Résultats du premier indexe de microfinance avec 60 Decibels

La Fondation Grameen Crédit Agricole a participé en tant que co-financeur au premier indice de microfinance de 60-Decibels.

18 000 clients de 72 institutions de microfinance dans 42 pays ont été interrogés pour mesurer les résultats de la microfinance dans cinq domaines (accès aux services financiers, impact sur les entreprises, impact sur les ménages, gestion financière et résilience) afin de mieux évaluer l’impact des institutions de microfinance et de construire des benchmarks.

Si la microfinance réussit généralement à atteindre les personnes sans accès aux services financiers, à améliorer leur gestion financière et leur qualité de vie, ainsi qu’à accroître leur capacité à faire face aux chocs, les résultats en termes d’impact sur les entreprises et les ménages sont plus nuancés.

En savoir plus sur les résultats dans un article sur Forbes.com et télécharger le rapport complet sur le site de 60-Decibels.

La Fondation finance un nouveau partenaire au Kenya

La Fondation Grameen Crédit Agricole poursuit ses investissements en Afrique subsaharienne avec la signature de nouveaux partenariats, notamment au Kenya où elle compte un nouveau partenaire.

Sumac Microfinance Bank est une institution de microfinance créée en 2002 par un groupe de 14 investisseurs qui ont initialement formé un groupe d’investissement pour aider à planifier un avenir meilleur pour eux-mêmes. En 2004, l’institution a ouvert ses portes au public sous le nom de Sumac Credit Ltd avec pour mission d’autonomiser les entrepreneurs qui ne pouvaient pas répondre aux exigences de prêt strictes des banques commerciales.

L’accent que l’institution met sur le service aux entreprises est motivé par le fait que les entreprises commerciales sont l’épine dorsale de l’économie du pays. La promesse de Sumac est de toujours offrir les meilleurs services financiers aux entreprises.

La Fondation Grameen Crédit Agricole a ainsi accordé un premier prêt à Sumac, pour un montant en monnaie locale équivalent à 2 millions d’euros sur une période de deux ans. Avec ce nouveau prêt, la Fondation compte à présent 40 partenaires en Afrique subsaharienne, dont 6 au Kenya. Cela représente 53% des partenaires soutenus par la Fondation et 32% du portefeuille sous gestion.

Pour plus d’informations sur les partenaires de la Fondation, cliquez ici.

Le contexte international incite à la vigilance envers les IMF et leurs clients

Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole travaillent depuis 2020 sur l’analyse et le suivi des effets de la crise liée à la pandémie de COVID-19 sur les institutions de microfinance (IMF) dont elles sont les bailleurs de fonds. Ce suivi périodique, partagé à travers plusieurs articles[1], contribue à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur.

Les conclusions exposées dans cet article font suite à la dernière étude menée au début du mois de mai 2022. Face au contexte international marqué notamment par la guerre en Ukraine, le contenu de l’enquête a été adapté pour mieux comprendre les impacts de ce conflit sur le secteur de la microfinance. Les 47 institutions qui ont répondu sont situées en Europe et Asie centrale (EAC-51%), en Afrique subsaharienne (SSA-34%), en Asie du Sud et du Sud-Est (SSEA-13%) et au Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA-2%)[2].

  1. Le risque latent lié à la COVID-19 se réduit progressivement

Comme nous le constatons de manière ininterrompue depuis un an avec la reprise économique mondiale, les conséquences majeures liées aux phases de confinement depuis le début de la pandémie de COVID-19 se sont graduellement estompées pour les IMF. Ainsi, à fin-mai 2022, la quasi-totalité des sondés fait toujours état d’une reprise des activités continue et 68% (32 IMF) indiquent même être revenus ou presque à un rythme connu avant la crise sanitaire.

La principale conséquence financière liée à la COVID-19 encore perceptible pour 30% des sondés est la persistance d’un portefeuille à risque élevé par rapport à fin 2019. Ce point demeure cependant de moins en moins prégnant alors que les opérations ont pu reprendre de manière plus ou moins stable et que les moratoires accordés sont graduellement repayés.

Cet effet est ainsi visible au niveau de l’ensemble du portefeuille d’IMF de la Fondation Grameen Crédit Agricole, où le risque de crédit (PAR30, prêts restructurés et moratoires COVID-19) est en amélioration : il était de 10% à fin mars 2022 contre 21% à décembre 2020 (la moyenne en 2019 était de 5%). Cette amélioration s’observe également sur le portefeuille des IMF financées par Inpulse, qu’il s’agisse des clients au MENA ou en Europe centrale et orientale. Dans le cas des clients de la région MENA, la détérioration de leur portefeuille a été très importante en 2020, atteignant jusqu’à 37% de leur encours de crédit, mais il s’est nettement amélioré en 2022, à 14%, avec une valeur plus proche du niveau de risque d’avant crise (10,2%). Pour les clients d’Europe centrale et orientale, ce risque de crédit était de 3,3% pour le premier trimestre de cette année, contre 8,6% en 2020, soit presque le même niveau qu’en 2019 (2,7%).

  1. Les autres évènements affectant les institutions de microfinance : l’inflation avant les conséquences de la guerre en Ukraine

Cette enquête fait nettement ressortir que, désormais, d’autres facteurs que la crise du COVID-19 ont des conséquences sur les activités de nos partenaires. Le premier, mentionné par 80% des sondés, est la recrudescence de l’inflation sur les derniers mois. Ainsi, la grande majorité des pays d’opération des interrogés sont touchés par la hausse significative des coûts de l’énergie et, dans une moindre mesure, par celle des produits agricoles. Intimement liés au début de la guerre en Ukraine, ces facteurs ont donc une portée mondiale. Nos partenaires en Afrique subsaharienne notent d’ailleurs les difficultés d’approvisionnement depuis l’étranger dans le contexte actuel et renforcent les craintes d’une crise alimentaire.

Début mai 2022, la région Europe et Asie centrale se distinguait par son exposition à d’autres difficultés économiques. Ainsi, 50% des sondés de la région indiquaient que leur pays faisait face à une hausse des taux d’intérêt, 25% relataient des tensions sur la monnaie locale (en partie résolues au moment de l’écriture de cet article), 21% soulignaient la réduction des flux de capitaux étrangers et 17% indiquaient une baisse des transferts de fonds depuis l’étranger. Les tensions monétaires apparaissent beaucoup plus fortes dans les pays d’Asie Centrale qu’en Europe. Une situation de dévaluation de la monnaie locale a été relevée par 83% des IMF d’Asie Centrale (6% pour les IMF européennes) et 50% signalent une réduction des flux de capitaux et des transferts de fonds (contre 11% et 6% respectivement pour les IMF européennes).

Enfin, précisons que quelques institutions de microfinance notent une détérioration de la situation sécuritaire dans leur pays, notamment en Afrique subsaharienne (Burkina Faso, Mali, Afrique du Sud) en Asie du Sud-Est (Myanmar, Indonésie) ou en Palestine. Si ces résultats ne sont pas traités en profondeur ici, nos partenaires confirment ces enjeux et leurs incidences sur leurs activités.

  1. Des conséquences sur les IMF et leurs clients

Les facteurs macroéconomiques présentés ci-dessus affectent négativement les institutions de microfinance. Au moment de répondre à l’enquête, 50% d’entre elles indiquaient déjà ressentir leurs premiers effets, dont 65% de celles situées dans la zone ECA – bien que certaines (Lituanie, Kosovo et Bosnie-Herzégovine) n’exprimaient pas un tel ressenti. La conséquence principale jusque-là, mentionnée par 39% des IMF affectées, est la compression de leur marge financière qui s’explique en grande majorité par la hausse des coûts de financement sur les derniers mois, subie par 32% des sondés. Cette augmentation provient principalement du coût des couvertures de change sur les prêts internationaux mais également de la réduction des possibilités de couverture locale et de l’accès à des financements locaux.

« Les cotations proposées pour des financements en MDL restent trop chères » – Partenaire en Moldavie

Si cela n’est pas encore matérialisé au moment de cette enquête, des IMF indiquent également craindre dans les mois à venir une hausse de coûts non-budgétée au début de l’année.

« L’augmentation du prix du carburant agit sur les charges de l’institution. » – Partenaire au Togo

Seules quelques IMF citent la hausse du portefeuille à risque ou la baisse de la demande comme effets immédiats du contexte international. Toutefois, il s’agit d’une possibilité dans les mois à venir : 71% d’entre elles (toutes zones confondues) estiment la probabilité de détérioration élevée, bien qu’il soit encore trop tôt pour l’estimer. Et si cela devait se matérialiser, l’origine proviendrait directement des clients se retrouvant dans une situation plus difficile, notamment par une contraction de leur revenu disponible et de leur capacité de remboursement face au coût accru des denrées alimentaires et de l’énergie.

« Nous pourrions être affectés par l’impact de la situation économique sur la santé économique de nos clients » – Partenaire en Roumanie

« [Nous pourrions être affectés par] l’augmentation du coût du pain, dû au coût de l’approvisionnement en farine de blé » – Partenaire au Burkina Faso

Ainsi, même si la situation est jusque-là bien appréhendée et semble maîtrisée par nos partenaires avec des mesures adaptées, des signaux faibles de réelles difficultés à attendre sont clairement perçus. Il semble bien qu’ils annoncent un impact négatif sur leur clientèle à moyen et long terme.

Notons enfin les actions humanitaires déployées dès les premiers jours du déclenchement des hostilités par certaines IMF d’Europe centrale et de l’Est, qui participent à l’accueil ou à l’aide d’urgence de réfugiés ukrainiens (Moldavie, Lituanie, Roumanie, Kosovo).

“Avec les fonds de l’entreprise, des biens de première nécessité ont été achetés et donnés aux réfugiés. Aussi, alors que certains de nos employés ont donné de la nourriture, des vêtements ou de l’argent, d’autres, notamment des jeunes, ont décidé de devenir bénévoles. Il est intéressant de mentionner qu’au cours du dernier mois, l’institution a embauché un réfugié qui a décidé de rester plus longtemps en Moldavie au sein de notre équipe informatique.” – Partenaire en Moldavie

[1] Articles disponibles ici : //www.gca-foundation.org/observatoire-covid-19/ et //www.inpulse.coop/news-and-media/

[2] Nombre d’IMF répondantes par région : EAC : 24 IMF ; SSA 16 IMF ; SSEA 6 IMF ; MENA : 1 IMF.

Le projet de la Fondation sur l’innovation en matière d’adaptation approuvé

La Fondation Grameen Crédit Agricole est heureuse d’annoncer que le projet GEF “Indicateurs et cadre pour l’adaptation au changement climatique et le financement de la conservation de la biodiversité pour les petits exploitants et les communautés rurales : mobiliser des financements privés et publics : //www.thegef.org/projects-operations /projects/11001” vient d’être approuvé.

Le projet vise à favoriser et intensifier l’adaptation au changement climatique pour les plus vulnérables, grâce à l’offre de formations, de technologies et de financements adaptés. Pour soutenir la mise en place d’une transformation pérenne et évolutive, une partie du projet sera développé par la Fondation, en partenariat avec l’Institut JuST (identifié en tant que “CBIFI” dans le document de projet), une organisation à but non lucratif, basée sur les membres, visant à orienter le développement du marché vers la finance positive inclusive, la biodiversité et le changement climatique.

La Fondation est fière de s’associer avec l’IFAD pour la mise en œuvre du projet. Elle considère en effet ce projet comme une opportunité de renforcer sa stratégie en matière d’adaptation au changement climatique, de finance verte et de financement de l’agriculture, avec un accent particulier sur les petits exploitants agricoles.

Plus d’informations sur le GEF ici.

Podcasts Banquiers Solidaires : épisode N.4

Interview de Anne-Sophie DELATTRE, IGL / Chargée de mission, Crédit Agricole SA
et Eva HÖGLUND, Chief Financial Officer, EFL Groupe Crédit Agricole
Réalisée par : Mireille de Kerleau, Communications Manager, CACEIS
Avec l’intervention de Mamadou FALL, Directeur général de Kossam
et de Marie FAYE, Directrice administrative et financière de Kossam

Bonjour, pour la quatrième édition de ce podcast consacré aux Banquiers Solidaires, je vous propose de monter à bord d’un ferry qui relie Dakar à l’île de Gorée, au Sénégal.

Eva : C’est lors d’un week-end, lorsqu’on a visité l’île de Gorée, il y avait plein d’enfants, et ils chantaient pendant la traversée du ferry, et c’était assez chouette, donc je les ai filmés.

C’est Eva Hoglund qui nous parle. Nous allons découvrir dans ce podcast son parcours en tant que Banquier solidaire, en tandem avec Anne-Sophie Delattre.

Vous allez me dire, qu’est-ce que c’est les Banquiers Solidaires ? Et bien, les Banquiers Solidaires, c’est un dispositif de volontariat de compétences. Il est ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole et ce sont des missions en faveur d’institutions de microfinance et d’entreprises à impact, qui sont soutenues par la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Alors avant de commencer, je rappellerai juste que le Sénégal est un pays majoritairement rurale. L’élevage représente 7,5% du PIB national et 35% du PIB agricole, mais le Sénégal dépend fortement de l’importation de poudre de lait : 90% du lait consommé au Sénégal est importé sous forme de poudre, alors que 30% de la population vit traditionnellement de l’élevage et peut produire ce lait. C’est face à ce constat que Bagoré Bathily crée en 2006 une entreprise sociale qui s’appelle La Laiterie du Berger, avec l’objectif de valoriser la production laitière locale. Aujourd’hui, La Laiterie est la principale entreprise nationale de transformation du lait local. Sa filiale, qui s’appelle Kossam, est en charge de l’encadrement et de l’amélioration des systèmes de production laitière et de collecte.

Alors voilà, le décor est planté, je vous propose de découvrir maintenant qui sont Eva et Anne-Sophie.

Anne-Sophie : Moi, je m’appelle Anne-Sophie Delattre et je suis dans le groupe crédit Agricole depuis fin 2006. D’abord avec une première expérience de plus de 10 ans dans la filiale Crédit Agricole Consumer Finance, et une dernière expérience chez CACF en expatriation en Chine où j’étais responsable des Risques et des Contrôles Permanents pendant 4 ans. Et puis à la suite de cette expérience en Chine, je suis rentrée en France, au siège de Crédit Agricole S.A. et je travaille à l’Inspection Générale Groupe, je suis chargée de mission au niveau du pôle des banques de proximité à l’international. Voilà ce que je fais depuis mon retour de Chine, donc en avril 2018.

Eva : Moi je suis Eva Höglund, je suis entrée dans le groupe en 2001, d’abord chez CACF où j’ai travaillé dans la direction internationale en tant que superviseur de différentes filiales de CACF à l’étranger. En 2010, je suis partie pour ma première expatriation au Danemark et ensuite j’ai poursuivi avec une deuxième expatriation en Chine, et c’est là que j’ai travaillé au jour le jour avec Anne-Sophie. Anne-Sophie était responsable des risques et moi, j’étais responsable de la finance. Ensuite, quand je suis rentrée de Chine, j’ai rejoint BPI, Banque de Proximité à l’International, au siège, à Paris. Et depuis deux ans maintenant, je suis de nouveau expatriée, à la direction financière de EFL, l’entité de leasing et factoring en Pologne.

Et donc, vous êtes polonaise, Eva.

Eva : Non, je suis suédoise

Ah suédoise, pas du tout polonaise, d’accord

Eva: Rien à voir, je ne comprends pas un mot !

Donc Anne-Sophie et Eva se connaissaient pour avoir travaillé ensemble quelques années plus tôt en tant qu’expatriées en Chine. J’ai demandé à Eva comment elles avaient eu connaissance de la mission Banquiers Solidaires et comment elles se sont retrouvées ensemble au Sénégal.

Eva : Voilà… en fait, moi j’avais déjà fait une mission de banquiers Solidaires, c’était en 2019 je crois, et j’avais fait le Kenya. J’en gardais un super souvenir, ça c’était très bien passé, c’était très valorisant aussi parce que la société a vraiment utilisé ce que j’avais proposé. Et quand j’avais vu cette offre, j’ai vu que c’était dans la finance, j’ai vu que c’était toujours en Afrique, ça m’intéressait, et j’ai vu idéalement, un binôme Risques et Finance. Je me dis, voilà, Anne-Sophie, elle est aventurière comme moi, Je lui ai envoyé un message tout de suite, et elle m’a répondu tout de suite. Je lui ai dit : mais tu es sûre ? Parce que si on postule, je suis sûre qu’on va l’avoir. Parce que, vraiment, notre complémentarité était parfaite pour ce que l’annonce disait et je me suis dit mais il n’y a pas deux autres qui vont avoir la même proposition. Et on l’a eu.

Ensuite, je leur ai demandé de me parler de l’entreprise sociale qu’elles ont accompagné pendant ces deux dernières semaines au Sénégal. Anne-Sophie commence par nous parler de Kossam.

Anne-Sophie : C’est une société qui a pour principale mission une mission sociale. La Laiterie du Berger, c’est une entreprise avec une mission capitalistique, on peut dire, de faire des bénéfices, ce qui n’est pas forcément le cas de Kossam, c’est vraiment la particularité. Kossam aujourd’hui, enfin bien sûr, l’intérêt, recherche l’équilibre au niveau de ses activités, mais c’est très fortement teinté par la mission sociale de développer la filiale de collecte de lait au nord du Sénégal en fait, puisque le DG de la Laiterie du Berger, en fait, quand il a monté cette entreprise, c’est suite à un constat qui était que les bovins sont utilisés uniquement pour la viande et que le lait, finalement, on n’en faisait rien au Sénégal, et donc il s’est dit on ne peut pas laisser cette matière se perdre, ne pas être exploitée donc la Laiterie du Berger fait des yaourts et Kossam développe toute la structure de collecte et du coup, vise à améliorer les conditions de vie des éleveurs, à développer l’emploi féminin puisque 53% des éleveurs sont des éleveuses aujourd’hui. Et ils ont une ferme-école aussi dans laquelle ils accompagnent des femmes, éleveuses, ou des éleveurs pour optimiser la production de lait, les aider à soigner correctement leurs bêtes et accessoirement aussi, essayer de leur apprendre quelques méthodes pour faire de la culture de légumes par exemple qu’ils pourront mettre en place dans les villages quand ils réintègrent par la suite. Donc c’était  vraiment un prisme très différent, pour nous qui sommes des banquiers à la base, de se dire, en fait, chaque activité n’est pas vue par un prisme de rentabilité mais plus par un prisme d’impact social.

Et Eva résume pour nous la structure globale.

Eva : Kossam est une filiale du la Laiterie du Berger. Ca a été créé par la Laiterie du Berger, qui le détenait à 100% jusqu’à l’année dernière, où ils ont fait entrer les coopératives, la coopérative des éleveurs. Au jour d’aujourd’hui, la Laiterie est l’actionnaire principal, à 95%, et la coopérative détient 5% de Kossam.

Alors, pourquoi Kossam a-t-elle fait appel aux Banquiers solidaires ? Mamadou Fall, directeur général de Kossam, a répondu au micro d’Anne-Sophie.

Mamadou Fall : La phase de maturité dans laquelle entre maintenant Kossam exige une bonne maîtrise des processus opérationnels, un suivi financier efficace et un suivi des risques permanent. La qualité de travail et le pragmatisme des solutions proposées par les missions de Banquiers Solidaires dont nous avons déjà bénéficié, nous ont motivé pour sourcer cette nouvelle mission pour nous aider à structurer ces sujets.

J’ai ensuite voulu en savoir plus sur leurs missions à proprement dites : quels en étaient les objectifs, comment s’y étaient-elles prises, et avec quels acteurs de l’entreprise.

Anne-Sophie : on avait 3 chantiers : un chantier qu’on a abordé en commun, Eva et moi, qui était Organisation et Processus, un chantier plutôt Reporting Financier qui a été en lead par Eva et une partie Cartographie des Risques sur lequel j’étais plus en lead de mon côté.

Donc sur la partie Organisation et Processus, on a travaillé sur base d’entretiens avec le Comité de Direction. Donc là, le principe, ça a été de discuter avec eux et de comprendre les processus majeurs de l’entreprise, qu’ils nous expliquent le fonctionnement détaillé de leurs processus, quels pouvaient être les points bloquants ou les risques qu’ils avaient déjà en tête, les axes d’amélioration qui étaient déjà engagés. Voilà, on a déjà discuté un peu de tout ça et puis, sur la base de ces entretiens, après, avec Eva, on a établi des constats, un diagnostic et des recommandations qu’on a partagé ensuite dans le cadre du Comité de Pilotage qu’on avait tous les deux jours. Donc on a vraiment tout construit avec eux, partagé les plans d’action, et validé le reste à faire avec eux. Et puis après, sur la partie Cartographie des Risques, on est reparties quand même pas mal des interviews et aussi des constats du chantier d’Eva sur le Reporting Financier. Donc là c’est plutôt moi qui ai construit une démarche d’approche par les risques pour mettre en place un système de management, en tout cas de maîtrise par identification d’indicateurs opérationnels avancés de Risques, et ça pour le coup, c’est moi qui l’ai construit et c’est moi qui l’ai partagé avec eux par la suite. Donc là, on est plutôt dans une étape où ils doivent s’approprier les outils qui ont été transmis en fin de mission et on reste à disposition pour échanger avec eux et les finaliser.

Cette réponse d’Anne-Sophie a suscité une question chez moi : quels peuvent bien être les types de risques auxquels l’entreprise est confrontée ?

Anne-Sophie : Sans grande surprise, on a un risque opérationnel majeur, qui après se décline sur des sous-thématiques de risques. L’opérationnel est très critique parce qu’il repose sur des hommes-clés, et sur un contexte processus dans une société, dans un pays sujet à des risques climatiques assez élevés, des manques d’eau, des processus qui sont très manuels et en gros, la collecte se fait par des conducteurs de tricycles, en brousse. Un accident de tricycle, ça paraît bête, mais on est vraiment sur du risque de premier niveau. S’il y a un accident de tricycle, la collecte n’arrive pas à la Laiterie, donc les éleveurs ne gagnent pas leur argent, c’est une perte nette pour tout le monde. Ca, ce sont les risques liés aux opérations et puis après, au niveau de Kossam, je pense que tu confirmeras Eva, on a un risque personne-clé, qui est très très fort puisqu’on a pas de back-up sur le Comité de Direction et on a en gros 4/5 personnes qui sont vraiment clés dans l’entreprise. Après, il y a des risques un peu plus détaillés, risque fiscal, risque financier, des choses comme ça, mais c’est un peu moins criant, j’ai envie de dire, que le risque opérationnel et le risque homme-clé. Eva, tu veux parler de ton chantier sur la partie Reporting ? Parce que c’est quand même un gros pilier de la mission ?

Eva : Anne-Sophie a rapidement mentionné le risque fiscal, qui est bien du fait qu’il n’y a pas de transfert-pricing mis en place, qui est un risque assez fort parce qu’il y a beaucoup d’activités qui lient la Laiterie du Berger et Kossam, mais sans prime-transfert entre les deux. Ca créé un risque fiscal important. Et puis, le risque financier qu’a mentionné Anne-Sophie, c’est un risque assez basique puisqu’il ne s’agit pas d’un risque de taux ou d’un risque de change ou d’un risque de liquidité, c’est vraiment un risque de Reporting Financier puisque tout est manuel. C’est lié d’une part du fait de personne-clé. Si la personne-clé n’est pas là pour le reporting, il ne va pas se faire. Et puis, du fait que tout est manuel, ça créé aussi le risque d’erreur assez fort. Et puis on a travaillé aussi sur le reporting financier cible. Le reporting actuel était un peu trop simple et compliqué à la fois : il reprenait les mêmes données d’une page sur l’autre et ce n’était pas forcément le même chiffre d’une page à l’autre. Et on a identifié avec eux le nouveau reporting cible. Et maintenant, basé sur la proposition de présentation que je leur ai fait, j’attends maintenant qu’ils le vérifient, le confirment. Donc la balle est maintenant dans leur camp, on reste disponibles pour travailler avec eux post-mission jusqu’à la fin du mois de juin. Et maintenant on reste disponibles s’ils ont besoin.

Marie Faye est la directrice administrative et financière de Kossam. Elle nous parle de l’apport de la mission Banquiers Solidaires dans son travail quotidien.

Marie Faye : J’attendais que la mission serve à renforcer les capacités d’amélioration de l’administration – je suis directrice administrative et financière de Kossam. Et aujourd’hui, à l’issue de votre mission, j’avoue que ça va beaucoup changer sur notre travail au quotidien. Par exemple, je peux citer, ça va nous permettre de minimiser les risques, de renforcer nos productions par exemple financières telles que le reporting et en même temps de gagner du temps principalement, je pourrai passer des tâches opérationnelles aux tâches plus stratégiques.

Pour conclure, je voulais savoir ce que nos deux banquières avaient retiré de leur mission.

Eva : tu veux commencer Anne-Sophie ?

Anne-Sophie : J’allais te dire, allez, je me lance. Oui, c’était très intéressant, en fait, toute cette dimension sociale, moi, je ne l’avais pas forcément bien prise en compte avant de partir, en fait, je ne l’avais pas bien intégrée. Et du coup, c’est quand même hyper-intéressant et hyper-valorisant de se dire qu’on travaille pour au final aider au développement de villages, à augmenter le niveau de vie d’une population par la rentabilité de la collecte de lait, par la sécurisation des processus et autres. Et puis, être confrontée à du processus opérationnel en brousse, c’était aussi très intéressant, tu me diras ce que tu en penses Eva, mais globalement, avec du recul, je me dis que c’était vraiment drôle de se retrouver, un matin comme ça, à la collecte, à 7h du mat avec le collecteur qui arrive avec son fils sur son tricycle et ses bidons, les éleveurs et les éleveuses qui arrivent avec leurs bidons, leurs seaux de lait pour faire enregistrer la traie du matin. Et puis, le deuxième constat que je ferai aussi, c’est que finalement, je suis partie avec beaucoup de certitude sur ce que j’allais livrer à la fin de cette mission et je n’ai pas du tout livré ce que j’avais en tête parce qu’il a fallu se remettre dans un contexte petite entité, peu de personnes et on a souvent l’habitude de sortir l’artillerie lourde et là, il a fallu faire très opérationnel donc recadrer un peu les livrables en ce qui concerne toute la partie cartographie des risques. Donc c’était ça qui était assez intéressant parce qu’il a fallu reconstruire des outils, repenser les choses sur place, et livrer des choses qui paraissent peut-être un peu faciles de notre point de vue, mais qui je pense vont grandement les aider.

Eva : Moi je trouve que ces missions de banquiers solidaires, c’est vraiment des expériences uniques et je trouve qu’on a beaucoup de chance d’être dans un groupe comme Crédit Agricole où on a l’opportunité de participer à de telles missions. Ca demande vraiment une ouverture d’esprit importante, parce qu’il faut s’adapter à une activité qui n’est pas la nôtre. Ni Anne-Sophie, ni moi sommes ni laitières ni éleveurs de vaches. On est des experts en finances et en risques, mais dans des établissements financiers. Donc il faut vraiment s’adapter à la taille de l’entreprise, à l’activité de l’entreprise et dans un contexte qui n’est pas du tout le nôtre. Pour moi, ça reste un des souvenirs qui est le meilleur, c’est de voir ce paysage de sable, des femmes qui venaient de droite et de gauche, d’une maison, elles venaient parfois d’assez loin en fait, à pied. Et qui venaient déposer ces deux litres de lait dans ces habits colorés, très souvent avec les enfants qui accompagnaient, et ça c’était une belle expérience que je me trouve très chanceuse d’avoir pu expérimenter.

Une mission très satisfaisante donc pour nos deux banquières solidaires. J’espère que ce témoignage aura suscité des vocations parmi nos auditeurs et je vous donne rendez-vous pour le prochain épisode des Banquiers Solidaires … à bientôt !

Ecoutez le podcast ici

La Fondation octroie trois nouveaux financements en Asie du sud et du sud-est

Au cours du premier semestre 2022, la Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé 3 nouveaux financements en Asie. A ce jour, la Fondation gère un portefeuille de 89 millions d’euros dont 30% en Asie du sud et du sud-est.

Au Cambodge, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance Chamroeun pour montant équivalent à 3 millions d’euros. Chamroeun est une institution de microfinance cambodgienne qui met la vocation sociale au cœur de son modèle économique. Elle fournit des services financiers aux plus pauvres, exclus de l’offre des institutions de microfinance plus commerciales. Afin de maximiser l’impact du crédit et venir efficacement en aide aux familles très démunies, outre le volet financier, Chamroeun offre également un ensemble de services de formation et d’accompagnement économique, social et personnel. A ce jour l’institution compte plus de 45 000 clients dont 80% de femmes.

En Indonésie, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance KOMIDA pour un montant en monnaie locale équivalent à 3 millions d’euros. KOMIDA est une institution de microfinance créée en 2004 en tant que fondation. Sa mission est de fournir une assistance financière sous forme de services d’épargne et de prêt, des services non financiers (formation en santé), éducation motivante pour les enfants des membres, gestion financière de la famille et prestation de services de qualité aux membres. L’institution, qui s’est transformée en coopérative d’épargne et de crédit en 2008, s’adresse exclusivement aux femmes. A ce jour, l’institution compte près de 720 000 clientes situées à 97% en zone rurale.

Enfin, en Inde, la Fondation a accordé une garantie d’un montant équivalent à 4,4 millions d’euros à l’institution de microfinance Fusion, pour un prêt en monnaie locale octroyé par CACIB India. Fusion Microfinance est une institution de microfinance de créée en 2009 par Devesh Sachdev. Sa mission est d’être une institution financière autonome qui tire parti du réseau de distribution existant pour canaliser d’autres produits et services. Fusion a une vision sociale et une orientation commerciale visant à fournir aux femmes défavorisées des opportunités économiques pour transformer leur qualité de vie. A ce jour, l’institution compte plus de 2 millions de clients, exclusivement des femmes.

A fin mai 2022, la Fondation comptait 75 partenaires répartis dans 36 pays. 15% de ces partenaires se trouvent en Asie du sud et du sud-est.

Plus d’informations sur les organisations soutenues par la Fondation ici.