Une reprise sous contraintes opérationnelles et financières

ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont associés pour suivre et analyser les effets de la crise liée au Covid-19 auprès de leurs institutions de microfinance partenaires dans le monde. Ce suivi est réalisé périodiquement et le sera tout au long de l’année 2020 afin d’avoir une meilleure vision de l’évolution de la situation. Avec cette analyse régulière et approfondie, nous espérons contribuer, à notre niveau, à la construction de stratégies et de solutions adaptées aux besoins de nos partenaires, ainsi qu’à la diffusion et à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur.(1)

En résumé

Cet article est rédigé à partir des réponses fournies entre le 23 juillet et le 06 août 2020 par 91 partenaires présents dans 42 pays, répartis entre l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine (2). Les retours des institutions de microfinance (IMF) permettent de constater l’évolution continue de la crise sanitaire liée au COVID-19. Alors que les mesures de réouverture des pays et de relance de l’économie se sont multipliées pendant le mois de juillet, l’impact sanitaire de la crise est mentionné de manière plus significative par nos partenaires dont les clients et les employés sont finalement aussi directement touchés.

C’est dans ce contexte à la fois incertain et évolutif que les IMF bravent les défis qui se présentent à elles depuis plus d’un trimestre désormais. Les difficultés opérationnelles étant toujours d’actualité, les institutions restent vigilantes sur leur portefeuille et le risque que celui-ci porte, qui semble s’être globalement stabilisé, même si à un niveau beaucoup plus élevé qu’avant la crise. Néanmoins, certains signaux sont encourageants sur d’autres problématiques. Ainsi, la grande majorité des IMF estiment pouvoir survivre à cette crise et sans subir de grands changements stratégiques. Également, il apparait que la question de la liquidité a été plutôt bien gérée depuis le début de la crise.

La bataille menée contre le virus n’est néanmoins pas encore gagnée, et ses répercussions sont particulièrement fortes sur le secteur informel de l’économie. Il ressort que les clients de l’économie informelle sont plus touchés, notamment car ils ne bénéficient finalement pas des mesures d’aide que les Etats peuvent apporter. Les IMF sont cependant sensibles à ces besoins et une partie de nos partenaires envisagent d’apporter des services particuliers pour aider leurs clients à faire face à la crise.

1. Des contraintes opérationnelles toujours présentes pour les IMF

De manière générale, nos partenaires témoignent de nouveaux progrès en termes d’assouplissement des mesures d’endiguement dans leur pays, après les premières relaxations des mesures dans certaines régions du monde en juin (notamment en Europe de l’Est, en Asie Centrale et en Afrique subsaharienne). La comparaison des réponses de nos partenaires ayant répondu à notre sondage sur juillet et juin (3) (graphique ci-dessous) rend compte de cette amélioration concernant les difficultés opérationnelles. Ces résultats sont par ailleurs à l’image des résultats généraux obtenus pour le mois de juillet.

L’ensemble des IMF indiquent une amélioration quant aux possibilités de déplacement pour leur personnel. Cependant cela demeure une contrainte majeure en Amérique Latine et dans les Caraïbes, alors que moins de 20% des IMF dans les autres zones sont concernées. De plus, si la liberté de déplacement s’améliore largement dans ces régions, la rencontre des clients sur le terrain demeure une problématique toujours importante pour plus de 30% des IMF. Enfin, à l’exception de l’Amérique Latine, la rencontre des clients en agence semble être aujourd’hui la solution la moins problématique.

En fait, si l’on peut noter globalement une amélioration du contact avec les clients, dans toutes les régions, collecter les remboursements des prêts ou en décaisser de nouveaux à des niveaux standards de pré-crise demeure très difficile, avec des difficultés rencontrées pour plus de 50% des IMF sondées dans chaque région (respectivement 70% et 66% au global), certaines difficultés étant liées aux contraintes réglementaires nationales ou locales.

« Bien que d’autres IMF recommencent à opérer, nous attendons toujours d’avoir l’autorisation du gouvernement régional » – Partenaire au Myanmar

D’autant plus que les IMF sont encore en pleine activité de restructuration des prêts des clients au mois de juillet (80% des sondés).

« La communication sur le report des échéances constitue un frein sur le remboursement des crédits » – Partenaire au Sénégal

Et alors que nous notons depuis plusieurs mois la singularité de la zone Amérique Latine dans les réponses récoltées dû à un contexte sanitaire COVID-19 particulièrement difficile, les informations obtenues montrent que la situation n’est pas réglée pour autant dans les autres régions.

Les doutes quant à un potentiel retour à la normale pour les activités des IMF ne sont effectivement pas levés puisque la crise sanitaire reste la problématique centrale de la période actuelle, et qu’elle persiste. L’actualité de juillet a notamment été marquée par la résurgence ponctuelle de nombre de cas dans certains pays. Ce qui se traduit de manière très significative et pour la première fois dans nos enquêtes par une proportion fortement en hausse de partenaires qui sont touchés par la crise sanitaire, aussi bien parmi leur personnel que leurs clients (graphique ci-contre (4)).
Ainsi, au niveau mondial de l’enquête, ce sont 51% de nos partenaires qui déclarent en juillet 2020 que parmi leurs clients, certains ont contracté le COVID-19, et près d’un tiers indiquent que cela concerne également leurs employés. Si nous n’avons pas de données pour connaître respectivement les proportions concernées chez les clients et le personnel, cette tendance est néanmoins significative. Plus précisément, ce sont plus de trois IMF sur 4 en Asie Centrale et Amérique Latine dont des clients ont été atteint du virus (une sur deux en juin). Si l’Amérique Latine est largement concernée à la fois côté client et côté personnel, les chiffres sont également en légère hausse concernant le personnel des IMF d’Europe et Asie Centrale. Les zones Asie du Sud et Afrique Subsaharienne semblent globalement plus en retrait sur ce point mais les chiffres incitent cependant à maintenir une vigilance certaine.

« Plus de 10 clients sont morts à cause du Covid-19 » – Partenaire au Honduras

2. Les IMF continuent de faire face à des problématiques financières majeures

Comme nous le constatons depuis le début de nos enquêtes, l’augmentation du portefeuille à risque et la réduction de l’encours de crédit sont les deux principales conséquences directes de la crise pour une institution de microfinance. Les autres difficultés financières sont en revanche dans des proportions plus faibles et sont stables de juin à juillet (figure ci-dessous (5)). Ce point vaut pour toutes les régions sauf l’Amérique Centrale, où nos partenaires ayant répondu à l’ensemble de nos sondages témoignent des problèmes et une crainte grandissante sur les questions de fonds propres, de manque de liquidité ou d’augmentation des dépenses.

Le détail de l’analyse montre que la contraction de l’encours de crédit est un phénomène hétérogène. Ainsi, au niveau de l’ensemble des répondants, ce sont 39% des IMF d’Asie Centrale qui indiquent souffrir d’une réduction de leur portefeuille, contre 55% en Afrique Sub-saharienne, 71% en Asie du Sud et 88% en Amérique Latine à la même période.

En revanche, il apparait que la hausse du portefeuille à risque est une problématique commune à toutes les IMF, quelque soit leur région ou leur taille, et elle concerne plus de 80% de nos partenaires. Cependant, si le PAR 30 des institutions de microfinance s’est dégradé depuis le début de la crise, il ne subit plus de changements majeurs entre juin et juillet, tout en restant à un niveau bien supérieur à celui d’avant la crise. Comme indiqué dans le graphe ci-dessous, la structure du PAR30 des partenaires de l’échantillon de 54 IMF est assez stable d’un mois à l’autre. Et il s’agit d’une tendance que nous voyons à l’échelle de tous les sondés : une part entre 15 et 20% des IMF constate un PAR30 en baisse ou stable, tandis qu’environ 40% a vu son PAR30 augmenter sans doubler depuis la fin de l’année 2019. Finalement, les cas les plus risqués représentent régulièrement entre 30 et 40% des sondés.

« [Il est difficile] de couvrir les charges de dotations aux provisions pour les mauvaises créances » – Partenaire en République Démocratique du Congo

Cependant, toutes ces difficultés ne devraient pas être fatales pour nos partenaires. Lorsqu’interrogés sur de possibles changements stratégiques suite à la crise, 93% des sondés n’en anticipent aucun à court ou moyen terme. Nos partenaires ne se sentent donc pas concernés par de potentielles ventes d’une partie de leur actifs, mises sous tutelle administrative ou liquidations, signe d’une certaine confiance en l’avenir.

Enfin, les dernières informations de nos partenaires indiquent qu’une crise de liquidité semblerait avoir été évitée, avec 24% des sondés soulignant ce problème (contre près de 40% lors de notre enquête menée en mai). De plus, dans le détail, la proportion d’IMF soulevant ce point dans chaque région ne dépasse pas un tiers.

Les premières explications nous amènent tout d’abord vers les multiples reports d’échéances accordés aux IMF par leurs investisseurs étrangers et locaux mais également aux niveaux réduits de décaissements depuis le début de la crise. Notons également la faible proportion d’IMF ayant subi un mouvement important de retrait de l’épargne depuis le début de la crise, aidant la gestion de la trésorerie. Parmi les IMF qui nous rapportent cette difficulté, la plupart proviennent d’Afrique Subsaharienne et d’Asie et ne témoignent pas de besoins supplémentaires notables par rapport à d’autres IMF. Ces différents facteurs influent sur les besoins en liquidités des IMF. Ainsi, à l’échelle globale, 47% des sondés n’ont pas de besoins additionnels de financement pour 2020. Pour près d’un quart des IMF hors Afrique Subsaharienne, ceux-ci ont même baissé. Finalement, seul un quart des sondés fait état de besoins supplémentaires dans de fortes proportions.

3. A juillet, un secteur informel exposé

Si les institutions de microfinance sont toujours exposées à la crise, leurs clients le sont tout autant. 92% de nos partenaires indiquent en fait que les clients évoluant dans l’économie informelle sont soit modérément touchés par la crise, soit les plus touchés par la crise. Comme tous les autres entrepreneurs et clients des IMF, ils souffrent d’une activité réduite, mais subissent également les conséquences des grandes mesures internationales et nationales de gestion de la pandémie, par exemple dans les secteurs du tourisme, du textile, de la culture… Avec des moyens de secours limités et une activité réduite qui ne peut générer suffisamment de revenus, ceux-ci seraient plus vulnérables. Ce propos est tenu en très forte majorité en Asie Centrale et en Amérique Latine (plus de deux tiers des sondés de ces régions) alors qu’en Afrique Subsaharienne, les retours indiquent que les clients de l’économie informelle sont impactés de la même manière que ceux de l’économie formelle.

« En raison des conditions économiques et de marché actuelles, il est difficile pour les petites entreprises de relancer leurs activités économiques courantes au niveau où elles se trouvaient avant la crise COVID-19 » – Partenaire au Sri Lanka

Les raisons invoquées par nos partenaires sont avant tout d’ordre pécuniaire : la vulnérabilité des travailleurs du secteur informel proviendrait du manque de soutien financier de la part des gouvernements au secteur. Cette explication est avancée par une vaste majorité (78%), qui note également à 57% que les clients de ce milieu n’ont pas accès à des services non-financiers adaptés (développement des entreprises, éducation financière, éducation à la santé…). L’absence de services d’assurance est également soulevé par 50% de ces IMF. En revanche, le manque d’accès aux services d’épargne n’est que très peu cité.

Les IMF réfléchissent déjà à comment répondre au mieux aux besoins de leurs clients. Ainsi, 48% des IMF témoignant d’un secteur informel vulnérable disent prévoir de lancer des programmes d’éducation financière, et 33% imaginent accompagner les clients dans la gestion de leur activité. Néanmoins, seule une faible proportion d’entre eux imagine se lancer dans des produits de micro-assurance (maximum 11%). Les IMF justifient ces ambitions par deux raisons principales : se rapprocher et se concentrer sur les populations moins desservies, renforcer les clients, mais également répondre à une demande d’offres adaptées et nouvelles pendant une période particulière. Pour certaines IMF, cela pourra se traduire par d’autres initiatives, comme le développement du segment agricole (toujours fortement mentionné par les IMF) ou par un développement de solutions digitales pour les clients, pour préparer le monde d’après. Comme nous le dit un partenaire en Amérique Latine :

« Nous planifions les programmes d’éducation financière et de gestion d’entreprise par voie numérique pour initier les clients à l’utilisation des réseaux sociaux pour vendre leurs produits, car le principal problème qu’ils ont eu est que leurs lieux de vente étaient fermés »

Les résultats de cet article mettent en évidence les difficultés opérationnelles et financières rencontrées par les IMF au cours de ce premier semestre, mais aussi leurs premiers pas dans la compréhension des problèmes et la recherche de solutions. Contexte dans lequel l’avenir nous met au défi de continuer à nous interroger sur les actions de relance les plus favorables pour chaque région, comment elles peuvent être mises en oeuvre et comment les différents acteurs directement et indirectement du secteur de la microfinance peuvent contribuer à sa relance. Des questions qui représentent de grands défis mais aussi des éléments importants pour réfléchir aux solutions nécessaires.

 

 

 

 

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1 Les résultats des enquêtes précédentes sont disponibles ici pour la première et ici pour la deuxième.
2 Le nombre total d’IMF ayant répondu à l’enquête pour chaque région est le suivant : Asie du Sud (« Asie ») 14, Amérique Latine et Caraïbes (« LAC ») : 24, Europe et Asie Centrale (« ECA ») : 18, MENA : 6, et Afrique Subsaharienne (« SSA ») 29. Pour un total de 91 institutions. Le faible échantillon de la région MENA ne permet pas de faire le suivi des chiffres de la zone.
3 Cette comparaison porte sur un échantillon de 54 IMF : 12 en Asie, 7 en EAC, 13 en LAC, 22 en SSA.
4 Cette comparaison porte à nouveau sur l’échantillon de 54 IMF.
5 Idem

 

Banquiers solidaires : une nouvelle mission à pourvoir au Sénégal

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A, Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert aux collaborateurs du Groupe en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact. L’objectif de ce programme est double : il permet de valoriser les compétences des collaborateurs du groupe Crédit Agricole et d’apporter un soutien complémentaire aux institutions de microfinance et entreprises à impact partenaires de la Fondation. Grâce à ce dispositif, le groupe Crédit Agricole réaffirme sa volonté de soutenir les initiatives solidaires des collaborateurs.

Les missions Banquiers solidaires, qu’est-ce que c’est ?

Des missions de bénévolat à l’étranger sont proposées aux collaborateurs pour le compte d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact social, partenaires de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Les missions sont réalisées en mécénat ou bénévolat de compétences. Le billet d’avion et l’assurance sont pris en charge par Crédit Agricole S.A. Les éventuels frais de transports internes, les dépenses de restauration et d’hébergement sont payés par l’organisation bénéficiaire. La Fondation Grameen Crédit Agricole assurera la préparation et la coordination de la mission.

Depuis le lancement du programme en 2018, quatorze missions ont été réalisées tant en mécénat que bénévolat de compétences.

Une mission à pourvoir !

Une mission de dix jours sur le terrain en matière de support RH est à pourvoir en faveur d’Oshun au Sénégal pour le dernier trimestre 2020.

Oshun Sénégal a été créé en mars 2018, peu de temps après sa maison-mère Oshun en France. Oshun propose des solutions inclusives permettant aux populations les plus sensibles un accès à l’eau tout en favorisant la mise en place d’un écosystème local communautaire et vertueux. L’entreprise se distingue par ses innovations en termes de développement rural, de connectivité et de traitement de l’eau.

Oshun Sénégal est passé de 1 à 20 employé en à peine plus de 2 ans (Juin 2018 –Août 2020). Oshun Sénégal achève un processus de structuration avec notamment le recrutement fin août d’un Responsable Administratif et Financier (RAF) dont la mission sera de piloter l’ensemble des fonctions support d’Oshun Sénégal (comptabilité, finance, RH, logistique, achats) et de permettre à l’entreprise de gagner en autonomie administrative vis-à-vis de la maison mère.

Objectifs de la mission :

  • Organisation et formation de l’équipe
  • Définition et maitrise de règles et procédures RH
  • Mise en place d’outils de suivi

Comment y postuler ?

  • Cliquez sur le lien ci-contre « Trouver sa mission »
  • Rentrez dans la barre de recherche : « Fondation Grameen ». Toutes les missions Banquiers solidaires apparaîtront !
  • Cliquez sur l’offre de votre choix, vous y trouverez toutes les informations nécessaires à votre candidature.

Contact

Carolina HERRERA
Directrice Communication & Partenariats
carolina.herrera@credit-agricole-sa.fr

La Fondation finance pour la première fois Thitsar Ooyin en Birmanie

La Fondation Grameen Crédit Agricole vient d’accorder un premier prêt en monnaie locale équivalent à 1,3 millions d’euros à Thitsar Ooyin, afin de permettre à cette institution de poursuivre son action notamment auprès des populations rurales de la Birmanie.

Thitsar Ooyin est une institution de microfinance, basée à Hakha, dans l’État du Chin, une zone de montagne escarpée et isolée dans le Nord-Ouest de la Birmanie. Cette institution est active dans certaines des régions les plus difficiles d’accès du pays. Elle fournit des microcrédits aux communautés les plus pauvres et défavorisées des zones rurales, et plus particulièrement aux femmes. Sa méthodologie lui a permis de constituer une base de clientèle solide malgré des conditions difficiles, créant ainsi un impact significatif sur les moyens de subsistance des populations rurales.

Thitsar Ooyin propose à la fois des prêts de groupes et individuels, essentiellement aux femmes. A ce jour, l’institution dispose d’un portefeuille de prêts de 7,3 millions d’euros et compte plus de 30 000 clients, dont 79% de femmes et 92 % en zone rurale. Elle emploie actuellement plus de 100 personnes au sein d’un réseau de douze agences situées dans l’État du Chin et la région de Sagaing.

Avec ce prêt, la Fondation compte aujourd’hui trois partenaires en Birmanie.

Pour plus d’informations sur les organisations soutenues par la Fondation, cliquez ici.

La Fondation accorde un nouveau prêt à Caurie au Sénégal

© Philippe Lissac

En juillet, la Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance Caurie, au Sénégal, pour un montant en monnaie locale équivalent à 1,2 millions d’euros. Ce nouveau prêt consolide encore plus un partenariat débuté en 2009 entre la Fondation et Caurie.

La Coopérative Autonome pour le Renforcement des Initiatives Economiques par la MicroFinance (CAURIE-MF) a été créée en 2005 par Relief Services (CRS) et CARITAS Sénégal. CAURIE-MF intervient à plus 60% en milieu rural et dans 13 régions administratives du Sénégal. A ce jour l’institution compte plus de 80 000 clients dont 97% de femmes et 61% de clients en zone rurale.

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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans 40 pays.

Faten, partenaire de la Fondation en Palestine, obtient la Smart Certification

 

En juin 2020, la Smart Campaign a reconnu l’action de FATEN, partenaire de la Fondation Grameen Crédit Agricole en matière de protection des clients en lui accordant la Smart Certification. La Smart Campaign est une initiative mondiale qui vise à intégrer des principes de protection des clients dans le secteur de l’inclusion financière. Le programme de certification de protection des clients de la Smart Campaign reconnaît publiquement les institutions qui fournissent des services financiers aux ménages à faible revenu et dont les normes de traitement respectent les sept principes de protection des clients de la Smart Campaign. Ces principes couvrent des domaines aussi importants que les prix, la transparence, un traitement juste et respectueux et la prévention du surendettement.

Le programme de certification comporte un ensemble de normes rigoureuses en fonction desquelles les institutions sont évaluées par des évaluateurs tiers indépendants, agréés par la Smart Campaign. Les évaluateurs sont des agences de notation spécialisées disposant d’une vaste expérience et ayant analysé des centaines d’institutions à ce jour.

En 2019, la Smart Campaing avait déjà reconnu publiquement l’action de trois autres institutions de microfinance, partenaires de la Fondation, en matière de protection des clients en leur accordant la Certification: Musoni (Kenya), Chamroeun (Cambodge) et Salym Finance (Kirghizstan). Ces institutions ont ainsi rejoint les près de 120 autres organisations spécialisées dans l’inclusion financière, dans plus de 40 pays, certifiées depuis le lancement du programme en janvier 2013.

Pour plus d’informations sur les partenaires de la Fondation, cliquez ici. 

La Fondation Grameen Crédit Agricole investit à nouveau en Moldavie

© Philippe Lissac

La Fondation Grameen Crédit Agricole poursuit ses investissements en Moldavie avec l’octroi d’un prêt à l’institution de microfinance Microinvest. Ce prêt, en monnaie locale équivalant à 2 millions d’euros, est le premier accordé à cette institution qui octroie des microcrédits et un accompagnement à la création d’entreprise aux petits entrepreneurs dans de nombreuses régions de la République de Moldavie.

Un grand nombre des bénéficiaires des prêts de Microinvest sont des entrepreneurs résidant en milieu rural, dans ce pays enclavé entre l’Ukraine et la Roumanie. Il s’agit de l’une des principales institutions de microfinance de Moldavie dont le siège social est situé à Chisinau. A ce jour, Microinvest compte plus de 35 000 clients, dont 47% de femmes et 66% de clients situés en zone rurale.

Avec cet investissement, la Fondation consolide sa présence dans la région d’Europe de l’Est et d’Asie Centrale où elle compte déjà 19 partenaires répartis dans 10 pays. Cette région représente ainsi 26% du portefeuille suivi par la Fondation.

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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans 40 pays.

Carnet de voyage d’une Banquière solidaire au Kenya

Par Eva Hoglund, Directrice financière chez EFL (Pologne)

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Découvrez la tribune de Eva Höglund, Banquière solidaire de Crédit Agricole qui est partie en 2019 au Kenya accompagner Musoni, institution de microfinance financée par la Fondation.

Début de l’aventure

Quand j’ai découvert la mission Banquiers solidaires en faveur de l’institution de microfinance Musoni au Kenya, cela a tout de suite été une évidence pour moi : cette mission était faite pour moi. L’objectif de la mission était d’accompagner Musoni dans la mise en place d’un système de planification et suivi stratégique. Non seulement il s’agissait d’une très belle mission de solidarité et de partage, dans un pays que je ne connaissais pas, mais j’avais également l’impression que les qualités recherchées et l’expérience souhaitée étaient une description de mon propre parcours professionnel. Aussitôt, j’ai récolté le maximum d’informations sur Musoni et sur la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Rapidement après avoir postulé, j’ai eu la confirmation que ma candidature avait été retenue et j’ai toute de suite commencé à préparer ma mission. L’équipe de la Fondation Grameen Crédit Agricole a été d’un vrai soutien durant cette première phase : nous avons établi ensemble les objectifs et l’agenda de la mission. S’en est suivi une lecture des documents de présentation de Musoni et de son plan stratégique.

Durant l’été précédant la mission, j’ai également eu de nombreux échanges et conférences téléphoniques avec Musoni afin que l’on s’assure un bon partage des objectifs et une vision commune sur la méthode de travail à suivre. De mon point de vue, une très bonne préparation est essentielle et cette phase a été la clé du succès de ma mission.

Direction le Kenya

Le 26 octobre 2019, départ pour le Kenya pour 15 jours de mission sur le terrain. Je partais pour une mission en ligne avec mes compétences et connaissances du secteur de la microfinance, mais dans une structure et un contexte culturel différents de mon quotidien. Ce ne fut donc pas sans un peu d’appréhension que j’atterrissais à Nairobi. L’accueil de David Camara, conseillé en investissement à la Fondation, précédemment rencontré à Montrouge, a été rassurant.

Dès le lundi matin nous avons débuté par la réunion de lancement de mission terrain avec la participation de tous les employés de Musoni qui allaient contribuer à établir le dispositif de planification et suivi stratégique. La présence de Stanley Munyao, Directeur général de Musoni et de David, représentant la Fondation, a été importante pour souligner l’importance du projet. Musoni s’est donné tous les moyens pour réussir en missionnant Amina Jaberney, une consultante qui allait m’accompagner pendant mon séjour sur le terrain afin d’ assurer l’implémentation opérationnelle une fois ma mission terminée.

Durant la première semaine Amina et moi avons conduit des interviews avec la Direction de Musoni, ainsi qu’avec des employés d’agences. Nous avons compilé les points clés à retenir et les avons traduits en vecteurs cohérents avec la mission et la vision de Musoni. La deuxième semaine consistait à valider et s’assurer de l’adhérence de Musoni au système de gestion stratégique proposé. Afin d’être certains que la mission se déroulait conformément aux attentes, nous tenions, tous les deux jours, des Comités de pilotage avec le Directeur général. Lors de mon dernier jour sur le terrain, nous avons pu présenter un jeu complet du dispositif validé par la Direction de Musoni.

De retour à Paris

Une fois ma mission achevée, Amina a pris le relai avec Judy Ndungu, Directrice des Ressources Humaines de Musoni. La réunion d’implémentation finale, réunissant tous les employés, s’est tenue le 13 juillet 2020. L’évaluation de performance du 1er semestre sera exécutée sur la base de notre travail. Quelle satisfaction !

Je suis très heureuse d’avoir saisi cette opportunité offerte par le Crédit Agricole et la Fondation Grameen Crédit Agricole. Cette mission restera une expérience inoubliable. Elle m’a permis de vivre de l’intérieur le fonctionnement d’une entreprise de microfinance sur un marché en pleine évolution. J’ai fait de très belles rencontres et je suis fière du résultat que nous avons pu obtenir, ensemble, en si peu de temps.

Lettre #36 à télécharger ici

La Fondation publie La Lettre N.36

La Fondation Grameen Credit Agricole publie sa Lettre N.36. Cette fin de mois de juillet marque le 5e mois de crise sanitaire et économique mondiale. Tous les pays ont été touchés mais pour autant, à l’instar de l’impact des phénomènes climatiques extrêmes, la crise sanitaire est profondément inégalitaire dans la mesure où elle affecte plus lourdement les populations les plus fragiles.

Dès la fin du mois de février dernier, les équipes de la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont mobilisées autour de plusieurs actions majeures. D’abord et avant tout, nous avons établi un dialogue rapide et permanent avec les organisations soutenues pour pouvoir comprendre les effets de la crise, les mesures prises et leurs besoins en conséquence. Ensuite, nous avons adapté nos outils de suivi et d’analyse et nos demandes d’information s’agissant notamment des plans de continuation d’activité et des plans de trésorerie à court terme. En parallèle, nous avons animé une coordination internationale de prêteurs et d’acteurs de la finance inclusive pour agir ensemble, en concertation, afin de prévenir tout choc de liquidité qui aurait déstabilisé le secteur. Enfin, nous avons régulièrement publié des articles sur l’Observatoire Covid-19 et sur les réseaux sociaux afin de partager nos analyses et d’informer les parties prenantes.

Cinq mois après le début de la crise, nous avons le sentiment que cette première vague a été bien gérée par les institutions de microfinance qui ont toutes fait preuve d’un grand professionnalisme. Nous tenons également à souligner l’accompagnement et l’écoute remarquable de nos propres financeurs : l’Agence Française de Développement, Proparco, la Banque européenne d’investissement, le Crédit Agricole et ses entités Crédit Agricole CIB et Amundi. La résilience du secteur, remarquable, a été sans aucun doute renforcée grâce à ces actions concertées et convergentes entre bailleurs de fonds et institutions de microfinance intervenant sur tous les terrains du globe.

Dans cette édition de la Lettre, vous découvrirez, entre autres, les détails de la Coalition internationale coordonnée par la Fondation face à la crise du Covid-19 et deux projets que nous avons lancés pendant cette période complexe : le nouveau site internet et le 1er Rapport d’impact de la Fondation.

Nous continuons à suivre les effets de la crise sanitaire avec la plus grande attention et notre mobilisation, sur laquelle vous savez pouvoir compter, est de tous les instants.

Téléchargez la Lettre N.36 ici.

L’entreprise à capital coopératif, un modèle pour le « monde d’après »

Par Éric Campos, DG, Fondation Grameen Crédit Agricole & Bagoré Bathily, PDG, Laiterie du Berger

Le choc planétaire de 2020 montre l’absolue nécessité de repenser notre système économique. Les urgences sanitaires et climatiques ne laissent plus le choix. Sans changement structurant, les risques de tensions sociales, politiques ou environnementales deviendront chaque jour plus importants.

Nous soumettons au débat collectif l’idée d’un modèle d’entreprise socialement différent : l’entreprise à capital coopératif, une entreprise dont la rémunération du capital se partage entre l’actionnariat et le salariat grâce à un montage permettant aux salariés de percevoir directement une partie des dividendes, en cas de distribution. La détention du capital est un facteur d’exclusion des populations, notamment vis-à-vis des jeunes générations, force de travail. Si l’on souhaite construire un avenir durable et harmonieux, il est crucial de résoudre la question d’une redistribution équitable de la valeur créée par la croissance et donc par l’entreprise.

Aujourd’hui, l’actionnariat possède la propriété du capital, le salariat en fournit l’exploitation. Leurs destins sont intimement corrélés, pourtant aucun lien direct n’existe vraiment entre eux. Nous pensons possible de les réunir en instaurant une convergence de leurs intérêts, grâce à des règles nouvelles où les salariés deviennent usufruitiers d’une partie du capital de l’entreprise. Les actionnaires apportent les fonds, les travailleurs délivrent la valeur ajoutée. Et finalement, chacun mérite sa part.

L’idée est là, elle peut paraître iconoclaste mais elle est au fond réaliste : celle d’une entreprise dont les dividendes sont désormais partagés entre actionnaires et salariés de manière fondamentale par l’attribution aux salariés d’une part d’usage du capital.

C’est ce que nous appelons l’entreprise à capital coopératif. Pour le devenir, l’entreprise intègre dans ses statuts une disposition particulière qui permet aux salariés de percevoir une part sur les bénéfices en cas de déclenchement de dividendes. Elle leur accorde ainsi une place d’actionnaire usufruitier. Quant à eux, les actionnaires restent porteurs des capitaux et sont propriétaires des titres, à la différence près qu’ils décident de se placer en nu-propriétaires pour une partie spécifique du capital dont ils cèdent la valeur de rendement au collectif salarial. Pour ce faire, ils acceptent une diminution de la valeur nominale de leur part – par exemple par l’effet d’une augmentation de capital en émission de titres – et en cèdent la différence à ceux qui « fabriquent la croissance », les salariés. Idéaliste ? Étonnant ? Bizarre ? Non, loin de là.

Certes, l’actionnaire-investisseur doit supporter un « coût ». Il lui est demandé de payer une sorte de « ticket d’accès » au capital productif. Mais cela n’a rien de confiscatoire. Sans perte de propriété, il fait le choix d’investir dans une autre forme de valeur : l’humain. Son pari est que, portée par une cohésion renforcée, l’entreprise pourra mieux croître et mieux se valoriser à terme. C’est un raisonnement entrepreneurial de réconciliation dynamique.

Un tel système présente bien des avantages. Pour les salariés, il y a là de toute évidence l’accès direct à un nouveau canal de valeur redistribuée dans un esprit de coopération socialement juste. C’est essentiel dans un contexte mondial où l’écart entre les plus riches et les classes moyennes n’a cessé de s’aggraver ces dernières décennies.

Pour les actionnaires, il y a là un rôle innovant à préempter, celui de rendre possible l’inclusion de la valeur travail dans la création de richesse capitalistique, procurant ainsi à l’investissement une dimension entrepreneuriale et sociétale par-delà sa finalité financière. Il est démontré que des investissements pilotés en termes environnementaux, sociétaux et de gouvernance (critères ESG) ont un potentiel de performance. Et surtout un avenir.

Pour les entreprises enfin, et notamment celles dont le projet s’inscrit en mission de responsabilité sociétale, il y a là un vecteur de résilience. Elles se mettent en position de ne plus considérer l’emploi comme une variable d’ajustement mais l’instituent comme un gène légitime et structurant. En acceptant de placer au même rang l’actionnaire et le salarié, c’est un nouvel équilibre, un dialogue prometteur qui va s’instaurer. C’est, en quelque sorte, la Cité qui entre dans l’Entreprise.

L’économie coopérative représente depuis longtemps une réponse aux excès des époques qu’elle traverse. Sa longévité s’explique par ses capacités d’adaptation et d’hybridation. Elle a développé de nombreuses branches. Notre proposition en est une traduction actuelle, un pas de côté, un bourgeon sur l’arbre.

L’entreprise à capital coopératif va bien au-delà des mécanismes d’intéressement et de participations salariales qui consistent à verser une prime liée à la performance de l’entreprise ou représentant une quote-part de ses bénéfices. Le capitalisme coopératif agit sur la pierre angulaire de l’entreprise, son capital, par une co-responsabilisation des parties prenantes. Le collectif salarial accède au rang de l’actionnaire qui lui, sans perdre ses prérogatives, inscrit sa gouvernance dans une démarche d’ouverture et de convergence d’intérêts. La transparence, en matière d’impact social et environnemental constitue un impératif pour l’entreprise à capital coopératif : la mesure et le contrôle des performances dites extra-financières ainsi que leur publication en seront l’instrument.

Dans les entreprises sociales ou les entreprises à mission dans lesquelles nous intervenons en tant que dirigeants ou administrateurs, nous observons à quel point le souci de l’inclusion économique pousse l’entreprise à conjuguer ses intérêts et ceux de son écosystème. Cela se vérifie dans de nombreux endroits de la planète où nous sommes engagés, notamment en Afrique subsaharienne au contact d’éleveurs et de filières agroalimentaires. L’inclusion économique est sans conteste une voie à poursuivre pour redonner aux sociétés humaines les chemins éclairés, l’espoir dont elles ont besoin. Il n’y a pas d’utopie à concevoir cela, mais la conviction libérale et citoyenne que le monde ne peut se construire autrement que les uns avec et pour les autres.

Tribune complète ici

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Éric Campos est Délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole, fondation spécialisée dans la microfinance et l’entrepreneuriat social, et Directeur de la RSE de Crédit Agricole SA. Bagoré Bathily est Président-Directeur général fondateur de la Laiterie du Berger, entreprise sociale de valorisation de la filière lait, au Sénégal.
(Co-rédaction : Julien Foulc)

La crise Covid-19 : des impacts variés selon la taille des institutions de microfinance


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ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont associés pour suivre et analyser les effets de la crise liée au Covid-19 chez leurs institutions de microfinance partenaires dans le monde. Ce suivi est réalisé périodiquement et le sera tout au long de l’année 2020 afin d’avoir une meilleure vision de l’évolution de la situation. Avec cette analyse régulière et approfondie, nous espérons contribuer, à notre niveau, à la construction de stratégies et de solutions adaptées aux besoins de nos partenaires, ainsi qu’à la diffusion et à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur.

Les résultats présentés dans cet article sont issus d’une deuxième vague d’enquête (1) commune à ADA et la Fondation Grameen Crédit Agricole, Inpulse ayant choisi de se joindre à l’initiative une fois sur deux. Les réponses ont été collectées entre le 18 juin et le 1er juillet auprès de 108 institutions de microfinance (IMF) principalement issues des régions Amérique latine et Caraïbes (LAC-46%), Afrique subsaharienne (SSA-29%), Asie (14%) et Europe de l’est et Asie centrale (EAC-10%), une seule IMF de la région Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA) étant représentée. Ce panel d’IMF répondantes est relativement diversifié en termes de taille, avec 49% d’IMF Tier 2 (2), 35% d’IMF Tier 3 et 16% d’IMF Tier 1, réparties par région comme représenté dans la Figure 1.

Figure 1. Répartition des IMF répondantes par région et par Tier

MENA Tier 2

En résumé :

Cette nouvelle vague d’enquête montre que la crise à laquelle sont actuellement confrontées les IMF révèle leurs forces et faiblesses structurelles spécifiques à leur taille : les plus grandes IMF (les Tier 1) apparaissent mieux armées pour résister aux difficultés financières provoquées par la crise sanitaire et les mesures d’endiguement de l’épidémie, pour prendre des mesures de gestion de crise et pour avoir recours aux mesures spécifiques mises en place par leurs autorités locales. En revanche, les IMF de taille plus modeste (Tier 2 & 3) sont plus à même d’offrir par elles-mêmes des services autres que financiers à leurs clients pour les aider à faire face à la situation, et sont désireuses de développer encore davantage les services non financiers à l’avenir. Plus généralement, si elles envisagent de lancer de nouveaux produits ou services, c’est avant tout pour répondre aux besoins de leurs clients plus que pour rester conformes à leur stratégie ou réduire les risques. Ainsi, si les plus grandes IMF semblent plus résilientes en temps de crise, les plus petites ne sont pas en reste et demeurent fidèles à leur forte mission sociale. C’est aussi une véritable force pour ces institutions, qu’il ne faudra pas oublier au profit de structures plus autonomes en cette période de crise.

Les plus grandes IMF sont moins sujettes aux difficultés financières…

Depuis le mois de juin, les mesures d’endiguement de l’épidémie s’assouplissent dans certaines régions, notamment en Europe de l’est, Asie centrale et en Afrique subsaharienne. Par conséquent, les difficultés opérationnelles auxquelles font face les institutions de microfinance diminuent dans ces régions par rapport à mai (3), alors qu’elles continuent de se faire sentir dans la région d’Amérique latine et Caraïbes où les mesures d’endiguement sont toujours en place, et où une proportion plus importante d’IMF a donc toujours des difficultés pour se déplacer, rencontrer les clients dans les agences, et donc à débourser les prêts et collecter les remboursements, comme représenté dans la Figure 2. Par exemple, 76% des IMF de la région Amérique latine et Caraïbes déclarent que leur personnel rencontre des difficultés pour se déplacer, contre 23% des IMF d’Afrique subsaharienne.

Figure 2. Difficultés opérationnelles rencontrées par les IMF par région

Comme expliqué dans notre précédent article, ces difficultés opérationnelles se répercutent sur le portefeuille et sa qualité pour toutes les IMF. Néanmoins, les difficultés financières qu’elles impliquent ne se font pas ressentir de la même manière en fonction de la taille des IMF. En effet, les plus grandes IMF apparaissent globalement moins confrontées à ce type de problématique, avec des proportions moins importantes d’IMF Tier 1 qui déclarent avoir des difficultés à rembourser leurs financeurs (12% contre 22,5% des IMF Tier 2 et 3), avoir des fonds propres insuffisants pour faire face à crise (6% contre 29% des IMF Tier 2 et 3) ou faire face à un manque de liquidités (12% contre 29% en moyenne pour les IMF Tier 2 et 3), comme représenté dans la Figure 3. Les IMF Tier 1 semblent ainsi mieux armées que les autres pour résister aux conséquences de la crise sur leur situation financière.

Figure 3. Difficultés financières rencontrées par les IMF selon leur taille

Si l’augmentation du portefeuille à risque reste la première difficulté rencontrée pour toutes les IMF, cette augmentation se matérialise différemment en fonction de leur taille. Ainsi, elle semble moins forte pour les IMF Tier 1 que pour les autres, comme représenté dans la figure 4 : seules 12% des IMF Tier 1 déclarent que leur portefeuille à risque à 30 jours a doublé ou plus que doublé par rapport à fin 2019, contre 44% des IMF Tier 2 et 57% des IMF Tier 3. A l’inverse, 35% des IMF Tier 1 déclarent que cet indicateur est resté stable ou a diminué, contre 17% des IMF Tier 2 et 8% des IMF Tier 3.

Figure 4. Evolution du PAR30 des IMF par rapport à fin 2019 selon leur taille

… et plus à même de mettre en place des solutions de gestion de crise…

Dans la plupart des pays, des mesures gouvernementales ont été mises en place afin de permettre aux institutions de microfinance de mieux faire face à la crise. Néanmoins, toutes les IMF ne déclarent pas en bénéficier. Si le recours à ces mesures varie en fonction de la région, très probablement en raison d’une communication et d’une mise en place variables selon les pays (les IMF de la région Asie sont par exemple relativement plus nombreuses à déclarer bénéficier d’un certain nombre de mesures), la localisation géographique ne semble pas être le seul facteur déterminant du bénéfice de certaines mesures gouvernementales : les IMF de plus grande taille sont aussi plus susceptibles d’en bénéficier, comme représenté dans la figure 5.

Figure 5. Mesures gouvernementales dont les IMF déclarent bénéficier, selon leur taille

Cet effet « taille » est réel dans la mesure où il ne s’explique pas par une répartition spécifique des IMF par région. Par exemple, concernant le report ou l’annulation de paiement de taxes et la non-provision des prêts affectés par le Covid-19, l’analyse par région montre que les IMF d’Asie sont relativement plus nombreuses à déclarer en bénéficier alors que les IMF Tier 1 sont minoritaires dans la région. De la même manière, concernant la fourniture de lignes de liquidités, les IMF d’Afrique subsaharienne sont parmi les plus nombreuses à déclarer en bénéficier alors que les IMF Tier 1 y sont très peu représentées.

En ce qui concerne les mesures opérationnelles et de gestion de crise mises en place, là encore le type de mesure prise varie en fonction de la taille des IMF (Figure 6) : 100% des IMF Tier 1 de l’échantillon déclarent par exemple restructurer les prêts des clients, contre 69% en moyenne des autres IMF. Elles sont aussi relativement plus nombreuses à discuter avec l’autorité de contrôle pour éventuellement déroger aux règles prudentielles pendant la crise. A l’inverse, les IMF Tier 3 sont moins susceptibles d’avoir actualisé leur plan de liquidité ou d’avoir mis en place de nouvelles solutions digitales.

Figure 6. Mesures opérationnelles et de gestion de crise prises par les IMF selon leur taille

…mais les petites IMF restent à l’écoute des besoins de leurs clients

En revanche, malgré les difficultés qui se posent à elles, les IMF de plus petite taille restent à l’écoute des besoins de leurs clients : elles sont par exemple aussi nombreuses que les IMF Tier 1 à avoir lancé des enquêtes auprès des clients pour mieux comprendre l’impact de la crise (Figure 7). D’autre part, si elles ont été moins à même de décaisser des prêts d’urgence à leurs clients, elles ont en revanche davantage mis en place de mesures allant au-delà de leur activité principale pour mieux répondre aux besoins de leurs clients face à la crise sanitaire. Elles sont par exemple relativement plus nombreuses à avoir lancé des campagnes de sensibilisation sur les questions d’hygiène ou avoir mis à disposition des kits d’urgence pour les clients. Les IMF de grande taille semblent avoir été moins enclines à instaurer elles-mêmes ce type de services directs aux clients et se sont davantage reposées sur des partenariats avec des structures spécialisées.

Figure 7. Mesures de réponse à la crise pour les clients selon la taille des IMF

Les IMF Tier 1 sont globalement plus nombreuses à déclarer envisager lancer de nouveaux produits ou services à moyen terme ; avec des contraintes financières plus réduites comme montré précédemment, ces IMF ont probablement plus de marge de manœuvre pour travailler dans ce sens (Figure 8). En particulier, si globalement peu d’IMF envisagent de lancer des produits de micro-assurance à l’avenir, ce sont les IMF Tier 1 qui sont les plus susceptibles de le faire. Elles sont également plus nombreuses à souhaiter cibler davantage l’agriculture ou lancer de nouveaux produits et services digitaux. En revanche, les IMF de plus petite taille envisagent tout autant mettre en place des services non-financiers, qu’il s’agisse d’éducation financière ou de « Business Development Services ».

Figure 8. Nouveaux produits, services ou marchés vers lesquels les IMF envisagent de s’orienter à moyen terme, selon leur taille

Des variations entre IMF de différentes tailles ressortent à nouveau lorsque l’on s’intéresse aux motivations des IMF à s’orienter vers de nouveaux marchés ou développer de nouveaux produits ou services (Figure 9). Ainsi, parmi celles qui ont déclaré vouloir lancer au moins un nouveau produit ou service et précisé leurs motivations (76 IMF parmi les 108 répondantes à l’enquête), la volonté de répondre aux nouveaux besoins des clients et/ou de suivre les nouvelles tendances du marché est citée relativement plus souvent par les IMF Tier 3 que par les autres ; à l’inverse, elles sont moins à nombreuses à justifier ce choix par le fait que cela soit conforme à leur plan stratégique ou par la volonté de réduire les risques. L’attention portée par les IMF de plus petite taille aux besoins de leurs clients sera probablement l’une de leurs forces en cette période de crise.

Figure 9. Principales motivations des IMF pour s’orienter vers de nouveaux marchés, produits ou services, selon leur taille

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(1) Les résultats de la première vague d’enquête auprès des partenaires de ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Agricole sont accessibles ici : https://www.findevgateway.org/paper/2020/06/beyond-difficulties-posed-covid-19-crisis-new-opportunities-are-emerging-microfinance
(2) Les Tiers sont définis en fonction de la valeur des actifs totaux, avec une valeur des actifs totaux supérieure à 50 millions USD pour les IMF Tier 1, comprise entre 5 et 50 millions USD pour les Tier 2, et inférieure à 5 millions USD pour les Tier 3.
(3) Voir les résultats de la première vague d’enquête accessibles via le lien cité ci-dessus.