Newsletter #39 : La reprise des activités du secteur de la microfinance

La Fondation Grameen Crédit Agricole publie sa Newsletter #39 qui souligne la grande résilience dont ses partenaires font preuve pour accompagner au mieux les populations vulnérables.

La Fondation s’est intéressée aux effets de la crise Covid-19 sur ses institutions de microfinance (IMF) partenaires et a mené pendant plus d’un an une série d’enquête en collaboration avec ADA et Inpulse. Les résultats de ces études sont synthétisés dans le rapport « L’impact de la crise sur les institutions de microfinance. Constats et perspectives. » que nous vous invitons à découvrir dans cette Newsletter.

Si la pandémie a eu un impact certain sur les activités des institutions de microfinance, nous attestons aujourd’hui d’un retour progressif à la normale pour la majorité d’entre eux, en témoigne KOMIDA. Acteur majeur de la microfinance en Indonésie et partenaire de la Fondation depuis 2004, KOMIDA a réussi à poursuivre ses activités et son développement en zone rurale avec l’ouverture de 10 agences supplémentaires en 2021. L’institution continue de soutenir ses clients en mettant l’accent sur l’octroi de microcrédits à vocation sociale.

Dans la rubrique « Paroles du terrain », nous vous présentons UGAFODE Microfinance Limited, institution de microfinance ougandaise à l’avant-garde de l’inclusion financière des réfugiés. Grâce au soutien de la Fondation, du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) et de l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida), UGAFODE a ouvert, en mars 2020, une agence dans le camp de réfugiés de Nakivale et les premiers résultats sont très encourageants. L’ambition est désormais d’étendre le projet à d’autres régions.

Vous découvrirez enfin le témoignage de Jean-Baptiste Bounes, chargé d’Affaires Fusions-Acquisitions chez SODICA, qui a réalisé la première mission Banquiers Solidaires (*) à distance auprès de Phare Performing Social Enterprise (PPSE) au Cambodge. Des missions à distance et sur le terrain sont actuellement à pourvoir.

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(*) Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact soutenues par la Fondation.

Banquiers Solidaires : deux missions online sont à pourvoir en faveur de FATEN (Palestine) et OXUS (Kirghizstan)

© Philippe LISSAC (Godong) / Fondation GCA

Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018 avec un double objectif : d’une part, accompagner avec de l’assistance technique les institutions de microfinance et les entreprises à impact social financées par la Fondation, d’autre part, valoriser les compétences des collaborateurs du Groupe qui souhaitent s’investir dans des projets à fort impact social.

Les missions peuvent se dérouler pendant le temps de travail du Banquier Solidaire (mécénat de compétences) ET/OU pendant les congés (volontariat).

Actuellement, deux missions online sont à pourvoir. Le Banquier Solidaire travaillera sur cette mission à raison d’un jour par semaine pendant 15 semaines. Ces modalités de durée peuvent toutefois être modifiées en fonction des préférences du Banquier Solidaire, de l’organisation bénéficiaire et de l’employeur.

  • Mission « Gestion financière » en faveur de FATEN (Palestine)

FATEN est une institution de microfinance fondée en 1995 par l’ONG Save The Children qui a pour mission de répondre aux besoins en services financiers des entrepreneurs et des particuliers palestiniens à faibles et moyens revenus. La Fondation Grameen Crédit Agricole soutient FATEN depuis 2014 par le biais de divers prêts mais aussi par de l’assistance technique dans le cadre des missions Banquiers Solidaires.

Le Banquier Solidaire sélectionné soutiendra FATEN dans la mise à jour des procédures, politiques et outils financiers. Une connaissance des normes internationales relatives à l’information financière et en particulier sur les derniers changements apportés aux normes IFRS 16 et IFRS 9 est requise. La maîtrise de l’anglais est nécessaire et une très bonne connaissance de l’arabe serait un plus.

Pour plus d’informations, consultez la fiche mission sur ca-solidaires.fr

  • Mission « Stratégie digitale » en faveur d’OXUS (Kirghizstan)

OXUS Kyrgyzstan (OKG) est une institution de microfinance qui fournit des services financiers aux travailleurs pauvres et aux personnes sous-bancarisées au Kirghizstan. L’institution sert 8 000 emprunteurs actifs et gère un portefeuille de 6,4 millions d’euros.

Le Banquier Solidaire sélectionné aura pour mission d’accompagner OKG dans l’évaluation des procédés relatifs à la digitalisation et dans la construction d’une nouvelle stratégie digitale. Une expérience dans la gestion de projets informatiques et idéalement dans des projets de digitalisation est nécessaire. La maitrise de l’anglais est obligatoire, la connaissance du russe serait un plus.

Pour plus d’informations, consultez la fiche mission sur ca-solidaires.fr.

Pour postuler : envoyez votre CV et lettre de motivation (ou 2 paragraphes présentant vos motivations et expertises) à :

 

Banquiers Solidaires : deux missions terrain sont à pourvoir en faveur de Lazika (Géorgie) et Smart Credit (Moldavie)

Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018 avec un double objectif : d’une part, accompagner avec de l’assistance technique les institutions de microfinance et les entreprises à impact social financées par la Fondation, d’autre part, valoriser les compétences des collaborateurs du Groupe qui souhaitent s’investir dans des projets à fort impact social.

Les missions peuvent se dérouler pendant le temps de travail du Banquier Solidaire (mécénat de compétences) ET/OU pendant les congés (volontariat).

Actuellement, deux missions sont à pourvoir sur le terrain :

  • Mission « Communication et marketing » en faveur de Lazika (Géorgie)

Lazika Capital est une institution de microfinance créée en 2000 par Oxfam Grande-Bretagne en Géorgie. Sa mission est de faciliter l’accès des entrepreneurs à revenu faible et intermédiaire à des services financiers adaptés à leurs besoins. L’institution se situe aujourd’hui parmi les leaders du secteur géorgien de la microfinance et compte près de 14 000 clients.

Le Banquier Solidaire sélectionné aura pour mission d’évaluer les actions et la stratégie marketing de l’organisation ainsi que d’élaborer un plan marketing fin-2021/2022. Une solide expérience en marketing et une bonne maîtrise de l’anglais sont nécessaires. La mission sera d’une durée de 10 jours sur le terrain.

Pour plus d’informations, consultez la fiche mission sur ca-solidaires.fr

  • Mission « Stratégie digitale » en faveur de Smart Credit (Moldavie)

Smart Credit est une institution de microfinance créée en 2010 par 5 professionnels locaux ayant une même vision : fournir des services financiers à des personnes socialement défavorisées et des petits entrepreneurs moldaves. L’institution compte plus de 3 000 emprunteurs actifs et gère un portefeuille de 4,4 millions d’euros.

Le Banquier Solidaire sélectionné aura pour mission de contribuer à la construction de la stratégie digitale de Smart Crédit. Une expérience en gestion de projets informatiques et la maîtrise de l’anglais sont nécessaires.

Pour plus d’informations, consultez la fiche mission sur ca-solidaires.fr.

Pour postuler : envoyez votre CV et lettre de motivation (ou 2 paragraphes présentant vos motivations et expertises) à :

 

 

La Fondation publie son rapport “L’impact de la crise sur les institutions de microfinance”

La pandémie de Covid-19 a touché toutes les économies en impactant particulièrement les économies fragiles et les populations les plus vulnérables.

La Fondation Grameen Crédit Agricole s’est intéressée aux effets sans précédent de cette crise planétaire sur les institutions de microfinance. Une première enquête a ainsi été lancée en mars 2020 auprès de tous nos partenaires pour comprendre comment ils s’adaptaient aux répercussions de la pandémie qui se faisaient déjà ressentir sur leurs activités. En nous associant dans les mois qui suivirent à deux autres grands acteurs de la finance inclusive, ADA et Inpulse, nous avons étendu la portée de ces études à plus d’une centaine d’institutions présentes sur 4 continents : Afrique, Amérique du Sud, Asie et Europe. Au total, 6 enquêtes ont été menées depuis le questionnaire inaugural du mois de mars.

Vous découvrirez à travers cette publication les résultats de ces études synthétisés sous 3 volets :

S’adapter rapidement aux contraintes opérationnelles

Les enquêtes menées tout au long de l’année 2020 ont révélé trois difficultés majeures : l’impossibilité de rencontrer les clients physiquement, des collectes de remboursements limitées et des contraintes pour décaisser de nouveaux prêts. Pour y remédier, les IMF ont agi de manière proactive et adaptée, traduisant la grande capacité de résilience de ces organisations. Néanmoins, toutes n’ont pas été impactées de la même manière. Ce document retrace ainsi l’évolution de ces contraintes et les mesures mises en place pour y faire face.

Un impact financer significatif et durable

Les contraintes opérationnelles rencontrées ont inévitablement eu des répercussions financières importantes. Parmi elles, deux conséquences majeures ont été visibles chez la quasi-totalité des IMF : une augmentation du portefeuille à risque (PAR) et une réduction de l’encours de crédit. Ces deux phénomènes ont fluctué tout au long de l’année en fonction des contextes locaux et d’autres difficultés financières ont pu apparaitre ponctuellement. L’analyse des indicateurs de performance, détaillée dans ce document, permet de visualiser l’effet durable de la crise.

Perspectives d’avenir

Dans ce contexte, la majeure partie des IMF a résisté et fait preuve d’optimisme. Parmi les axes envisagés pour les prochaines années ressortent un retour à la croissance du portefeuille ainsi que l’ouverture à de nouveaux produits et services, voire à de nouveaux marchés, et ce dès 2021. Vous découvrirez au fil des pages d’autres mesures d’adaptation explorées par les IMF, témoignant d’une volonté qui rassure quant à l’avenir du secteur. Nous devons néanmoins rester vigilants face à l’instabilité du contexte actuel. C’est pourquoi nous maintenons notre démarche de suivi rapproché de la crise auprès de nos partenaires en 2021, à un rythme trimestriel.

 

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La Fondation accorde 7 nouveaux prêts en Europe de l’est et Asie Centrale

© Philippe LISSAC (Godong) / Fondation GCA

Depuis janvier 2021, la Fondation Grameen Crédit Agricole a poursuivi ses financements en Europe de l’est et Asie Centrale et a ainsi accordé sept nouveaux prêts à ses partenaires.

Au Kosovo, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance AFK pour un montant de 1,5 millions d’euros sur une durée de trois ans. L’Agence pour les finances au Kosovo (AFK) est une institution de microfinance qui a pour but d’améliorer des conditions de vie au Kosovo en fournissant un accès aux services financiers durables aux microentreprises et petites entreprises. AFK vise à encourager le développement des zones rurales ainsi que les femmes entrepreneurs et les minorités. L’institution dessert 19 300 emprunteurs actifs (22% de femmes et 51% en milieu rural) et gère un portefeuille de 36 millions d’euros.

En Moldavie, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance Microinvest pour un montant de 1,4 millions d’euros sur une période de trois ans. Microinvest octroie des microcrédits et une aide à la création d’entreprise aux petits entrepreneurs dans de nombreuses régions de la République de Moldavie. 70 % du portefeuille de prêts correspond à des prêts aux entrepreneurs privés vivant en zone rurale.  L’institution compte près de 37 000 clients qui vivent à 66% en zone rurale et dont 41% sont des femmes.

Au Monténégro, la Fondation a accordé un prêt à l’institution de microfinance Monte Crédit pour un montant de un million d’euros, sur une durée de trois ans. Créée en 2005, Monte Crédit est une institution de microfinance dont la mission est de donner aux familles rurales les moyens de créer des revenus et des emplois libérant le potentiel économique pour que les communautés prospèrent. L’institution compte plus de 4 000 clients dont 54% sont des femmes et 51% vivent en zone rurale.

Au Kirghizstan, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance OXUS pour un montant en monnaie locale équivalent à 800 000 euros. OXUS Kirghizistan est une institution de microfinance créée en 2006 par OXUS Group et ACTED. Entreprise responsable, elle s’engage dans l’offre de services financiers aux travailleurs pauvres et aux personnes sous-bancarisées au Kirghizistan. A ce jour l’institution compte près de 8 000 clients dont 48% de femmes et 62% de clients en zone rurale.

Au Kazakhstan, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance Asian Credit Fund (ACF) pour un montant en monnaie locale équivalent à un million d’euros. ACF est une institution de microfinance créée en 1997 par l’ONG américaine Mercy Corps. Les services financiers d’ACF sont conçus pour promouvoir le développement des ménages ruraux, la croissance des petites entreprises et l’accession à la propriété. ACF adhère à un modèle de prêt communautaire spécialisé qui offre des solutions financières sur mesure, des conseils commerciaux et une assistance technique à ses clients. A ce jour, l’institution compte 27 000 clients dont 70% de femmes et 93% de clients en zone rurale.

Enfin, au Tadjikistan, la Fondation a accordé un nouveau prêt d’un montant en monnaie locale équivalent à un 1,2 millions d’euros à l’institution de microfinance HUMO. HUMO est une institution de microfinance qui vise à soutenir les populations vulnérables et mal desservies vivant dans les zones rurales grâce à des services financiers et de conseil pour les petites entreprises. L’institution compte près de 73 000 clients dont 37% de femmes et 75% de clients ruraux. Toujours au Tadjikistan, la Fondation a également accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance OXUS Tajikistan pour un montant en monnaie locale équivalent à un million d’euros sur une période de trois ans. OXUS Tajikistan cible essentiellement les microentrepreneurs et agriculteurs des zones rurales. Sa mission sociale est claire et vise à améliorer les conditions économiques et sociales de la population à faibles revenus qui n’est pas servie par le secteur bancaire. A ce jour, l’institution compte plus de 14 000 clients dont 36% de femmes et 79% en zone rurale.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

L’AFD et la Fondation Grameen Crédit Agricole, un partenariat historique et prometteur

Rémy Rioux, Directeur général,
Groupe Agence française de développement

Partenaire historique, l’Agence française de développement (AFD) soutient les activités de la Fondation depuis plus de 10 ans. Son Directeur, Rémy Rioux, nous partage sa vision sur l’impact de la crise économique et sanitaire générée par la pandémie Covid-19 sur le continent africain et son bilan du partenariat avec la Fondation.

—Quels ont été selon vous les points d’impact de la crise sanitaire sur le continent africain et comment l’AFD a agi face à cette crise ? Quels ont été vos principaux axes d’intervention ?

R. R. : L’Afrique a connu en 2020 un choc, dont je rappelle qu’il lui est totalement exogène, sans précédent. Le continent est apparu assez résilient sur le plan sanitaire, moins sur le plan économique. Une récession inédite, de 2,6% en moyenne, a touché plus d’une quarantaine de pays de façon simultanée. Au-delà de l’impact conjoncturel, la crise fait surtout redouter une fragilisation en profondeur des économies et des sociétés.

Le groupe Agence française de développement (AFD) s’est mobilisé très rapidement pour soutenir ses partenaires. Sur le plan sanitaire, avec une initiative Santé en commun d’1,2 milliards d’euros, dont la moitié en Afrique pour une cinquantaine de projets et près de 130 millions d’euros en dons ; et sur le plan économique avec notre programme « Choose Africa » en soutien au tissu entrepreneurial puis son renforcement avec un volet Résilience, portant le programme à 3,2 milliards d’euros engagés d’ici 2022. Enfin, nous soutenons, dans la continuité du Sommet « Finance en Commun », les banques publiques de développement africaines –il en existe une centaine sur le continent– pour en faire des relais de croissance durable.

—Quel bilan faites-vous du partenariat historique avec la Fondation Grameen Crédit Agricole ?

R. R. : Depuis plus de 10 ans, le groupe AFD accorde à la Fondation des garanties de portefeuille et individuelles et finance la Facilité africaine qui nous permet d’accompagner des institutions de petite taille au profit des populations défavorisées, en parti culier en zones rurales. Depuis 2020, la relation partenariale avec la Fondation est assurée par Proparco, notre filiale dédiée au secteur privé. Au-delà du partenariat financier, nous apprécions la qualité de la relation entre nos deux institutions, empreinte de confiance et de transparence. Le caractère primordial du soutien au secteur de la microfinance a été renforcé par la crise Covid-19 et travailler avec la Fondation constitue un levier solide pour renforcer le secteur.

—Une grande institution comme la vôtre et un acteur agile comme la Fondation peuvent-ils encore inventer de nouvelles façons d’agir et dans quels domaines prioritaires ?

R. R. : C’est la complémentarité de nos deux institutions et de leurs modes d’intervention qui font la force du partenariat et sa pertinence au service de plusieurs axes d’intervention prioritaires, à savoir : le soutien au développement de la microassurance, en particulier la microassurance agricole ; l’accompagnement des institutions de microfinance dans l’amélioration de la gestion de la performance sociale ; le développement de l’offre digitale du secteur de la microfinance ; et la microfinance verte. Le contexte de la crise est venu renforcer la pertinence de ces domaines d’intervention.

La crise Covid-19 et les inégalités entre les sexes

© Philippe LISSAC /Godong – Fondation Grameen Crédit Agricole
Par Miren Bengoa, Administratrice, membre du Comité Finance, Risques et Impact,
Fondation Grameen Crédit Agricole &Directrice Action Internationale, Groupe SOS

Administratrice de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2020, Miren Bengoa est, depuis janvier 2021, la nouvelle Directrice Action Internationale du Groupe SOS. Elle était à la tête, depuis 2011, de la Fondation CHANEL qui a vocation à soutenir des projets améliorant la situation économique et sociale des femmes. Son regard sur l’impact de la crise Covid-19 sur l’égalité femmes-hommes et les réponses pour y faire face.

— Quel est l’impact de la Covid-19 sur la condition des femmes ?

M. B. : La montée des inégalités entre les femmes et les hommes est l’une des conséquences immédiates de la crise Covid-19. Nous avons constaté au cours de cette pandémie une augmentation des actes de violence envers les femmes et les filles et un recul de l’apprentissage des filles à mesure que les taux d’abandon scolaire et les mariages d’enfants augmentent. Des dizaines de millions de femmes supplémentaires ont sombré dans l’extrême pauvreté, car elles perdent leur emploi à un rythme plus élevé que les hommes, et pâtissent de leurs difficultés à accéder aux nouvelles technologies et de leur manque de compétences numériques.

— En quelques mots, quel est aujourd’hui le panorama des inégalités entre les sexes dans le monde ?

M. B. : Les projections actuelles indiquent que l’égalité femmes-hommes ne sera pas atteinte pendant encore 130 ans. En 2020, les femmes représentaient en moyenne (à l’échelle mondiale) 4,4% des chefs d’entreprise, 16,9% des membres des conseils d’administration, 25% des parlementaires et 13% des négociateurs de paix. Seuls 22 pays ont actuellement à leur tête une femme cheffe d’État ou de gouvernement (UN Women, 2020). Nous avons besoin d’une meilleure représentation des femmes qui reflète les femmes et les filles dans leur diversité et leurs capacités.

— Comment l’entrepreneuriat féminin peut être une réponse à la crise ?

M. B. : Les femmes entrepreneures ont été en première ligne et fortement affectées par la baisse de l’activité économique. Néanmoins, elles sont également porteuses de solutions innovantes et doivent être soutenues au mieux par les financeurs et les pouvoirs publics. Etant fortement impliquées dans la réponse aux besoins communautaires, elles ont pu adapter leurs activités aux contraintes dues à la pandémie. Cela n’a pas été évident : elles ont parfois renoncé à une activité lucrative pour s’occuper en priorité de leurs familles.

— Promouvoir l’autonomisation des femmes est une des missions de la Fondation Grameen Crédit Agricole. Quelles devraient être les priorités pour renforcer cette ambition ?

M. B. : Depuis sa création, promouvoir l’autonomisation des femmes est au cœur de l’action de la Fondation : parmi les 7 millions de clients des institutions de microfinance soutenues, 73% sont des femmes bénéficiaires des microcrédits pour créer ou développer des activités génératrices de revenus. Le maintien des financements, la flexibilité apportée dans le report d’échéances et l’analyse fréquente des besoins de ces institutions sont et seront clés pour leur permettre de retrouver une capacité d’action en faveur de l’entrepreneuriat féminin.

La Fondation réalise quatre nouveaux financements en Afrique subsaharienne

© Didier Gentilhomme (AMZ Zambia)

Au cours du premier semestre 2021, la Fondation Grameen Crédit Agricole a poursuivi ses financements en Afrique subsaharienne avec quatre nouveaux prêts accordés, dont deux à des nouveaux partenaires.

Au Togo, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance Assilassimé pour un montant en monnaie locale équivalent à 2,2 millions d’euros. Assilassimé a pour mission d’offrir un accès durable à des services de microfinance sociale adaptés, pour les personnes en situation d’exclusion ou d’extrême pauvreté avec un accès limité au système de microfinance classique. L’institution cherche en premier lieu à leur permettre de mener des activités génératrices de revenus et d’améliorer leurs conditions de vie. A ce jour, Assilassimé compte plus de 19 000 clients dont 91% de femmes.

En Zambie, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance AMZ pour un montant en monnaie locale équivalent à un million d’euros. AMZ a pour objectif de servir les clients qui ont été précédemment exclus du marché financier formel, principalement en raison de leur situation de pauvreté ou de leur lieu de résidence. Les produits proposés sont conçus pour répondre à leurs besoins financiers. L’institution compte plus de 80 000 clients qui vivent à 92% en zone rurale et dont 56% sont des femmes.

Au Rwanda, la Fondation a accordé un premier prêt à l’institution de microfinance ASA Microfinance Rwanda pour un montant en monnaie locale équivalent à 500 000 euros. ASA Microfinance Rwanda Plc (ASA Rwanda) est une institution créée en 2016 par ASA International. Sa mission est de contribuer à la réduction de la pauvreté grâce à l’autonomisation économique en garantissant l’accès aux services financiers à la communauté défavorisée du Rwanda. L’institution accorde des prêts selon les méthodologies de groupe et individuelle. Elles finance principalement des femmes qui représentent plus de 95% de sa clientèle, et intervient en grande majorité en zone rurale.

Enfin, au Kenya, la Fondation a également accordé un premier prêt d’un montant en monnaie locale équivalent à 766 000 euros à l’institution de microfinance YEHU. YEHU est une institution de microfinance dont la mission est de lutter contre la pauvreté en donnant aux entrepreneurs ruraux pauvres du Kenya les moyens de les aider à se sortir de la pauvreté grâce à une meilleure accessibilité à des services financiers pérennes. Cela comprend le fait de leur permettre d’épargner tout en leur donnant accès à des micro-prêts, qui peuvent être utilisés pour démarrer ou développer leur petite entreprise. Yehu propose également des formations commerciales, des produits de microassurance et d’autres services pour améliorer la vie de ses membres. A ce jour l’institution compte 28 000 clients dont 96% de femmes. 76% de ses clients vivent en zone rurale.

A ce jour, la Fondation Grameen Crédit Agricole compte 89 partenaires répartis dans 37 pays et gère un portefeuille de 86 millions d’euros dont 46% dans des pays dits fragiles.

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