de rencontre aide à changer de regard sur les réfugiés et à comprendre, qu’au-delà des idées reçues, il s’agit de destins humains inspirants.

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Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici

Voir la Vidéo Centimes Solidaires

[Interview] Palmis Enèji : pour une énergie propre et accessible en Haïti

Interview de Jean-Farreau Guerrier, Coordinateur, Entrepreneurs du Monde Haïti

©Nicolas David

L’accès à une énergie propre est essentiel pour répondre aux besoins des populations, notamment dans les zones rurales ou enclavées. En Haïti, l’entreprise sociale Palmis Enèji, dont la Fondation est actionnaire, apporte une solution avec des équipements de cuisson et d’éclairage écologiques et économiques. Coordonné par l’ONG Entrepreneurs du Monde, le projet poursuit son développement. Il a notamment bénéficié d’une mission Banquiers solidaires via la Fondation dans la perspective d’une prochaine levée de fonds.

– Présentez-nous Palmis Enèji. En quoi est-ce une entreprise sociale adaptée en Haïti ?

Jean-Farreau Guerrier, coordinateur : Palmis Enèji est une entreprise sociale haïtienne spécialisée dans la distribution et la maintenance d’équipements propres pour la cuisson et l’éclairage destinés aux ménages les plus en difficulté en Haïti. Dans notre pays, la situation est critique et rend l’action nécessaire. Déjà parmi les plus pauvres de la planète, Haïti traverse une crise qui affecte durement sa population. Les manifestations de rue sont fréquentes, la situation sécuritaire se dégrade, certaines zones sont complètement inaccessibles. Touchés par une inflation de près de 20 %, les ménages perdent en pouvoir d’achat, 62 % d’entre eux restent privés d’accès à l’électricité et jusqu’à 85 % en zones rurales. En conséquence, les familles s’éclairent à la bougie ou au kérosène et cuisent au charbon de bois. Avec ses réchauds et ses lampes solaires, Palmis Enèji propose des solutions pour remplacer ces méthodes rudimentaires.

– Quels sont les impacts socio-économiques de vos actions ?

Grâce à des partenariats avec des institutions de microfinance, Palmis Enèji propose des solutions de financement qui facilitent l’acquisition des équipements. De nombreux ménages et professionnels se convertissent ainsi à la cuisson au gaz GPL, bien moins nocive que la cuisson au charbon de bois. Les familles les plus démunies vivant en zones rurales n’ont quasiment pas accès au GPL, elles utilisent alors nos réchauds à charbon amélioré, qui consomment 20% à 30% de moins que des réchauds traditionnels. Nos lampes solaires les fournissent aussi en lumière, un éclairage plus sain et plus confortable que la bougie. Ces solutions permettent aux familles les plus démunies de réaliser des économies tout en réduisant leur empreinte écologique : nous estimons avoir contribué à épargner plus de 153 000 tonnes de bois de forêt et à réduire de plus de 203 000 tonnes les émissions nocives de CO2. Enfin, Palmis Enèji soutient l’activité économique avec un réseau de microentreprises franchisées. Les paroles d’un de nos revendeurs témoignent de l’utilité sociale : « Je suis fier de voir la lumière briller dans nos familles. »

– Quels prochains développements envisagez-vous ?

Nous poursuivons l’objectif fort de rendre accessible à tous et dans chaque village nos équipements bénéfiques pour la santé et pour l’environnement. Pour cela, nous donnons priorité à trois chantiers : l’accès au GPL grâce à des centres de distribution dans le centre du pays et dans le département de la Grande-Anse ; le développement du service après-vente et la diversification de notre gamme de produits.

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Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici

[Interview] CA Val de France soutient une mission Banquiers solidaires au Cambodge

Interview de Laurence Lebrun-Renoult, Directrice générale, CA Val de France

©Philippe Lissac

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A., Banquiers solidaires est un programme de volontariat de compétences qui propose aux collaborateurs du Groupe de missions d’assistance technique auprès d’organisations soutenues par la Fondation. En 2019, la Caisse régionale Val de France a soutenu une mission Banquiers solidaires au Cambodge. Pendant 10 jours en septembre, Dominique Rombczyk, Analyste risques de la Caisse régionale est parti au Cambodge réaliser une mission « gestion financière » en faveur du Cirque Phare (PPSE), entreprise sociale dont la Fondation est actionnaire.

– Quelle a été la motivation de votre Caisse en participant au programme Banquiers solidaires ?

Quand l’un de nos collaborateurs a pris l’initiative de postuler à une mission Banquiers solidaires, notre Caisse a bien sûr soutenu sa demande et accordé une semaine en mécénat de compétences. Dominique Rombczyk a ainsi pu mettre ses compétences au service de la gestion financière du Cirque Phare (PPSE). PPSE est une entreprises sociale cambodgienne qui favorise l’insertion sociale et l’autonomisation des jeunes par les arts et la culture. C’est pour nous une fierté car la démarche s’inscrit pleinement dans nos valeurs d’accompagnement.

– Quels retours d’expérience en tirez-vous ?

Banquiers solidaires fait partie de ces programmes qui nous rendent plus sensibles aux conséquences sociales de nos activités de Banque. Il fait progresser dans les faits comme les esprits une vision durable de la finance. Au sein de notre Caisse régionale, l’initiative portée par notre collaborateur a permis de partager et de diffuser au sein des équipes les qualités humaines d’ouverture et d’engagement que nous promouvons. En plus de la communication au niveau du Groupe, son expérience a, par exemple, fait la une des communications internes. Pour les banquières et banquiers que nous sommes, savoir mobiliser ses compétences au service d’autrui, s’ouvrir et s’adapter dans un contexte et à des problématiques différents sont des aptitudes, des « soft skills », qui doivent habiter notre métier.

– Quelles autres actions mène votre Caisse régionale en matière d’inclusion sociale ?

En tant que Caisse régionale, le sujet de la cohésion sociale des territoires est une priorité stratégique. La Fondation CA Val de France mène des initiatives en faveur d’associations locales ou régionales œuvrant à l’inclusion des jeunes d’une part, et au soutien intergénérationnel d’autre part. Auprès d’elles, nous opérons en mécénat de compétences, sur une base de volontariat, sur le même modèle que les missions Banquiers solidaires. Par exemple, nous lançons un projet pour la formation des jeunes pour lequel tous les savoir-faire de nos collaborateurs sont bienvenus pour des missions de soutien : aide à la gestion financière, animation, conseil, etc. Nous agissons aussi avec des jeunes en soutien aux personnes isolées, souvent âgées, ce qui nourrit le dialogue entre générations. L’ensemble s’inscrit dans une démarche plus large qui vise à favoriser l’autonomie socio-économique des populations.

Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici

[Interview] “Avec le FIR, CA Centre-France s’ouvre à la microfinance”

Interview de Jean-Christophe Kiren, Directeur général, CA Centre-France

©Didier Gentilhomme

Réservé aux Caisses régionales et aux entités du groupe Crédit Agricole, le fonds Finance inclusive en milieu Rural (FIR) porté par la Fondation Grameen Crédit Agricole permet d’investir en faveur de la microfinance dans les pays émergents. Crédit Agricole Centre France y souscrit pour un investissement de 700 000 euros et renforce sa mission de banque en faveur de l’inclusion économique. Trois questions à Jean-Christophe Kiren, DG de Crédit Agricole Centre France.

– En investissant dans le fonds FIR, quelle est la démarche de votre Caisse ?

Le nouveau fonds ouvert aux Caisses régionales fait en tous points écho à notre action mutualiste et coopérative. D’abord, sa mission générale – promouvoir l’inclusion économique et sociale en zones rurales – sollicite déjà toute notre attention au Crédit Agricole Centre France, au regard des spécificités rurales de nos territoires d’Auvergne et Limousin. Ensuite, j’ai été particulièrement touché par le sujet de l’autonomisation financière des femmes, que le FIR souhaite renforcer. Enfin, cette coopération est une chance pour la Caisse régionale de s’ouvrir à la microfinance en s’appuyant sur l’expérience de la Fondation Grameen Crédit Agricole et de développer de nouveaux outils au service des territoires.

– Quelles actions autour de l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact la Caisse régionale mène-t-elle sur le territoire ?

Toute la Caisse régionale – élus et salariés – s’engage et participe à des actions à impact social. Les opérations sont multiples, allant des initiatives menées par la Fondation CA Centre France aux prises de participation dans des entreprises sociales. En la matière, la Caisse régionale dispose d’un large dispositif pour soutenir des projets à fort impact social. Par ailleurs, j’ai souhaité qu’à fin 2019 la Caisse régionale se dote d’un fonds de 2 millions d’euros destiné à soutenir les projets favorisant l’inclusion. Pour impliquer les équipes, il est prévu qu’une partie des projets financés soient directement identifiés par les collaborateurs.

– Quel regard portez-vous sur ces nouvelles approches inclusives et responsables ?

Nous sommes des banquiers… Et pas seulement. Nous sommes aussi des femmes et des hommes engagés dans la vie des territoires, animés par les valeurs coopératives et mutualistes du Crédit Agricole. L’investissement du Crédit Agricole Centre France dans le Fonds FIR porté par la Fondation Grameen Crédit Agricole s’inscrit pleinement dans cet état d’esprit. L’entraide, le partage, la solidarité sont des engagements au bénéfice de tous.

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Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici